Hans Wolff, responsable du service de médecine pénitentiaire des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) est très inquiet de la situation à la prison de Champ-Dollon, où 800 détenus se cotoient. "Ce taux d'occupation de plus de 200% à peu d'égal en Europe".
Pour le médecin, ce qui se passe actuellement est "catastrophique". A Champ-Dollon, il y a "environ 70 matelas posés par terre", a déclaré lundi M.Wolff dans une interview accordée au "Temps". Les places n'étant pas attribuées, le dernier arrivé ou le plus faible dort généralement sur le sol.
"Cet encombrement accroît fortement les tensions", a souligné M.Wolff. Les coups entre détenus ont gagné "en fréquence et en intensité". Des détenus ne supportent plus leurs conditions d'enfermement. "Il leur faut attendre trois ou quatre semaines pour pouvoir passer un appel".
Alors que le nombre d'actes d'automutilation s'est monté à 123 en 2011, il s'est élevé à 252 en 2012. Selon le médecin, certains détenus se coupent même la gorge ou se tapent la tête contre les murs. Les suicides restent toutefois très rares. La prison de Champ-Dollon est mal isolée sur le plan thermique et acoustique.
M.Wolff s'est dit inquiet "de constater qu'il existe (à Genève) une volonté d'arrêter massivement alors que les conditions ne sont pas remplies pour absorber cet afflux". Champ-Dollon se trouve pourtant dans un canton "qui se veut être la capitale mondiale des droits de l'homme".