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Débits de boisson: l'Usine demande au canton de reconnaître sa spécificité de centre culturel

Le plus gros débit de boissons du canton de Genève, l'Usine, a demandé que le Service du commerce accepte de lui délivrer une seule autorisation pour ses cinq buvettes. S'il ne rentre pas dans les rangs, le centre culturel pourrait perdre sa subvention début 2016.

03 nov. 2015, 16:35
Selon les permanents de l'Usine, les buvettes constituent une offre accessoire favorisant les rencontres autour de l'offre culturelle.

A Genève, l'Usine maintient ses exigences face au canton. En reconnaissance de sa spécificité organisationnelle, le centre culturel autogéré demande que le Service du commerce accepte de lui délivrer une seule autorisation pour ses cinq buvettes, comme cela a été le cas pendant plus de 20 ans.

"Nous n'avons pas pour habitude de convoquer des conférences de presse. Mais là, c'est important", a déclaré mardi devant les médias Samantha Charbonnaz, permanente à l'Usine. En cause: les propos tenus lors de la dernière session du Conseil municipal de la Ville de Genève, où la droite a biffé la subvention globale de l'Usine pour 2016, tant qu'elle ne se conforme pas aux exigences du canton.

Face aux qualificatifs de "profiteurs", "barbares" et autres "drogués" "prônant l'illégalité", l'Usine a décidé de recentrer le débat. Selon Clément Demaurex, l'autre permanent de l'association, le différend dure depuis 2010, quand le Service du commerce a soudainement exigé cinq autorisations: "Il a changé de pratique sans changement légal."

Au printemps, la nouvelle loi cantonale sur la restauration, le débit de boissons, l'hébergement et le divertissement (LRDBHD) a été adoptée par le Grand Conseil. Prévoyant notamment une professionnalisation des tenanciers qui devront être diplômés, elle entrera en vigueur en janvier 2016. Son règlement d'application a été publié mardi dans la Feuille d'avis officielle.

Créativité globale

Ce nouveau dispositif légal ne correspond pas au mode de gestion horizontal de l'Usine, qui compte 18 collectifs actifs dans ses murs et propose plus de 80 événements mensuels - concerts, spectacles, projections de films, lectures. Même si le bâtiment est le plus gros débit de boissons du canton, ses buvettes constituent une offre accessoire favorisant les rencontres autour de l'offre culturelle.

L'Usine demande un cadre qui respecte son autodétermination. Elle se considère comme un ensemble où la créativité globale naît des échanges et des discussions. "Une division administrative des espaces va induire des différenciations des activités, alors que beaucoup sont transdisciplinaires", a relevé Clément Demaurex.

Portes ouvertes

L'Usine constate que toutes les propositions qu'elle a faites ont été refusées par Pierre Maudet, magistrat de tutelle du Service du commerce. Un constat partagé par le Grand Conseil de la nuit qui a indiqué mardi déplorer les difficultés rencontrées depuis juin à discuter avec ce service des implications concrètes de la nouvelle LRDBHD et de son règlement.

Le Rassemblement des artistes et acteurs culturels estime, lui aussi, que la nouvelle loi va fragiliser de nombreuses structures culturelles. "La LRDBHD n'est pas adaptée à tous les cas de figure. Elle ne permet plus rien de spontané", a critiqué la députée verte Sarah Klopmann, interrogée par l'ats. Les buvettes associatives et sportives sont aussi concernées.

Quelque 5000 personnes fréquentent l'Usine chaque semaine. Mais ses acteurs refusent d'entrer dans une dynamique de grève pour se faire entendre des autorités. "On nous pose régulièrement la question. Nous proposons des activités culturelles. Un concert, c'est plus sympa que de fermer", a noté Clément Demaurex. D'ailleurs, l'Usine organisera des portes ouvertes samedi pour mieux se faire connaître.
 

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