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Genève se met à la vidéoprotection avec un projet pilote aux Pâquis

Le Conseil d'Etat de Genève a déposé un projet de loi visant à coordonner la vidéoprotection dans le canton. Pour financer le projet un crédit de 1,9 million a été demandé.

09 avr. 2013, 14:14
"Il est de temps de dépassionner le débat", a indiqué mardi devant les médias le conseiller d'Etat genevois Pierre Maudet, en charge du Département de la sécurité. Si le parlement le suit, 21 caméras haute définition seront installées dans le quartier des Pâquis.

Des caméras de surveillance vont fleurir dans les rues de Genève. Le Conseil d'Etat dépose un projet de loi visant à coordonner la vidéoprotection dans le canton. Le Parlement est aussi appelé à voter un crédit de 1,9 million de francs pour en financer le système, qui devrait ensuite coûter un million par an.

"Il est temps de dépassionner le débat", a déclaré mardi devant les médias le conseiller d'Etat Pierre Maudet, en charge du Département de la sécurité. Si le parlement le suit lors de sa prochaine session fin avril, 21 caméras haute définition seront installées dans le quartier des Pâquis, une zone aux multiples facettes, afin de tester l'efficacité du système.
 
Les infractions visées seront en particulier les violences contre les personnes et les atteintes au patrimoine, dont les incivilités. Orientables, les caméras seront d'ailleurs équipées d'un dispositif anti-vandalisme. La lutte contre le trafic de stupéfiants n'est concernée que dans une moindre mesure.
 
La vidéoprotection n'étant efficace qu'avec un traitement humain, comme l'a souligné M.Maudet, une centrale d'observation des images, complémentaire à la Centrale d'engagement, sera créée. Dotée de trois postes occupés par huit personnes qui se relaieront une bonne partie de la journée mais pas 24 heures sur 24, cette centrale aura une vocation proactive.
 
Efficacité
 
Ces agents de sécurité, spécialement formés pour assurer un traitement en temps réel, seront munis de murs d'images permettant de suivre jusqu'à 50 caméras par poste. L'objectif du dispositif est d'abord la prévention et la dissuasion, mais aussi la protection et l'aide à l'engagement.
 
"Nos forces pourront être utilisées de manière plus rationnelle. On saura tout de suite quel genre de patrouille envoyer", relève M.Maudet, qui note que ce projet s'inscrit dans le cadre de la réorganisation des forces de l'ordre et "s'associe parfaitement à la montée en puissance de la police de proximité".
 
De manière plus classique, les images constitueront également un soutien aux enquêteurs dans l'élucidation d'infractions. Si cette expérience est concluante, elle permettra à terme de gérer l'ensemble d'un dispositif cantonal, avec les communes souhaitant en bénéficier. Un bilan sera réalisé deux ans après la mise en service de la phase-test aux Pâquis, a précisé le magistrat.
 
Sans tabou
 
Certaines communes du canton disposent déjà de caméras. Leur usage n'est cependant pas proactif; il ne sert qu'à dissuader et aider à résoudre les infractions. Au Grand-Saconnex par exemple, les dégâts aux bâtiment communaux ont passé de 120'000 francs en 2006, année de l'installation de caméras sur ces immeubles, à 30'000 francs en 2009, a illustré M.Maudet.
 
"L'heure n'est plus aux clivages idéologiques gauche-droite du début. Les caméras se sont multipliées, dans les trains, les commerces. Les gens s'y sont habitués", a dit Pierre Maudet. Le conseiller d'Etat veut dès lors aborder ce projet sans tabou.
 
Les Genevois ne découvriront ainsi pas les caméras de surveillance avec cette loi, y compris dans le domaine public. Neuf avaient déjà été déployées dans la perspective de l'Eurofoot en 2008, et 25 sont exploitées dans le cadre du contrôle des sites diplomatiques. Il s'agira de les intégrer dans le concept.
 
Caméras privés
 
Les nombreuses caméras privées, dans les hôtels, les gares et autres établissements devraient aussi pouvoir être intégrées, a relevé Marc-Antoine Nissile, président des hôteliers genevois. Selon lui, la pose de caméras, notamment dans les lieux touristiques, est une nécessité face aux récentes attaques de villes concurrentes.
 
Se référant à la solution adoptée par Munich, visitée par les autorités genevoises, Pierre Maudet pose la question de la mise en valeur des images issues de caméras privées, qui filment du reste aussi le domaine public. Les autorités bavaroises ont choisi l'option de doter la ville d'un minimum de caméras, mais d'avoir accès en permanence aux près de 5000 caméras privées.
 
A Genève, le flou existe encore quant à l'accès par la police aux caméras privées, sans compter le problème de compatibilité technique. Le magistrat libéral-radical ne veut s'épargner aucune discussion, pas même celle sur la durée de conservation des images.
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