Le rendez-vous est fixé à la Maison Richard, en bordure de la place Perdtemps, à Nyon. Le bureau est plutôt terne mais dès que Claire Philippe y fait son entrée avec son sourire et sa chevelure flamboyante, la lumière envahit les lieux. La nouvelle cheffe bibliothécaire a remplacé en début d’année Marie-Claude Troehler, partie à la retraite après 27 ans de carrière au sein de l’institution. D’un abord plutôt réservé, dès qu’elle commence à parler de son métier ses yeux s’emplissent d’étoiles. On s’aperçoit assez vite qu’elle voue une véritable passion à sa profession et au contact humain.
Plusieurs cordes à son arc
Jurassienne d’origine, cette femme de 45 ans peut s’enorgueillir de posséder une solide expérience acquise en Suisse, mais aussi à l’étranger.
Formée à Genève, elle décroche à 22 ans son premier poste comme documentaliste à la phonothèque de la Radio suisse romande avant d’être nommée bibliothécaire en Ville de Lausanne. Un poste qu’elle a occupé durant 22 ans, incluant une fonction de déléguée à la médiation culturelle. Dans ce cadre, elle a développé un programme culturel qui n’existait pas. «Ceci a donné un nouveau souffle à mon travail» relève-t-elle.
Désireuse de se perfectionner, elle a effectué des stages alliant apprentissage linguistique et professionnel, à Londres, Lugano ou encore Berlin l’an passé. Ses séjours à l’étranger lui ont permis d’enrichir ses compétences professionnelles et de découvrir des modèles de travail différents.
A la Stadtbibliothek Pankow de Berlin, elle a approfondi le management des bibliothèques et participé à la préparation d’événements culturels importants. «Une plus grande ouverture d’esprit permet de partager ses expériences avec le public. Elles m’ont permis de porter un autre regard sur le métier qui a beaucoup évolué ces vingt dernières années.»
Preuve en est: aujourd’hui, les bibliothécaires doivent travailler sur trois axes: l’humain et le partage des connaissances avec la population; les collections de livres imprimés et électroniques; une offre culturelle avec des ateliers sur des thématiques diverses et des collaborations autour d’événements locaux.
«La bibliothèque apparaît aux yeux des publics comme un lieu de démocratie, propice au débat d’idées; tous les courants de pensées et toutes les identités y ont leur place dans le respect de chacune et de chacun», précise la nouvelle responsable.
Créer un lieu de rencontres
A Nyon, l’institution devrait, à terme, réunir les deux bibliothèques adultes et jeunes publics ainsi que la ludothèque, au sein d’un futur projet de transformation de la place Perdtemps. Une opportunité unique, selon Claire Philippe, qui aspire à en faire dans le futur un lieu de rencontres et d’échanges au cœur de la ville. C’est un des défis qui l’a incitée à poser ses valises à Nyon. «Avoir un seul lieu est clairement plus pratique pour les publics et plus rationnel en termes de coûts.»
Cela permettrait d’avoir une offre plus intéressante pour les usagers et une facilité d’accès. La nouvelle responsable entend développer le secteur animation et des actions de médiation culturelle. Elle a en projet d’étoffer l’offre numérique, rêve d’une artothèque ou de robots éducatifs. Des espaces de détente seraient aménagés pour des rencontres, ateliers et conférences.
Ville à taille humaine
En dehors de son métier, cette passionnée de cinéma participe à l’élaboration du programme du cinéma de sa ville natale: Delémont. Elle ne manque par ailleurs jamais un festival, Locarno, Soleure et bien entendu Visions du réel. Elle adore se balader dans le canton de Vaud et trouve encore le temps de visiter des expositions et des musées.
Elle tient enfin à souligner le chaleureux accueil qui lui a été réservé à Nyon. C’est une ville à taille humaine et les contacts y sont plus faciles. Je suis ravie et c’est très motivant pour faire évoluer beaucoup de choses», conclut la bibliothécaire.
Marie-Léa Collardi