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Une reconstitution accablante

Le procès de Laurent Ségalat a démarré hier, à Renens. Le prévenu n'a que de vagues souvenirs de la soirée du drame.

24 mai 2012, 00:01
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L'affaire Ségalat est instruite depuis hier matin au Tribunal criminel de La Côte, qui siège pour la première fois dans la salle d'audience cantonale de l'ordre judiciaire à Renens. Elle durera une semaine. Une pléiade inégalée de médias assiste à ce procès qui doit permettre de faire toute la lumière sur la mort mystérieuse de Catherine Ségalat, le 9 janvier 2010 dans sa maison de Vaux-sur-Morges. Cette municipale morgienne avait en effet été retrouvée morte, ensanglantée, dans le sous-sol de sa maison. L'autopsie a révélé plusieurs plaies et ecchymoses au niveau du visage et une fracture du crâne. Dès le départ, la gendarmerie a inculpé Laurent Ségalat, beau-fils de la victime. Il est le seul suspect et est accusé de meurtre.

L'audience a débuté par une mise au point importante du président Jean-Pierre Lador. Il s'est offusqué des nombreuses menaces et lettres reçues durant les derniers mois précédant l'ouverture du procès. Le président du Tribunal criminel a, en outre, averti les nombreux auditeurs, qu'à la moindre manifestation contre les magistrats, il n'hésiterait pas à imposer le huis clos, seule la presse serait autorisée à assister à l'audience. La famille du prévenu, persuadée d'assister à une grossière erreur judiciaire, a en effet créé un comité de soutien, très actif dans les médias et sur la toile. Ses filles, notamment, étaient présentes à l'audience.

La matinée s'est déroulée en deux temps. En début d'audience, Laurent Ségalat, éminent généticien français, directeur de recherches au CNRS, a une nouvelle fois été entendu par le procureur général, Eric Cottier. " Vous avez une intelligence et une mémoire supérieures à la moyenne. Alors, aujourd'hui, pouvez-vous nous dire ce qu'il s'est passé dans la maison de Catherine Ségalat, le soir de son décès? " " Je suis dans un brouillard complet. Je ne me souviens pratiquement de rien. Le mieux est de vous référer à ce que j'ai déclaré lors de ma première audition. Mais je le répète, comme je l'ai toujours dit: je suis innocent des faits que l'on me reproche ". Le ton était donné.

 

Une reconstitution sur demande du prévenu

 

Après plus d'une heure de questions, auxquelles ni le président, ni le procureur ni quiconque n'a obtenu de réponse claire, le président a demandé le visionnement de la cassette vidéo tournée lors de la reconstitution des faits, sur les lieux, quatre jours après le drame. La police a procédé à cette mesure d'enquête à la demande de l'accusé. " Pour m'innocenter " aurait-il dit à ses avocats. On découvre alors une personne incohérente, visiblement choquée, à qui on demande simplement de refaire les gestes effectués quatre jours plus tôt et incapable de s'en souvenir, malgré la proximité temporelle de ceux-ci. Sanglots et écoeurements ponctuent la reconstitution. En réponse à la question d'un de ses défenseurs, Me Stefan Disch, le prévenu a reconnu avoir très peu dormi les quatre jours qui ont précédé cette reconstitution. Ce qui pourrait expliquer ses incohérences et son comportement. Les chemises ensanglantées retrouvées sur place ont fait l'objet de nombreuses questions, auxquels le prévenu ne pouvait déjà pas répondre. Ainsi, à la question de savoir quand et où il s'était changé, Laurent Ségalat a été incapable de répondre. " J'ai peut-être pris une chemise dans la chambre du grenier où il m'arrivait de dormir. A moins que je ne me sois rendu dans l'armoire de mon père pour lui emprunter une chemise? Je ne me souviens pas, je suis dans un épais brouillard. Cette reconstitution est terrible " répétait-il sans cesse. Sur place, deux chemises et un t-shirt pleins de sang ont été retrouvés. La chemise la moins tachée était placée en évidence dans un sac en plastique devant la machine à laver. La seconde chemise et le t-shirt étaient déposés dans la machine à laver, sous du linge sale. Laurent Ségalat ne peut pas non plus expliquer pourquoi il a tant attendu avant d'appeler les secours. Sur le film, on le voit tenter en vain de déplacer un mannequin pour transporter le corps dans la pièce voisine, avant de procéder à un bouche-à-bouche et un massage cardiaque. Il explique aussi avoir nettoyé tout le sang sur le sol parce qu'il n'en supportait pas la vue. Ce n'est qu'après qu'il se serait rendu compte qu'il effaçait ainsi des traces précieuses pour les enquêteurs... " Vous rendez-vous compte que vous avez nettoyé ainsi environ 28 m 2 de sang, cage d'escaliers comprise? " lui a demandé le président Lador. Là aussi, l'homme ne se souvient de rien.

 

Des versions variées pour expliquer ses griffures

 

Aux inspecteurs qui lui demandent l'origine des blessures qu'il portait au cou et au visage, il a répondu dans un premier temps qu'elles étaient probablement dues à des griffures que lui aurait infligées la victime lors de ses tentatives de réanimation. Mais à l'audience d'hier, il a prétendu que ce pouvait être sa compagne, lors de leurs ébats, qui l'avait griffé... à moins que ce soit en jouant avec sa fillette de quatre ans ou en se rasant. Il ne se souvient pas. Quant aux blessures sur ses mains, elles seraient dues soit au dégivrage de son pare-brise, soit au transport de cartons dans son garage.

Entendue hier après-midi, une des soeurs de la victime, partie civile, affirme que feu Roger-Jean Ségalat, l'époux de Catherine, s'était lui aussi porté partie civile, et qu'il se demandait si son fils Laurent n'avait pas commis le pire pour hériter plus vite? Mais cela reste à confirmer par l'audition de divers témoins. La Cour doit encore se pencher sur la situation financière personnelle de l'accusé.

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