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Sans répit pour sécuriser l'autoroute

Les équipes d'entretien de l'A1 exercent un métier à haut risque.

26 juil. 2012, 00:01
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ldistefano@lacote.ch

On ne les voit que furtivement. Durant une seconde, voire deux, sur l'A1 entre Genève et Lausanne. Avec leurs tenues jaunes et leurs bandes réfléchissantes, ils flirtent avec les automobilistes lancés à plus de cent à l'heure. La vingtaine d'employés d'exploitation du Service des routes (Région Ouest) protège, entretient, répare un lieu qui terroriserait le plus téméraire des kamikazes: l'autoroute. "Pour les automobilistes, nos équipes n'existent ni avant, ni après ces quelques secondes" , relève Erwin Egger, responsable au sein du centre d'entretien de Bursins.

Depuis le 1 er janvier 2008, la Confédération a pris possession des autoroutes du pays, mais les autorités cantonales demeurent responsables de l'entretien par le biais d'un contrat de prestation. " On peut comparer notre travail à celui de la conciergerie", décrit celui qui supervise les opérations, qu'il s'agisse des glissières à réparer, de la tonte de la pelouse, du ramassage des déchets ou des importants dispositifs de protection des chantiers.

 

Profil de l'employé

 

Malgré la diversité des tâches, le métier ne s'ouvre pas à n'importe qui. Seuls les titulaires d'un permis poids lourds intègrent les équipes du service d'entretien des routes. "Les normes VSS (ndlr: association suisse des professionnels de la route et des transports) sont extrêmement strictes et je n'ai aucun autre choix que celui d'être très sévère avec le personnel" , note Erwin Egger. Ainsi, sur l'autoroute, on n'officie jamais seul et surtout, on ne tourne jamais le dos au trafic. L'état d'attention est soutenu et sans la moindre trêve. D'autant que l'A1, entre l'échangeur du Vengeron et le giratoire de la Maladière, gît quotidiennement sous 90 000 véhicules. La densité de trafic est la deuxième plus importante du pays, après la région de Zurich. Malgré la densification et les moments de "basse circulation" qui se raréfient, rien n'a changé dans la structure de l'A1 depuis l'inauguration de ses premiers tronçons en 1964.

 

Stress permanent

 

La crainte de l'accroc fait alors entièrement corps avec ce métier exercé à quelques mètres des bolides. "On compte entre 2 et 5 accidents par année qui touchent les employés d'entretien ou leurs engins de travail , explique le responsable adjoint. Depuis quelque temps, nous sommes plus tranquilles, c'est grâce en partie aux radars qui ont été installés sur l'A1." Le dernier blessé grave sur cette portion d'autoroute date de 2002. En onze ans de carrière à son poste, Erwin Egger n'a jamais vécu de décès au sein de son équipe. En revanche, un employé d'une société privée a perdu la vie sur un chantier autoroutier l'an dernier. En conséquence, pas un geste n'est effectué avant d'avoir été pensé dans sa dimension sécuritaire. Le répit n'existe pas, la tension est permanente. Le jour, mais surtout la nuit. "Notre travail est de plus en plus nocturne, notamment pour ce qui est de l'installation de la signalisation en cas de perturbation de trafic , note Erwin Egger. Nous mettons en place un gros dispositif d'illumination, mais c'est aussi un moment où les voitures roulent plus vite." Au fil des ans, les équipes affinent leur connaissance des risques liés aux vagues de circulation. De nuit, le moment des sorties de bars et discothèques se révèle critique. Logiquement, le service d'entretien n'intervient jamais - sauf urgence ou imprévu - durant les heures de pointe, à savoir entre 6h et 8h30 et de 18h30 à 20h.

Il y a aussi le calendrier et sa typologie du voyageur-type qui évolue au fil de l'an. "Nous avons remarqué que les automobilistes sont très agressifs à l'approche de la fin de l'année. C'est la période des résultats annuels dans les entreprises, cela se ressent énormément sur la conduite qui devient plus agressive" , relève l'expert en se remémorant le cas d'un cadre commercial qui, au volant de sa voiture de fonction, a embouti un camion et une "girafe" (un avertisseur de restriction de voie) alors qu'il filait rencontrer des clients.

Puis il y a la multiplication des éléments qui accroissent la distraction des usagers. Parmi ceux-ci, le téléphone portable. Selon Erwin Egger, "le natel est responsable de 10 à 15 collisions par année, de la simple touchette à la destruction totale du véhicule". Mais en plein coeur de l'été, ce sont les transhumances de vacanciers qui apportent une nouvelle intensité au trafic de l'A1. Enfin, ce sera la rentrée, avec son stress habituel. Décidément, la garde n'est jamais baissée.

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