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Pas folle la bête: plantes et neurobiologie

Retrouvez la chronique de Michel Gauthier-Clerc, directeur du parc animalier de La Garenne.

16 nov. 2018, 11:27
Michel Gauthier-Clerc, directeur du zoo de la Garenne.

Le débat sur le rapport à entretenir entre humains et animaux est vif actuellement. Il mobilise notamment les notions de ressenti de la douleur et des émotions. La non exploitation des humains par d’autres humains fait en général consensus, au moins dans les instances et les traités internationaux. Pour les autres êtres vivants, tout dépend des catégories utilisées pour les classer.

Un des points d’achoppement concerne la limite rationnelle que les humains s’autorisent pour l’exploitation d’une autre espèce. Il apparaît que les plantes sont en général laissées de côté et considérées comme susceptibles d’être exploitées et consommées à la place des animaux, car dénuées de toute perception sensitive, et justes bonnes à grandir et se reproduire.

Tels sont les résidus d’une vision issue de l’Antiquité, qui plaçait les espèces sur une échelle hiérarchique selon laquelle seuls les animaux possédaient des capacités sensitives. Pourtant, les progrès scientifiques actuels montrent que les plantes ont des sens très variés et complexes. Certains scientifiques parlent même désormais de neurobiologie végétale. Le terme fait polémique car cet aspect a toujours été réservé aux animaux et remet en cause beaucoup de dogmes.

Des signaux chimiques

Même sans neurones, les plantes émettent des signaux électriques qui envoient des messages dans tout leur organisme. Elles peuvent aussi communiquer entre elles par des signaux chimiques, par voie aérienne ou par des réseaux souterrains. Elles réagissent au toucher et même si elles ne possèdent pas de muscles, ces contacts entraînent des réactions dans leur position et leur mouvement vis-à-vis des plantes voisines.

Certes, la lenteur des mouvements les rend peu perceptibles à notre œil. Pourtant nous pouvons observer que la fleur du pissenlit s’ouvre le matin et se ferme le soir. Il est probable que la science avance à grands pas dans les années à venir sur la perception de l’environnement par les plantes, leurs capacités à y répondre et à communiquer. Le débat sur l’exploitation des espèces évoluera sans doute car les humains pourraient difficilement survivre sans utiliser ni animal ni plante…

Michel Gauthier-Clerc, directeur du parc animalier de La Garenne

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