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Un Morgien fait cadeau au canton de reliques de Napoléon

Héritier de son ancêtre, qui accompagna Napoléon en exil sur l’île de Sainte-Hélène, le Morgien Olivier Noverraz fait cadeau au canton de reliques, ayant appartenu à l’empereur déchu. Portrait.

29 août 2019, 14:10
Olivier Noverraz et son épouse Christiane ont multiplié les efforts pour assurer la conservation de l’héritage napoléonien.

«J’ai grandi avec l’héritage de Napoléon. Durant ma jeunesse, je l’avais constamment sous mes yeux. Ma mère le conservait, en effet, précieusement chez elle. Mais je ne m’y intéressais pas plus que ça. C’était là et puis c’est tout.» Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le Morgien Olivier Noverraz ne se revendique pas comme un passionné du vaincu de Waterloo. Lui qui vient d’offrir en donation au Musée cantonal
d’histoire et d’archéologie (MCAH) une série d’objets de valeur ayant appartenu à l’ex-empereur, exilé sur l’île de Saint-Hélène où il finira ses jours, a été plutôt amené à s’y intéresser par la force des choses.

L’épée de Damoclès d’une vente aux enchères

Ainsi, pas d’exposés consacrés au Corse le plus fameux de tous les temps durant sa scolarité. Loin d’être attiré a priori par l’histoire, Olivier Noverraz suit une formation technique et scientifique à l’EPFL. Le passé se rappelle néanmoins à lui à l’occasion du décès de sa mère en 1995, dont il faut vider l’appartement. La question se pose alors: que faire du patrimoine napoléonien?

«Sur le moment, je ne savais pas vraiment quoi faire de cette collection. Aussi, lorsqu’un proche s’est proposé pour en faire une chambre napoléonienne, j’ai tout de suite dit oui, explique Olivier Noverraz. Ensuite, je n’ai plus entendu parler de rien.» Mais il y a deux ans, notre interlocuteur avoue avoir sauté en l’air. Il découvre alors dans le quotidien «24 Heures» l’annonce d’une vente aux enchères incluant des trésors de la famille Noverraz et remis au seul prêteur sur gages du canton, par ce parent gravement endetté.

Parmi la liste de biens proposés aux acquéreurs, figure, en effet, une aigle en bois doré (notre interlocuteur insiste sur le féminin, employé en héraldique et dans le langage militaire). Haute de 40 centimètres et large de 50, pour les ailes déployées, l’oiseau proviendrait du trône de l’empereur, saisi à Varsovie par les Cosaques, après la désastreuse retraite de Russie. Une hypothèse qui n’a pas reçu confirmation à ce jour.

La place de l’héritage de Napoléon est au musée!

Ni une, ni deux, Olivier Noverraz et sa femme Christiane, qui dit avoir toujours vu les souvenirs de Napoléon chez sa belle-mère, relancent le parent, puis le prêteur, faisant appel, par ailleurs, à plusieurs institutions culturelles, pour assurer la protection de ce patrimoine cantonal. «La place de la succession de Napoléon est dans un musée», argumente Olivier Noverraz.

Les contacts avec le château de Morges, déjà propriétaire d’une tente et d’un lit de camp, ayant suivi l’Empereur lors de ses diverses campagnes militaires, n’aboutissent pas. En revanche, Lionel Pernet, directeur du MCAH, se montre enthousiaste. Il parvient à annuler la vente, prévue pour décembre 2018. A noter qu’en sus de l’aigle, le MCAH acquerra des bougeoirs, une pendule, un sceau à cacheter les lettres et divers petits tableaux, dont un renfermant un fragment de tissu du canapé où la mère de Napoléon avait accouché de son fils à Ajaccio. Après restauration, tous seront exposés dès la fin de l’année.

Des Pôles à Tintin

Aujourd’hui, Olivier Noverraz se dit réjouit et soulagé de cette issue heureuse. A 75 ans, le retraité apprécie désormais de retrouver ses loisirs favoris: la lecture de livres relatant l’exploration des Pôles, sujet sur lequel il se révèle érudit et intarissable, ou d’ouvrages sur la Seconde
Guerre mondiale. Né en 1944, l’année du Débarquement, il évoque avec émotion sa visite des plages de Normandie. Napoléon? «C’est un
personnage qu’on ne peut ignorer…» Il n’en dira pas plus. Pour le reste, Olivier Noverraz est radio-amateur depuis 1964. «Je suis un peu moins actif aujourd’hui que je ne l’étais dans le temps», concède-t-il. Il se pique également d’être tintinophile. 

Jean-Abram Noverraz: l’Ours d’Helvétie
Ancêtre indirect (il est mort sans enfants) d’Olivier Noverraz, Jean-Abram Noverraz peut être considéré comme l’un des derniers intimes de Napoléon, qui l’appelait son Ours d’Helvétie, de 1809 à sa mort, le 5 mai 1821. L’ex-empereur, qui lui lègue 100 000 francs pour n’avoir plus à servir, lui assigne une mission: remettre à son fils, le roi de Rome, surnommé aussi «l’Aiglon», trois selles d’apparat et quatre fusils. Dans l’impossibilité d’exécuter les ordres reçus, Noverraz, de retour en Suisse, confie ces pièces de prestige aux mains de l’Etat de Vaud. Il y joint des souvenirs personnels. Ce fonds s’enrichit plus tard de dons d’autres bénéficiaires des largesses de Noverraz.

 

Infos pratiques

Spécialiste du Premier Empire, l’historien Alain Pigeard sera l’invité de la Délégation suisse du Souvenir napoléonien,le 31 août, dès 11h30, hôtel
du Mont-Blanc. Inscriptions: eric@cabedita.ch ou au 021 809 91 01.

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