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Un Trélésien chasseur malgré lui

Lors d'une balade, le chien d'un habitant a coursé un chevreuil, qui a fini gravement blessé. Une mésaventure qui va coûter cher à son propriétaire.

19 avr. 2012, 00:01
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aguenot@lacote.ch

Laisser gambader son chien en toute liberté peut coûter cher, surtout si ce dernier croise la route d'une bête sauvage. Michaël* , habitant de Trélex, vient d'en faire l'expérience. En promenade sur les hauts de son village fin février, le Trélésien décide d'offrir un moment de liberté à son animal de compagnie et le libère de sa laisse. Seulement voilà, les promeneurs ne sont pas seuls: un chevreuil se trouve dans les parages. Il n'en fallait pas plus pour réveiller l'instinct de chasse du canidé qui s'élance à la poursuite du chevreuil. " Une course d'au moins deux kilomètres ", se souvient l'intéressé. Une course qui se terminera par la chute de la bête sauvage, causée vraisemblablement par une morsure du chien, même si rien n'est prouvé.

Se retrouvant face à un cervidé à terre, Michaël décide d'avertir le Service de la faune et de la flore. " J'ai attendu une bonne heure l'arrivée du garde-chasse ", poursuit-il. Une fois sur les lieux, le garde-chasse dépêché décidera d'abattre la bête, visiblement à l'agonie. Celui-ci explique à Michaël qu'à cette période de l'année les chevreuils sont encore affaiblis par l'hiver, qu'ils descendent en basse altitude pour trouver de la nourriture et que ce genre de mésaventure est fréquent. " Il m'a également averti qu'il y aurait une amende à la clé ", renchérit le Trélésien. Encore "chamboulé" par l'événement, Michaël retourne dans ses pénates. Il est alors loin de se douter que c'est une amende très salée qui l'attend. Explications.

 

Une promenade onéreuse

 

Un mois après les faits, c'est une amende conséquente qui parvient au domicile du Trélésien: 951 francs. Un montant qui comprend tout d'abord une contravention de 400 francs. Au regard de la Loi fédérale sur la chasse et la protection des mammifères et oiseaux sauvages, Michaël a non seulement laissé chasser son chien - ce qui est formellement interdit selon l'article 18 /d - mais aussi erré son compagnon. Car d'après le Règlement d'exécution de la Loi sur la faune, est considéré comme errant "tout chien se trouvant en forêt et hors de contrôle visuel de son détenteur" (art.67). Mais ce n'est pas tout. Michaël doit également s'acquitter d'un montant de 451 francs pour dommages et intérêts. Car, oui, les animaux sauvages ont un prix. Et il semblerait que le Trélésien ne s'en sorte pas trop mal. Selon les barèmes fixés par le Service de la faune et de la flore du canton de Vaud (document disponible sur le site web dudit service), le coût d'un chevreuil tué illicitement est de 586 francs. Pour information, sachez que le loup, le lynx et le grand tétras se classent en tête de peloton (3516 francs) alors que la "tête" d'un canard ou d'un faisan ne vous coûtera que 117 francs. Enfin, les cinquante francs manquants au montant total de l'amende couvrent les frais de préfecture.

Après avoir pris connaissance des articles de loi cités plus haut, Michaël reconnaît ses torts. " J'assume ce qui s'est passé , explique-t-il. Mais j'aimerais faire recours. Je trouverais normal que l'on reconnaisse aussi ma part d'honnêteté dans cette histoire. J'aurais pu simplement prendre la fuite ". Un coup de téléphone au Service de la faune ainsi qu'à la Préfecture de Nyon s'imposait afin de faire toute la lumière sur une mésaventure qui pourrait bien toucher d'autres propriétaires canins de la région.

 

Circonstances atténuantes?

 

Lorsque l'on demande à Sébastien Sachot, conservateur de la faune, si le cas de Michaël est fréquent et si ce dernier n'a pas été jugé un peu trop durement, sa réponse est catégorique. " Non. Les détenteurs de chien doivent être en mesure de maîtriser leur animal en tout temps. Certes, c'est une infraction fréquente mais une infraction que nous ne pouvons tolérer ". Même son de cloche du côté de la Préfecture du district de Nyon. " La loi sur la faune et la flore est très sévère ", explique Nelly de Tscharner, préfète, qui a jugé l'affaire en question. " La bonne foi de cette personne a toutefois été prise en compte, même si cela ne figure pas sur l'Ordonnance pénale qui lui a été envoyée. Cette personne a donc raison de faire recours afin que son honnêteté soit mentionnée. Mais cela ne modifiera en rien le montant de l'amende ". En théorie, Michaël aurait en effet dû payer 200 francs de plus que la somme arrêtée. La boucle est bouclée. Propriétaires canins, vous voilà prévenus...

*Prénom d'emprunt

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