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Hakeem Olajuwon: «peu de joueurs laissent un héritage»

Tête-à-tête avec Hakeem Olajuwon, figure de la NBA, introduit au Hall of Fame de la FIBA, samedi à Mies. L'ancien intérieur de la Dream Team de 1996 a marqué de son empreinte et de ses "moves" le basket des années 90 aux Houston Rockets.

30 août 2016, 14:13
Hakeem Olajuwon à Mies ce samedi pour son introduction au Hall of Fame de la FIBA.

Durant dix-sept saisons, il a fait le bonheur des Houston Rockets – avec deux titres de NBA à la clé, en 1994 et 1995. Une année après, lors des Jeux olympiques d’Atlanta, Hakeem «The Dream» Olajuwon, né à Lagos, au Nigéria, a remporté la médaille d’or avec les Etats-Unis. Samedi matin, l’homme de 53 ans, désormais retiré mais qui dispense ses précieux conseils notamment au Genevois Clint Capela, nous a accordés un tête-à-tête dans l’univers feutré de La Réserve, à Genève.

Hakkem Olajuwon, quelle raison vous amène ici, aux bords du Léman?
(Sourire)_Mon introduction au Hall of fame de la FIBA, ce qui est un grand honneur pour moi.

Vous avez été sacré deux fois champions NBA avec Houston, on imagine que cette introduction au Hall of fame de la FIBA, une récompense sur plan international, revêt une importance toute particulière pour un Nigérian qui a explosé aux Etats-Unis?

Une grande différence, effectivement. Car, en comparaison avec les autres distinctions reçues, il y a cette dimension internationale en plus.

A Houston, vous côtoyez et conseillé Clint Capela. Quel regard portez-vous sur lui?

Comme Clint Capela joue aux Rockets, j’ai l’occasion de le voir souvent en matches et de travailler avec lui aux entraînements. C’est incroyable d’assister à son développement et d’observer à quelle vitesse il élève son niveau de jeu. Clint peut jouer à plusieurs postes, de manière active et répétée. Il gagne en confiance, il se renforce. Houston espère désormais bien davantage de lui. Je peux vous dire qu’il travaille dur et je suis sûr que cela sera une très belle saison pour lui.

Clint Capela peut profiter de sa grande taille mais également de son agilité, n’est-ce pas?

Oui il est très actif et s’améliore de match en match, cela vient du fait qu’il se frotte à la compétition de très haut niveau. Dans ses mouvements il a passablement de qualités, de capacités. Clint Capela me rappelle un peu moi-même, dans les premières années de ma carrière.

Michael Jordan a dit un jour que vous étiez le meilleur pivot de la Ligue...

Et quand le compliment vient du meilleur joueur de tous les temps, cela s’avère énorme! Lorsque l’on s’affrontait, Michael voyait mes forces, comment je pouvais prendre avantage de ma position. Pour sa part, il trouvait toujours une solution face aux défenses qu’on lui proposait; c’était une de ses grandes forces.

Et faire partie du «Team USA», comme lors des Jeux olympiques d’Atlanta, qu’est-ce que cela représentait?

Il y avait et il y a encore tellement de très bons joueurs... C’était compliqué de faire partie de cette sélection. Faire partie de la même équipe que Shaquille O’Neal et Cie fut une expérience fabuleuse.

Vos racines sont nigérianes. S’agissait-il d’un rêve de devenir américain?

Depuis mes 17 ans, tous mes accomplissements se sont faits aux Etats-Unis. Cela me semblait naturel de demander la naturalisation.

Et un mot sur les Etats-Unis, actuellement en pleine campagne présidentielle: vous sentez-vous touché?

(Rires) Je ne me sens pas détaché. On vit une période où on est devenu davantage un village global, mais certaines mentalités pensent toujours termes de séparation (ndlr: entre communautés). C’est aussi le rôle des leaders d’éduquer les gens.

Vous êtes musulman. Dans le contexte actuel, ressentez-vous une responsabilité supplémentaire pour expliquer votre religion face aux événements tragiques émanant de fanatiques?

Oui, mais je ne peux pas être responsable des actions que certaines personnes perpètrent contre l’Islam. L’Islam n’est pas un secret – cette religion est ouverte, elle invite à lire les textes, savoir de quoi il en retourne, connaître son histoire. Je rejette toute idée véhiculée par les fondamentalistes; je veux me focaliser sur le positif découlant de l’Islam, non pas le négatif.

Revenons au basket. Etre un joueur majeur qui posait des problèmes, eux aussi majeurs, aux adversaires, quand vous y repensez, en rigolez-vous?

Cela ne découlait pas que de moi, mais également de ma position (ndlr: pivot). Elle impactait le jeu, de par les points, rebonds, contres, balles récupérées – vous cadenassez la raquette et ainsi vous dominez le jeu de manière naturelle.

Votre mouvement caractéristique, d’où l’inspiration est-elle venue?

Il n’y avait rien de planifié. Ce mouvement, notamment contre David Robinson (ndlr: intérieur des San Antonio Spurs, rivaux des Rockets), il s’agissait d’un haut degré de réflexe.

En revanche, vous avez inspiré une génération de joueurs...

(Visiblement fier) Là également, il s’agit d’un très beau compliment. C’est magnifique de se dire qu’on laisse un héritage. Vendredi, je suis allé à Lausanne pour voir du 3x3, et j’ai vu certains participants reproduire quelques-uns de mes mouvements. Seule une poignée de joueurs ont la chance de laisser leur signature, oui, je suis comblé. 

propos recueillis par David Glaser
traduction par Florian Sägesser

​Pour revoir l'interview diffusée ce samedi 27 à midi sur la page Facebook du Quotidien de La Côte, c'est ici.

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