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Le robot à la place du botte-cul

L'agriculture se modernise. Plusieurs éleveurs de la région choisissent d'automatiser la traite des vaches.

08 nov. 2012, 00:01
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info@lacote.ch

Il est loin le temps où les paysans prélevaient l'or blanc à la main. Après un demi-siècle de machine à traire, la technologie numérique entre à l'écurie. Le geste ancestral est désormais robotisé via une installation high-tech qui fonctionne 24 heures sur 24. A présent, nos agriculteurs aussi franchissent le pas. Aux Avouillons, Stéphane Baumgartner a été le premier de la région à avoir osé troquer son botte-cul pour un robot. Il ne regrette rien.

Si la famille Baumgartner a fait ce choix, ce n'est assurément pas pour dormir plus longtemps. " Un des buts de cette acquisition était de pouvoir travailler en famille, sans aide extérieure. Notre exploitation, avec 45 vaches laitières, se prête parfaitement à ce système. Avant d'acheter cette machine, nous avions besoin d'un employé pour nous seconder ", explique le jeune agriculteur de 39 ans.

 

Meilleure qualité de vie

 

Mais ce n'est pas tout. Ce dispositif répond également à un souci réel dans la gestion d'un troupeau de vaches laitières: la contrainte des horaires. Lever à 5 heures du matin, traite durant une heure et demie, et rebelote le soir à 17 heures. Tout cela 365 jours par an, et ce depuis vingt ans. " C'est ce qu'il y a de plus astreignant dans ce métier et ça devient très lourd à la longue ", confie l'éleveur, qui est aussi père de quatre enfants. Pour lui, une chose est sûre: " L'installation de ce robot était un mal nécessaire pour pouvoir gagner un peu de temps pour vivre. "

L'aventure a commencé en 2007. Si Stéphane Baumgartner a choisi d'investir quelque 250 000 francs dans l'installation d'un robot dernier cri, c'est que la rentabilité était évidente. L'économie du salaire d'un employé et le gain de liberté suffiront à compenser les frais de fonctionnement. " Les vaches sont aussi plus productives puisqu'elles se font traire plus souvent (soit 2,8 à 3 fois par jour en moyenne). Et nous avons même augmenté la matière utile du lait ", fait remarquer le paysan. Stéphane aime le rappeler: " C'est important d'avoir du matériel qui tienne le coup. On vient quand même avec du vivant dans cet appareil. " Les vaches, elles, n'ont pas été trop perturbées par ce changement de système. " On les a gentiment habituées. Du coup, l'adaptation s'est faite assez naturellement. "

 

Comment ça marche?

 

Lorsque "Marguerite" décide que c'est l'heure, elle s'avance vers une "porte de tri" qui l'identifie grâce à une puce électronique placée dans son collier. " La vache est alors soit dirigée vers le robot, soit refoulée vers l'étable si elle n'est pas prête pour la traite. Elle peut se présenter à la machine toutes les six heures trente ", précise le producteur. Après avoir patienté dans la "salle d'attente", elle s'engouffre dans un box où elle est prise en charge de façon automatique. Un bras articulé nettoie les pis, avant de poser les "gobelets" de traite. " Les bêtes viennent volontiers. Du lait concentré les attend à l'intérieur, une friandise dont elles raffolent! " L'opération achevée, l'installation est désinfectée, l'animal rejoint ses congénères et le robot, imperturbable, attend la prochaine.

Le système est entièrement informatisé. Derrière son écran tactile, l'éleveur peut contrôler à tout moment la qualité du lait ou détecter une éventuelle maladie. Et s'il y a le moindre souci, le robot lui envoie un message sur son portable.

Adieu, donc, les levers avant l'aurore et la servitude de la traite. " Dorénavant, j'ai plus de souplesse dans l'organisation de mon travail et de mes loisirs. Je gagne une heure de sommeil et j'ai plus de temps à consacrer à d'autres tâches, comme le nettoyage de l'écurie ou l'affouragement des bêtes. " Autre avantage, et de taille, les vaches sont plus détendues. Dans leur stabulation tout confort, elles vont désormais confier leurs mamelles aux soins du fameux robot quand bon leur semble. " C'est une toute autre approche. Le but est qu'il y ait le moins de contraintes possibles pour les vaches. Elles vivent leur vie ", résume Stéphane. Résultat? " Nous avons un meilleur contact avec nos bêtes ", dit-il tout sourire.

Si l'éleveur, prompt à dénoncer la baisse incessante du prix du lait (54 centimes en 2011 contre 75 centimes en 2004), s'interroge encore sur l'avenir de sa profession, il se félicite néanmoins de son acquisition: " Une fois qu'on a goûté à cette façon de produire le lait, on n'envisage plus notre travail sans cet outil. " Cette année, deux autres exploitations ont sauté le pas à Prangins et Commugny.

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