La croissance atteindra 2,7% à Genève en 2014, soit davantage que la moyenne suisse, a affirmé mardi la Banque cantonale de Genève (BCGE). Le canton bénéficiera de ses exportations tournées vers l'Asie et des biens de luxe, alors que le secteur financier résiste.
Pour l'ensemble de la Suisse, la BCGE table sur une croissance de 2% l'année prochaine. Le différentiel de 0,7% est comparable à celui constaté en 2013, de l'ordre de 0,6% avec une croissance de 2,4% du canton contre 1,8% pour la Suisse.
L'accélération de la croissance dans le canton en 2014 sera soutenue par la légère dépréciation du franc, associée au redressement de la courbe des taux, a expliqué l'économiste en cheffe de la BCGE Valérie Lemaigre.
Les deux principales branches de Genève, la finance et le commerce, contribuent à 50% de la création de richesse, un niveau comparable à celui de Zurich, mais supérieur au niveau national (41%). L'industrie est moins importante pour la santé du canton que pour la Suisse dans son ensemble, a relevé la représentante de la BCGE.
Tourné vers l'Asie
L'Asie compte pour 39% des exportations genevoises, 11% les Etats-Unis, une proportion plus forte que pour la Suisse dans son ensemble, plus dépendante de la zone euro. Cet avantage du canton a toutefois un revers: son exposition au taux de change du dollar, chahuté à court terme.
L'horlogerie et les instruments de précision représentent 68% des exportations du canton, devant la pharmacie et les produits chimiques (13%) et les pierres et métaux précieux (10%). Le marché du luxe, porté par les pays émergents, est moins sensible que celui des biens d'équipement à la conjoncture, ce qui explique aussi la bonne santé du canton.
Résistance du secteur financier
"La croissance du secteur financier restera limitée, mais la branche fait preuve de résistance, grâce à la qualité des services offerts, ses capacités humaines, sa rapidité d'adaptation", a souligné le président de la direction générale de la BCGE Blaise Goetschin. L'emploi dans le secteur financier à Genève devrait rester stable.
Le tassement du secteur financier ne reste toutefois pas sans effet: le surplus de croissance du canton par rapport au niveau helvétique était supérieur au différentiel actuel lors des belles années de la finance, a relevé Valérie Lemaigre. L'écart pouvait alors atteindre 2%.
La croissance sera tirée l'année prochaine par les entreprises, et non plus par la consommation privée, dans un climat d'affaires plus optimiste induit par le redémarrage de l'économie mondiale. Le taux de chômage du canton devrait revenir vers les 5%.
Redressement progressif des taux
La BCGE prévoit un redressement progressif des taux d'intérêt. La normalisation des taux d'intérêt sans resserrement des politiques monétaires est considérée comme un élément positif. Le risque d'une remontée rapide des taux est écarté par la BCGE.
Le risque immobilier n'est pas imminent, selon l'établissement cantonal. Si la hausse des prix dans le canton a atteint 40% contre 14% en Suisse depuis 2008, les prix des villas sont maintenant plutôt à la baisse, a précisé Claude Bagnoud, membre de la direction générale. La fenêtre d'opportunité pour des taux bas tend à se refermer et les transactions sont aussi à la baisse.
Une incertitude majeure demeure, celle de l'imposition des personnes morales en Suisse. Le canton de Genève est particulièrement exposé à une délocalisation des multinationales suite à une adaptation de la fiscalité, a rappelé M. Bagnoud.