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Une oeuvre gravée pour l'éternité

Un monument de l'abstraction lyrique s'est éteint le 9 avril à Nyon.

16 août 2013, 00:01
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C'est un véritable maître chinois, considéré comme l'un des plus grands peintres du XX e siècle, qui s'est définitivement endormi le 9 avril dernier à l'hôpital de Nyon. Zao Wou-Ki avait emménagé, en compagnie de son épouse Françoise Marquet, dans une villa bordant le Léman à Dully en 2011. Mais c'est plus tôt que l'artiste franco-chinois s'est construit une réputation mondiale, notamment dans le domaine de l'abstraction lyrique.

Né en Chine en 1920 dans une région qui ressemble quelque peu à La Côte, d'une famille intellectuelle, Wou-Ki est un élève doué, passionné de littérature. Le Chinois se lance dès 10 ans dans le dessin et la peinture. Il apprend également la caligraphie. En 1935, il entre aux Beaux-Arts à Hangzhou où il découvre la peinture à l'huile. L'artiste présente sa première exposition en 1941 et admet avoir été influencé par Matisse et Picasso.

A Paris pour l'abstrait

L'inspiration de Cézanne ou Renoir lui permettra ensuite de s'éloigner des toiles traditionnelles et de peindre des oeuvres surréalistes. En 1948, il part pour la France avec sa première épouse Lan-Lan. Le couple s'installe à Paris dans un petit atelier de Montparnasse, proche de celui de l'artiste grison Alberto Giacometti. Dans la Ville Lumière, qu'il a rejointe pour l'impressionnisme, Zao Wou-Ki côtoie petit à petit les plus grands artistes de son époque.

Un déclic a lieu en 1951 lorsqu'il découvre les tableaux de Paul Klee lors d'un voyage en Suisse. "Il trouve dans l'oeuvre de cet artiste un monde intime et intérieur proche de sa propre sensibilité" , selon Pierre Daix. A cette époque, "Ma peinture devient illisible. Natures mortes et fleurs n'existent plus. Je tends vers une écriture imaginaire, indéchiffrable" , lâche Zao Wou-Ki plus tard.

Après avoir rompu avec sa femme, il parcourt le monde et continue de découvrir différentes formes d'art. Le peintre chinois rencontre alors sa deuxième épouse May Zao, aux côtés de qui il est enterré aujourd'hui. Celle-ci, malade, décède en 1972. Zao Wou-Ki fait ensuite la connaissance de Françoise Marquet, conservatrice, et l'épouse en 1975. Les années 1980 sont celles de la consécration pour l'artiste qui voit ses oeuvres exposés dans les plus grands musées du monde. Ses peintures prennent de la valeur et peuvent se négocier aujourd'hui à plusieurs millions de francs.

De l'encre de Chine aux vitraux

Naturalisé français en 1964 grâce à André Malraux, pour qui il a illustré un livre, l'artiste est nommé Grand officier de la Légion d'honneur par Jacques Chirac, commandeur de l'Ordre national du Mérite et officier des Arts et des Lettres. Sa popularité est telle qu'en France, la reproduction d'une de ses oeuvres est émise sur un timbre.

Zao Wou-Ki a débuté avec l'art chinois mais lors de son contact avec les artistes occidentaux, il penche vers l'abstraction lyrique. Ses toiles, d'huile, sont pour la plupart de grands formats, de plusieurs mètres carrés et très colorées. Après avoir peint de nombreuses encres de Chine, il abandonnera cette technique en 1945 avant de reprendre quelques années plus tard.

L'artiste a également illustré de nombreux ouvrages et réalisé, en 2011, 14 vitraux pour le prieuré de Saint-Cosme à La Riche. En outre, de nombreux ouvrages ont été publiés au sujet du peintre. Aujourd'hui, il est possible d'observer les toiles de Zao Wou-Ki dans les plus grands musées du monde. Une exposition devrait lui être consacrée dès le mois prochain à Locarno grâce à la collection de Nesto Jacometti.

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