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Nyon trône à la proue du «Montreux»

La cloche du bateau «Montreux», propriété du Musée du Léman à Nyon, est de retour à bord après 70 ans d’absence.

14 juin 2017, 16:09
La cloche en bronze, qui mesure 35 centimètres de haut et 40 de diamètre, a retrouvé sa place sur le "Montreux"

Après plus de 70 ans, le «Montreux», doyen de la flotte de la Compagnie générale de navigation sur le lac Léman (CGN), retrouve sa cloche en bronze d’origine. Propriétaire de l’objet, le Musée du Léman, a accepté que ce vestige d’époque reprenne sa place sur le pont. Entièrement rénové durant dix-huit mois, ce bateau avec roues à aubes a été présenté ce mercredi au chantier naval de la CGN à Lausanne.

Fabriquée spécialement pour ce navire de la flotte Belle Epoque inauguré en 1904, cette cloche décorée de narcisses, l’emblême de la ville de la Riviera, a quitté le pont après la Deuxième guerre mondiale. «Durant cette période, les bateaux à vapeur ne sifflaient plus, pour une raison qui reste encore inconnue, explique Lionel Gauthier, le conservateur du Musée du Léman. Alors, les cloches, situées à l’époque à l’avant, ont été rapatriées dans la timonerie, près du capitaine, pour que celui-ci puisse la sonner en arrivant au port.» 

Une cloche à 1 000 francs

Le conflit armé terminé, les sifflets reviennent à bord et une grande majorité des cloches retrouvent leur place à la proue, tandis que d’autres sont simplement débarquées et stockées. Trois sont même cédées à un ferrailleur pour le dédommager de menus travaux. Un bien que l’artisan s’empresse de revendre. 

Si deux ont disparu des radars, la dernière a été rachetée par André Fatzer, un collectionneur de Saint-Sulpice féru des bâteaux à vapeur du Léman. Après avoir économisé durant plusieurs mois, il s’offrait ce morceau de patrimoine naval pour 1000 francs, dans les années 1960. Une passion dévorante, au point que tout chez lui, de la main-courante d’escaliers à la poignée de porte, provenait de la flotte lacustre, et notamment de bateaux détruits dans les années 1870-80.


«Ces pièces racontent le patrimoine de la navigation» 


Après d’âpres négociations, Didier Zuchuat, responsable documentaliste du musée nyonnais, convainc le Serpeliou de céder, à sa mort, sa collection à l’institution. Une convention a même été signée en 2011. «Pourtant, il était fâché avec la CGN qui avait refusé de l’engager parce qu’il ne parlait pas allemand, poursuit Lionel Gauthier. Mais il ne voyait pas d’inconvénient à ce que la cloche retrouve sa place à bord après son décès.» 

Des morceaux d’histoire

Une convention d’autant plus nécessaire que le Musée craignait de voir la collection s’évaporer dans la nature à la mort d’André Fatzer. «Si l’on n’avait pas fait cette démarche, des antiquaires auraient vendu les objets les plus précieux, et les autres auraient été perdus», affirme Lionel Gauthier.

C’est en 2014 que la maison d’André Fatzer a été démontée. Certains objets de cette collection datent de l’époque du grand-père du collectionneur, lui-même capitaine à la CGN. Si plusieurs, dont un ensemble impressionnant de plaques d’époque, ont trouvé une place dans les expositions permanentes du Musée du Léman, d’autres ont été stockées dans les fonds muséaux, dans les hauts de Nyon. «Cumulées, toutes ces pièces racontent l’histoire de la navigation, savoure Lionel Gauthier. Si les bateaux sont ce qu’ils sont aujourd’hui, c’est parce qu’il y a des gens comme André Fatzer pour préserver le patrimoine.»

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