Début septembre à Vallorbe, la police est intervenue sur une rave party qui a réuni plus de 1000 personnes. Sur La Côte aussi, des fêtes electro décoiffent les forêts! «Cet été, il y a eu de tels rassemblements pratiquement tous les week-ends à Bassins! On ne peut pas continuer comme ça», lâche Didier Lohri.

Le député Vert est intervenu dernièrement au Grand Conseil pour évoquer la question des fêtes qui se sont multipliées dans les hauteurs de son village. «Ces deux dernières années, c’est une industrie!» tempête-t-il.

Modifier la loi

L’appel de la forêt. Avec la crise sanitaire et ses contraintes, le phénomène a pris de l’ampleur, mais selon l’ancien syndic de Bassins «même avant le Covid», il avait souvent été abordé par des villageois excédés par le bruit. Au-delà des nuisances sonores, la question du respect de l’environnement est également une préoccupation: si les terrains sont plus ou moins bien nettoyés une fois la fête terminée, les chemins de traverse sont jonchés de détritus, relève l’élu.

Ces deux dernières années, c’est une industrie!

Didier Lohri député

Ses successeurs à l’exécutif ont été à leur tour interpellés cet été par des Bachenards puisque le municipal Marc Mazzariol a évoqué cette question lors de la dernière séance du Conseil communal, en expliquant qu’un rendez-vous avait été pris avec la police à ce sujet.

Dans son interpellation au Grand Conseil intitulée «Le Parc Jura vaudois est-il la nouvelle discothèque en plein air du canton de Vaud?», Didier Lohri préconise une modification de la loi. Le Bachenard fait des propositions concrètes dont il espère qu’elles seront prises en compte par le Conseil d’Etat: donner aux communes via leurs gardes forestiers le pouvoir de séquestrer le matériel et d’amender les organisateurs sans la procédure préfectorale. Il pense également que la cellule hooliganisme et renseignements opérationnels (Horo) de la police cantonale pourrait être mise à contribution pour repérer à l’avance les lieux de rassemblement dont la localisation est diffusée sur les réseaux sociaux.

Gimel également concerné

Le district de Morges n’est pas épargné. A Bière et à Gimel, les forêts ont accueilli des raveurs. Le syndic gimelan, Philippe Rezzonico, a rencontré l’initiateur de la seule rave qui a eu lieu sur son territoire. Il lui a expliqué qu’il voulait organiser son anniversaire et qu’il ne s’attendait pas à ce qu’il y ait deux cents personnes. L’élu a une autre approche que celle de Didier Lohri: pour lui, le cadre législatif est suffisant. «La réglementation existe déjà, c’est interdit! La loi doit être respectée», souligne-t-il.

Pour rappel, début février, une fête dans une forêt de Saint-Prex avait été largement relayée dans les médias. Elle avait réuni une centaine de jeunes: 44 personnes ont été identifiées et dénoncées. Le matériel de sono, deux génératrices et une table de mixage avaient été saisis.

Ceci étant, Didier Lohri comprend bien que la jeunesse ait envie de se défouler: «Il faut trouver un compromis, un juste milieu», insiste le député des Verts. Chez nos collègues de LFM, il a préconisé de canaliser les rave parties dans les endroits où il y a eu des coupes.

Les policiers de plus en plus sollicités

Toujours est-il qu’il est difficile de savoir exactement le nombre de rave dans le canton. Toutes ne font pas l’objet de plaintes accompagnées d’une descente de police et si c’est le cas, elles figurent sous la rubrique «manifestation» ou «trouble à la tranquillité» dans le journal d’intervention. Selon la police cantonale, environ 40 «événements» ont été recensés depuis le début de l’année en terres vaudoises. En 2020, il y en avait environ 60 dont 27% dans le secteur du parc naturel du Jura vaudois. Une tendance à la hausse, même si ces chiffres sont à prendre avec des pincettes, précise-t-on du côté des forces de l’ordre car il s’agit du nombre de déplacements de gendarmes liés à ce type de fêtes et pour une rave, il peut y avoir plusieurs interventions.

Multiples infractions

Si les gendarmes se déplacent, c’est pour arrêter la rave mais il peut arriver également qu’un avertissement pour quitter les lieux soit donné dans un premier temps. En règle générale, plusieurs lois sont enfreintes: celles relevant de la protection de l’environnement, des forêts et de la faune, de la protection contre les nuisances sonores, des débits de boissons et autres substances illicites, de la prévention des incendies et le règlement de police de la commune, tout comme le non-respect des gestes barrière pour lutter contre le Covid-19.

Que risquent les organisateurs? «Il n’y a jamais de montant fixe, tout dépend de la gravité de la situation», répond Chantal Turin. Des amendes qui peuvent atteindre plusieurs milliers de francs, selon la préfète du district de Nyon. Qui rappelle aussi une règle de base: on ne peut jamais organiser de manifestation sur un terrain privé sans demander des autorisations.

Rave en série: le Parc Jura vaudois est-il devenu une discothèque géante?

Cet été, les sonos des rave parties ont résonné dans les forêts des villages du pied du Jura. De quoi énerver les habitants.