Votre publicité ici avec IMPACT_medias

La justice dans les hôpitaux

Un patient interné à Prangins fait l'objet de poursuites pénales.

28 juin 2012, 00:01
data_art_6170186.jpg

suter@lacote.ch

Depuis 2004, le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) poursuit les patients qui font acte de violence envers le personnel hospitalier.

Me Odile Pelet a participé à la mise en place de la procédure gérée par la direction de l'hôpital. Elle nuance cependant cette information. " Il faut bien entendu que la personne poursuivie soit en possession au moins partiellement de ses moyens et que la mesure ait un effet cadrant sur sa thérapie". C'est la direction de la sécurité du CHUV qui gère ces dossiers délicats sur les douze départements cliniques, médico-techniques et académiques (dont l'Hôpital de Prangins) et un EMS psychogériatrique dont il a la charge.

 

Des violences qui vont en augmentant

 

Depuis 2004, les violences contre le personnel hospitalier n'ont cessé d'augmenter. De 130 cas en 2006, on est passé à 270 en 2010 pour arriver à 360 cas en 2011. Le CHUV, dans son ensemble, accueille quelque 44 000 patients par année. La violence envers le personnel va croissant, mais celui-ci refuse de déposer plainte lorsqu'il en est victime, par éthique. Aussi, la direction du CHUV a décidé de systématiser les dépôts de plainte. Ceux-ci suivent une voie hiérarchique qui passe non seulement par le chef du service où les faits ont eu lieu, mais aussi par le médecin traitant du prévenu, voire par un expert psychiatre, en charge de déterminer si la personne incriminée est responsable de ses actes ou pas. " En psychogériatrie, la violence est pratiquement quotidienne. Mais jamais aucune plainte n'a été déposée, car il s'agit là clairement de patients n'ayant pas leur plein discernement ", relève l'avocate.

Hier matin, c'est donc un patient de l'Hôpital de Prangins qui a vécu une désagréable comparution devant une Cour correctionnelle. Le Ministère public, représenté par Denis Mathey, a requis 300 jours-amende à 30 francs par jour, sans sursis. Me Odile Pelet, représentant le CHUV, a demandé 500 francs au titre de dédommagement. Cette somme sera cependant versée en plusieurs acomptes, vu la situation financière du prévenu. " Le CHUV n'est pas là pour enfoncer davantage les patients. Mais il faut que le message soit clair: il n'est pas question de laisser faire tout et n'importe quoi dans un hôpital!

 

Insultes, menaces, et vols de médicaments

 

Les faits reprochés à cet homme de 31 ans remontent à Pâques 2010. Le jeune homme s'était montré très agressif et menaçant lors d'un entretien avec le corps médical. Il avait quitté la pièce où l'entretien se déroulait pour se rendre dans sa chambre où il avait cassé les verres à dent, déchiré la literie, causé des dommages au mobilier. Une heure après cet événement, le personnel soignant s'était rendu près de lui pour lui proposer un traitement qu'il avait refusé. Le personnel lui avait rappelé les règles à respecter, sans succès. Il avait alors insulté une infirmière, la traitant de " pute et de salope ", avant de lui mettre sa ceinture autour du cou et de la serrer en lui disant qu'il allait " lui péter les dents pour les manger ensuite ". Il a encore tenu des propos de nature sexuelle avant de relâcher sa victime. Le personnel de l'entier du service avait été alerté selon une procédure interne pour mettre fin à cette altercation. Peu de temps après cet épisode, il avait menacé la même infirmière afin d'obtenir d'elle des médicaments qui ne lui étaient plus prescrits.

La direction générale du CHUV dès la connaissance des faits et après avoir étudié le cas de ce patient avec un psychiatre, avait conclu à une responsabilité partielle et déposé plainte trois mois plus tard.

Aujourd'hui, le jeune homme qui a déjà été condamné pour d'autres faits de violence contre autorités, prétend ne se souvenir de rien. Il regrette ce qu'il a fait et tient à en assumer les conséquences. Il suit désormais son traitement régulièrement pour des troubles schizo-affectif et prend régulièrement ses médicaments. Il a renoncé à toute consommation de cannabis et ne boit de l'alcool que très occasionnellement et à petite dose. La justice, en le condamnant, cherche à le contraindre à se soigner. Faute de quoi, s'il devait y avoir récidive, elle pourrait se montrer moins clémente. Jugement la semaine prochaine.

Votre publicité ici avec IMPACT_medias