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Le prix à payer pour l'environnement

Le Réseau écologique de la Serine réunit 39 exploitants qui jonglent entre production et respect de la nature.

20 sept. 2012, 00:01
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jlaurent@lacote.ch

Ils sont aux champs, non pas pour travailler la terre, mais pour assister à une journée de formation sur l'entretien des haies. Un ingénieur forestier, un garde-forestier et une ingénieure agronome sont les professeurs d'un petit groupe d'agriculteurs. Cette leçon de choses, le long d'une haie à Burtigny, est une des actions du Réseau écologique de la Serine, constitué l'an passé. Trente-neuf exploitants de Bassins, Begnins, Burtigny et Le Vaud ont mis en réseau leurs surfaces de compensation écologique (lire ci-contre), ce qui correspond à un périmètre de 954 hectares de surfaces agricoles utiles. L'augmentation de la qualité et du potentiel écologique de l'ensemble crée une plus-value. L'objectif étant la sauvegarde et la promotion de la biodiversité naturelle.

Le projet du réseau de la Serine veut maintenir et renforcer des éléments de valeur existants, notamment les prairies et pâturages secs, riches en espèces, et les nombreuses haies. Un des objectifs est de renforcer et d'améliorer les couloirs de déplacement de la faune et de servir de relais entre les couloirs locaux et régionaux de déplacement de la faune. Le maintien et le rajeunissement des vergers d'arbres fruitiers à haute-tiges, d'anciennes variétés, est un autre but. Le projet a, en outre, défini douze espèces cibles (faune et flore), rares ou en voie de disparition, à protéger en fonction des caractéristiques paysagères. Par exemple, les pommiers et poiriers sauvages, les cormiers et alisiers torminaux dans les haies.

 

"Les paiements directs sont une source de revenus"

 

L'objectif du réseau est également de maintenir mais surtout d'augmenter la qualité écologique des surfaces. Mais nombreux sont les critères à respecter. Dans le cas d'une haie, elle devra être de deux mètres de large au minimum, présenter une bande herbeuse, privilégier les espèces indigènes et essences rares, proposer une grande variété d'essences et au moins 20% d'épineux...

Ce type de réseau, ainsi que l'incitation à accroître la qualité des surfaces de compensation écologique, fait partie des mesures mises en place dans le cadre de l'ordonnance fédérale sur la qualité écologique (lire ci-contre). Les agriculteurs signent un contrat de six ans. Ils auront ainsi droit à des paiements directs. "Les paiements directs sont une source de revenus pour compenser la perte que nous subissons sur la valeur de nos produits" , explique Frédéric Guénin. "Par exemple, le prix du lait est descendu d'un franc à 50 centimes", relève Beate Schierscher, ingénieure agronome et cheffe de projet.

La Begninoise estime essentiel que public et politique soient sensibilisés à ce nouveau mode de concevoir l'agriculture, moins intensive. Les agriculteurs sont parfois taxés de négligence, alors qu'ils ne font que respecter les normes imposées par "les prestations écologiques requises". Aussi, une prairie fauchée, où il reste 10% d'herbe, des arbres morts qui jonchent le sol, pour que les oiseaux y nichent ou que les insectes se nourrissent, des tas de pierres aménagés pour les lézards en bordure de haies, ne sont pas un acte négligeant, mais engagé en faveur de l'écologie.

L'étude préalable à la constitution du réseau de la Serine a été financée à 50% par l'Etat et la Confédération et 50% par les agriculteurs. "La Confédération et le Canton nous incitent à créer des réseaux. Une de nos motivations est clairement financière. Aujourd'hui en Suisse, l'agriculture, sans les subventions, serait morte. La concurrence avec l'Europe est trop forte. Si on ne monte pas dans le train pendant qu'il est en marche, on est foutu" , déclare Frédéric Guenin, président de l'association. Le Bachenard tient toutefois à préciser que " les agriculteurs n'ont pas attendu les réseaux pour faire de l'écologie." "On travaille la terre, on est au contact de la nature, la fibre écologique, on l'a en nous", précise Christian Duclos, membre du réseau. Cependant, tous les exploitants ont à coeur de poursuivre leur métier de base, qui est de produire et de nourrir. "On ne veut pas être les jardiniers du paysage, ce n'est pas notre métier" , ajoute Christian Duclos.

Les exploitants soulignent au passage les incohérences de la politique agricole fédérale. "Dans les années 1968, on nous octroyait des subventions pour arracher les vergers haute-tiges. Aujourd'hui, on nous incite à en replanter" , souligne Daniel Humbert, membre.

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