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Genève: la ligne "Abus Ecoute" a reçu 80 appels très divers depuis ses débuts

La conseillère d'Etat Anne Emery-Torracinta a fait le point jeudi sur le plan d'action contre les abus à l'école lancé en décembre 2017. La ligne "Abus Ecoute" a reçu 80 appels, dont 33 relevaient de la loi sur l'aide aux victimes. Six d'entre eux touchaient à l'intégrité sexuelle.

20 sept. 2018, 17:34
La conseillere d'Etat Anne Emery-Torracinta a fait le point, jeudi.

La cheffe du Département de l'instruction publique, de la formation et de la jeunesse (DIP) a rappelé que le plan d'action a été mis en place "suite à des situations passées ou présentes potentiellement survenues au sein de l'école genevoise". La presse s'en était fait l'écho en novembre 2017.

Ouverte en janvier 2018, la ligne Abus-Ecoute a reçu 80 appels, concernant des situations très diverses qui se sont essentiellement produites en 2018, a précisé Vasco Dumartheray, directeur du centre LAVI-Genève qui gère la ligne. Elles ont essentiellement touché des élèves entre 8 et 15 ans.

Faits préoccupants

Si 43 avaient trait à des renvois, bagarres ou désaccords de parents, les 33 autres rentrent dans le périmètre de la loi sur l'aide aux victimes (LAVI). Elle comprend le harcèlement ou la contrainte sexuelle, le viol ou abus sexuels, les agressions, les lésions corporelles simples ou graves.

Parmi eux, plus de la moitié (19) concerne des faits préoccupants survenus entre élèves. Notamment du harcèlement obsessionnel, quatre cas de viols et contrainte sexuelle, des agressions ou encore menaces de mort, a détaillé M. Dumartheray. Quatorze cas impliquent adultes et élèves, dont des agressions avec blessures.

Vrai besoin

Huit appels ont mis en cause des enseignants: six faisaient état d'atteintes à l'intégrité sexuelle. Quatre ont donné lieu à un suivi LAVI. Deux personnes ne sont pas venues au rendez-vous. Certains ont parfois besoin de réfléchir, a souligné le directeur. Il a rappelé que si la victime ne le souhaite pas, les cas ne sont pas portés à la connaissance du DIP ou de la justice. Les autres procédures sont en cours.

La ligne répond à un vrai besoin. Elle touche des situations bien plus larges que l'intégrité sexuelle, a constaté Anne Emery-Torracinta. Elle sera donc prolongée au moins jusqu'à la fin de l'année scolaire. Des flyers seront distribués aux élèves pour rappeler le numéro et les objectifs de la ligne.

Préciser les rôles

En parallèle, la conseillère d'Etat a rappelé l'obligation qu'a tout collaborateur de l'Etat de dénoncer sans délai à la hiérarchie toute situation de maltraitance dont il aurait connaissance dans le cadre scolaire et de la formation professionnelle. Pour ce faire, le département a créé un document de référence, précisant les rôles et obligations de chacun.

Historiquement, le genre de situation, comme celle qui a concerné dernièrement Tariq Ramadan, n'était pas pris au sérieux. L'obligation de faire remonter l'information à la hiérarchie n'était pas gravée dans le marbre. Aujourd'hui, le DIP la rappelle clairement.

Anne Emery-Torracinta a précisé qu'il y a eu trois procédures administratives ouvertes par le Conseil d'Etat depuis 2013. Deux ont conduit à des révocations, une troisième est en cours.

Modification de loi

Le DIP a travaillé sur un projet de modification de loi sur la procédure administrative. Elle permet aux victimes de pouvoir être accompagnées par une personne de confiance lors de leur audition en qualité de témoin. "Cela a choqué des victimes de ne pouvoir être accompagnées", a relevé la ministre. Adopté par le Conseil d’Etat, le texte est désormais entre les mains du Grand Conseil.

Enfin, la conseillère d’Etat souhaite aussi "qu’une réflexion soit engagée en vue d’adopter une charte éthique". Elle pourrait s'inspirer du code de déontologie déjà élaboré par le syndicat des enseignants romands.

Jeudi également, une pétition forte de 3000 signatures et paraphée par 34 collectifs a été remise au Grand Conseil genevois. Elle demande des engagements concrets de la part des autorités politiques en matière de violences sexistes et sexuelles, ainsi que la mise en place d'un groupe de travail.

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