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Les nomades pourront être chassés

Le Canton a mis en place de nouveaux outils pour lutter contre le stationnement illicite des gens du voyage. Les autorités pourront désormais en toute légalité chasser les personnes en infraction.

26 févr. 2013, 00:01
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suter@lacote.ch

Le sujet n'est pas facile et il fâche! Le comportement des gens du voyage a poussé les autorités cantonales à prendre le problème à bras-le-corps. De son côté, le Conseil communal de Nyon en débattait hier soir, suite à un postulat de l'écologiste Jean Bischofberger, qui souhaitait qu'un terrain leur soit aménagé dans cette ville (à lire dans notre édition de mercredi).

Depuis l'automne dernier, une commission comprenant des représentants de la Police cantonale, un médiateur, des gardes-frontière, des membres de la police communale, le corps préfectoral et les autorités communales ont planché sur la problématique des gens du voyage. Elle rendait hier ses conclusions. " La réalité du terrain nous montrera si nous avons suivi le bon chemin ou pas ", relevait hier la conseillère d'Etat Jacqueline De Quattro, en charge du Département de la sécurité et de l'environnement.

De fait, désormais, l'occupation non autorisée de terrains privés fera l'objet d'un ordre d'évacuation délivré par un préfet. Cette évacuation sera exécutée par la gendarmerie vaudoise, en collaboration avec les polices communales, pour autant que le propriétaire du terrain "squatté" en fasse la demande expresse. Sur le plan pénal, les infractions constatées (dommages à la propriété, violation de domicile, atteinte à l'environnement, entrave à la circulation publique....) seront punissables et feront immédiatement l'objet d'un encaissement d'une garantie d'amende par la police. Ces mesures s'appuyant sur le droit pénal existant, elles sont applicables dès l'arrivée des premiers convois, attendus ces jours.

 

La Suisse reste un pays très attractif économiquement

 

Si ces nomades (à 90% au bénéfice d'un passeport français) viennent chez nous, c'est parce qu'ils ont la certitude d'y faire de bonnes affaires, et ce en toute légalité. " Ces mesures ne servent à rien tant que des gens sont prêts à leur acheter des tapis, ou leur faire rénover les volets ou nettoyer les terrasses, relevait la conseillère d'Etat. " Les gens du voyage doivent comprendre que leur mode de vie n'est acceptable qu'à la condition qu'ils s'adaptent à notre mode de vie, notamment en matière d'hygiène ". Et de mettre en garde: " les particuliers qui encaissent de l'argent pour leur louer un bout de terrain pendant quelques jours ne doivent pas s'attendre à ce que la police intervienne si ces gens ne sont pas partis en temps voulu. Dès qu'une transaction financière est passée, c'est la procédure habituelle qui entre en vigueur, la même que celle pour évacuer des squatters et qui est beaucoup, beaucoup plus longue" .

Dans la foulée, la cheffe du département de la sécurité a annoncé le passage de témoin entre la préfète Pierrette Roulet- Grin qui officiait depuis 12 ans comme médiatrice auprès des gens du voyage et Etienne Roy, préfet du district de l'Ouest lausannois. " Je reprends le témoin et serai en quelque sorte le relais entre le gouvernement et la police, la population et les gens du voyage ", notait le nouveau "Monsieur Gitan".

Sa prédécesseure Pierrette Roulet-Grin ne cache pas son pessimisme: " la plupart de ces gens ont parfaitement le droit de faire du commerce dans notre pays et de s'y arrêter, pour autant qu'ils respectent les conditions. Mais la situation économique des pays européens, et de la France en particulier, les pousse à venir faire des affaires en Suisse. Leur population est estimée à environ 400 000 personnes. Tant que des gens les payeront, et même grassement, pour les petits travaux auxquels ils sont habitués, il n'y a aucune raison qu'ils cessent de venir. Par ailleurs, leurs clans ne sont plus ce qu'ils étaient. Aujourd'hui, on est confronté à de plus petites entités, qui n'ont plus de véritables chefs. On s'adresse à celui qui se prétend tel, et peu de temps après, son autorité est remise en question par les autres membres de la famille. Les accords conclus deviennent caduques. Cela devient très difficile à gérer ".

 

Les autorités s'attendent à une hausse en 2013

 

Si 2012 a été une année "chargée" avec une centaine d'interventions policières pour quelque 12 000 nuitées enregistrées sur les places officielles (5300 en 2009), les autorités s'attendent à ce que 2013 le soit encore davantage. La Conférence latine des directeurs de police planche actuellement aussi sur le sujet, tout comme une commission du Conseil de l'Europe, réunie récemment à Bruxelles.

En France, où chaque commune de plus de 5000 habitants est tenue d'aménager une place d'accueil, les préfets ont annoncé que les forces de l'ordre n'interviendraient plus si les communes ne se sont pas mises en conformité. En Suisse, l'on est encore loin d'avoir un site d'accueil par canton!

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