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Genève: médecin accusé d'avoir détruit la vie d'une patiente saine

L'"oubli" d'une femme médecin a conduit a un mauvais diagnostic et une patiente saine a subi un traitement lourd conte le cancer. L'accusée se trouve mercredi devant le Tribunal de police de Genève et doit répondre de lésions corporelles graves par négligence.

12 nov. 2014, 16:14
Près de deux ans après les faits, le chauffard de la Lake Parade 2012 a été jugé. Il a été condamné vendredi dernier à une peine privative de liberté de onze mois et quinze jours, assortie du sursis complet ainsi qu'à une amende de 1500 francs par le Tribunal de police de Genève.

Une femme médecin de 51 ans comparaît depuis mercredi devant le Tribunal de police de Genève et doit répondre de lésions corporelles graves par négligence. Le Ministère public reproche à l'accusée d'avoir eu un comportement qui a conduit à une erreur de diagnostic et qui a obligé une femme à suivre un traitement de choc contre un cancer du sein agressif dont elle n'était pas atteinte.

La prévenue rejette les accusations portées contre elle et plaidera l'acquittement. L'affaire remonte à novembre 2007. L'accusée était employée à l'époque par un institut de radiologie en tant que médecin-radiologue. En fin de journée, elle accueille une dernière patiente.

Cette femme est atteinte d'un cancer du sein rare et agressif. L'accusée effectue des prélèvements sur la patiente à deux endroits pour analyses. Les tissus cellulaires sont placés dans deux flacons différents. Pour une raison inexpliquée, l'un des flacons n'est pas étiqueté et est oublié par le médecin dans le laboratoire.

Le lendemain, un autre médecin prend ce même flacon pas étiqueté, rangé dans un tiroir, pour y mettre des prélèvements tissulaires d'une autre patiente. Le diagnostic tombe quelques jours après. Cette patiente, saine, est prise en charge immédiatement et suit un traitement lourd, dont une chimiothérapie et une tumorectomie.

Des séquelles encore aujourd'hui

Mercredi, cette femme, qui a porté plainte contre le médecin, a témoigné devant le tribunal de sa souffrance aussi bien physique que psychologique depuis ce drame. "Je n'arrive toujours pas à faire face", a-t-elle déclaré. Elle a dit être encore victime de fatigues chroniques et de brûlures aux bouts des mains et des pieds.

La plaignante a aussi expliqué qu'elle n'acceptait plus son corps, qu'elle n'arrivait plus à se regarder dans un miroir ou sous la douche. Qu'elle ne voulait plus non plus que son mari la touche. Sa vie intime a disparu. En outre, cette femme est maintenant devenue extrêmement méfiante à l'égard du corps médical.

Pas d'explication

L'accusée, pour sa part, n'est pas arrivée à expliquer comment une telle erreur a pu se produire. "Je n'ai aucun souvenir précis", a-t-elle déclaré. "C'est inimaginable pour moi d'avoir oublié un tube". Le médecin a appris huit mois après les prélèvements, mi-2008, qu'il y avait eu un problème de permutation d'échantillons.

Pour la prévenue, cette affaire est la conséquence "d'une énorme malchance". Selon elle, il est extrêmement difficile de voir qu'un tube contient déjà des tissus si la lumière n'est pas forte et encore moins dans la pénombre. Il arrive aussi que des techniciennes soient chargées d'étiqueter des flacons.

Le médecin a affirmé qu'il n'avait jamais remis le flacon pas étiqueté contenant les tissus malades dans un tiroir. "Quelqu'un a dû le mettre à cet endroit, mais je ne sais pas ce qui s'est passé, c'est une grande question", a ajouté l'accusée, précisant qu'il n'y avait à l'époque aucune directive concernant "un tube qui traîne".

Mauvaises conditions de travail

La prévenue a aussi fait part du rythme de travail effréné qui avait cours dans l'institut qui l'employait à l'époque des faits et des conditions de travail difficiles qui régnaient. Son licenciement lui avait été signifié quelques mois auparavant et elle devait quitter son poste en janvier 2008. Le procès se poursuit jeudi.

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