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La peur d'écoper de 11 ans de prison

N., la mère de K. - l'épouse de la victime qui avait commandité le meurtre de son mari - tente de diminuer son implication dans l'homicide, tout comme J., l'entremetteur.

06 févr. 2013, 06:51
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jlaurent@lacote.ch

Mardi matin, le procès en appel du "meurtre de Cointrin" a repris avec l'interrogatoire de N., la mère de K., qui avait commandité l'assassinat de Pierre Silvano, mort de deux balles dans la tête en 2008. Puis, en fin de matinée, c'est J. - l'entremetteur qui avait mis en contact les deux Rolloises avec le tueur à gages - qui a été sommé de s'expliquer face aux juges de La Chambre pénale d'appel et de révision. N., à l'image de sa fille, n'a pas nié être impliquée dans l'homicide de Pierre Silvano. La Rolloise a justifié sa participation au drame en répétant à de nombreuses reprises à quel point elle avait eu peur pour la vie de sa fille et elle-même. K. lui aurait dit en 2008: "Pierre va nous tuer toutes les deux" .

A l'image de sa fille, elle a désigné comme coauteurs du drame tant P., le tueur à gages, que J., l'entremetteur.

 

La relation fusionnelle se fissure

 

Selon les deux femmes, P. est bien l'homme de main. Les deux Rolloises ont également affirmé que c'était bien J., contrairement à ce qu'il a prétendu hier, qui était à l'origine du projet d'assassinat.

L'interrogatoire de N. a révélé par contre une attitude différente de sa part que lors du procès de première instance. "J'ai appris énormément d'éléments qui m'ont fait mal, qui m'ont mise en colère, contre moi-même d'abord, car j'ai aidé ma fille et je n'ai pas su garder la tête froide; puis en colère contre ma fille qui m'a tellement caché de choses. Je ne me serais pas du tout impliquée de cette façon si j'avais su la vérité", a-t-elle déclaré hier. Plus tard elle affirmait encore: "Tuer Pierre Silvano, c'était le projet de ma fille."

Une affirmation qui ne l'a pas empêchée de faire son mea culpa. "J'ai ma part de responsabilité: j'ai donné l'argent, je n'aurais jamais dû." En fin d'audience, poussée par son avocat à donner son regard sur cette tragédie, elle a lancé, des larmes dans la voix: "Je m'en veux tellement d'avoir participé à cette chose horrible. Je regrette, je demande pardon, même si je sais que la famille ne veut pas l'entendre"

La mère de K. a cherché, durant toute l'audience, à diminuer son rôle actif dans l'organisation de l'homicide. "J'ai toujours été en retrait" , a-t-elle relevé. Sur ce point précis, J., l'entremetteur a une version diamétralement opposée. "Je confirme n'avoir jamais rencontré K. seule. N. était partie prenante aux conversations" , a-t-il affirmé.

Le marchand de chevaux a également cherché à diminuer son rôle actif dans l'homicide. Il a prétendu que les deux femmes lui avaient délibérément menti sur la personnalité de Pierre Silvano. "Elles me l'ont décrit comme un monstre, qui les harcelait tant physiquement que moralement, un petit voyou mafieux et dangereux" , a-t-il lancé.

J. leur a finalement conseillé d'adopter sa propre méthode: "C'était mon idée de donner à P. une fracassée, une bonne démerdée, une bonne tabassée" . Il confirme leur avoir présenté P., qu'il ne connaissait pas comme un "assassin" . Dans son idée, il aurait " assuré leur protection" . J. s'est par ailleurs refusé, tout au long de l'interrogatoire, à accuser P. comme étant l'auteur de l'assassinat.

K. aurait confié à J. qu'il fallait aller plus loin qu'un simple passage à tabac. "J'étais persuadé que c'était une parole en l'air, je ne pensais pas qu'elle irait jusqu'au bout", a-t-il rétorqué.

La présidente a habilement réussi à le mettre face à ses nombreuses contradictions, notamment après le décès de Pierre Silvano. Les écoutes téléphoniques prouveraient qu'il était plus impliqué que ce qu'il a prétendu mardi. Mis au pied du mur sur le sens qu'il donnait au mot fracasser et tuer, il a fini par lâcher: "vous pensez que tuer de deux balles dans la tête ce n'est pas mettre une fracassée?" Le doute sur sa version était insufflé.

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