"C'est ma troisième législature et depuis toutes ces années, le jour où j'ai été le plus ému, c'est lors de la séance du 1 er septembre dernier" , explique Jean-Pierre Vuille. Ce soir-là, du fond de la salle du Conseil communal où il a l'habitude de siéger avec des collègues du Parti indépendant nyonnais (PIN), le chef de cuisine du gymnase a assisté à l'assermentation de sa fille Caroline. Agée de 19 ans, elle est devenue la benjamine de l'assemblée délibérante. En face de la jeune femme, sa mère, Nathalie, secrétaire de l'assemblée délibérante, avait, elle aussi, un petit sourire qui en disait long sur la fierté qu'elle éprouvait.
Rien ne filtre sur les réunions des groupes
Donc, chez les Vuille, l'engagement citoyen n'est pas un mot dénué de substance. D'ailleurs, Jean-Pierre, en trois législatures, n'a manqué qu'un seul Conseil, pour maladie. Sauf que dans le cas présent, le père et la fille ne siègent pas dans la même famille politique, l'une est à gauche, l'autre au centre-droit: Caroline, qui vient de terminer un CFC de laborantine, est membre des Verts. "Avec mon père et ma mère, j'ai baigné depuis toute petite dans le milieu politique" , explique-t-elle. Puis elle s'est forgée sa propre opinion en assistant à des rencontres organisées par les Verts, et a longuement discuté avec les responsables de la formation, avant de franchir le pas. "Ils défendent des idées qui sont en accord avec mes valeurs, et il y a une bonne ambiance au sein du groupe" , argumente la nouvelle conseillère.
Une fois la surprise passée de voir Caroline s'engager chez les écologistes, Jean-Pierre Vuille ne cache pas qu'il était très content de la voir s'investir pour le bien de la commune. Même si ce n'est pas dans son camp. " Et puis, de toutes les façons, chez les Indépendants, la liste d'attente pour siéger est longue, il y a quinze viennent ensuite! " ajoute-t-il, laissant ainsi entendre que chez les Verts, ce n'est pas le cas...
Toujours est-il que les parents se font une joie, bien plus qu'un devoir, de répondre à toutes les questions de la jeune conseillère communale sur le fonctionnement de l'assemblée délibérante. Mais rien ne filtre sur les réunions des groupes. L'une est à gauche, l'autre au centre-droit, et chacun a son jardin secret. Ceci étant, les mêmes fleurs idéologiques devraient pousser, de temps en temps, tant du côté du père que de la fille. "Si j'ai choisi les Indépendants, c'est parce que je peux voter comme je veux, sans consignes partisanes" , insiste Jean-Pierre Vuille. "Et moi aussi je suis pour la mobilité douce, je n'ai pas de permis de conduire!" plaisante-t-il. Les Indépendants et les Verts peuvent se rejoindre sur certaines thématiques: le père et la fille en sont en tout cas certains.
Un conseil communal très familial
L'assemblée délibérante est composée de 100 personnes. Il faut ajouter sept municipaux. Caroline et Jean-Pierre Vuille sont loin d'être les seuls à être unis par des liens familiaux. La plus jeune conseillère après Caroline est Camille Cantone, dont la maman Fabienne Freymond-Cantone est municipale. Là, les discussions politiques convergent puisqu'elles sont toutes les deux socialistes. Un autre municipal, Claude Uldry, du Parti indépendant nyonnais (PIN), du haut de l'estrade de l'exécutif, entend régulièrement son épouse, Doris, s'exprimer depuis les rangs du PIN.
D'autres couples, en revanche, siègent côte à côte au sein de l'assemblée: ainsi chez les socialistes, Séverine et David Lugeon, Chantal et Guy-François Thuillard; chez les Vert'libéraux, Michèle et Laurent Miéville. Il y a des couples mais aussi des fratries, avec parfois des clins d'oeil sympathiques. Ainsi Inès Abeya, du PLR, a été assermentée le même jour que sa soeur Béatrice Enggist, de l'UDC.
Comme chez les Vuille, Fabien Bourqui pour les Verts et son frère Marc du PIN ne sont pas forcément d'accord sur tout. En tout cas, ils peuvent compter tous les deux sur la bienveillance de leur oncle, l'ex-Vert Jean Bischofberger, figure du Conseil communal. Et puis il y a aussi les cousins, comme Jacques Hanhart (PIN) et Christian Perrin (PLR). Ou encore des histoires d'amitié aussi fortes que les familiales qui font que la PLR Roxane Faraut-Linares a pour parrain le père du socialiste Alexandre Demétriadès et inversement. Un recensement qui n'est peut-être pas exhaustif...