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Le procès du meurtrier d'Adeline pourrait se tenir fin 2015

Il y a un an presque jour pour jour, la sociothérapeute Adeline était assassinée lors d'une sortie équestre avec un détenu récidiviste. Le procès du meurtrier pourrait se tenir fin 2015.

09 sept. 2014, 08:04
Récemment, le Grand Conseil genevois a décidé de conduire une nouvelle enquête sur le drame.

L'immense émotion que le meurtre d'Adeline avait soulevée en septembre dernier est loin d'être entièrement retombée aujourd'hui. A Genève, l'enquête pénale se poursuit.

Les auditions ont pratiquement toutes été effectuées, a indiqué à l'ats Henri Della Casa, le porte-parole du pouvoir judiciaire genevois. La place va maintenant être laissée aux experts psychiatres, qui doivent examiner Fabrice A., le prévenu. Un procès pourrait se tenir d'ici à la fin 2015.

L'instruction est menée à un rythme intense, a noté M.Della Casa. Lors de récentes affaires criminelles, il a parfois fallu attendre trois ou quatre ans avant le jugement.

Le drame s'est produit alors que Fabrice A. effectuait une sortie thérapeutique en compagnie d'Adeline. Ils avaient rendez-vous dans un centre équestre du canton de Genève. Ce programme était destiné à préparer le détenu à une future remise en liberté.

Après avoir tué son accompagnatrice, Fabrice A. s'est rendu directement en Pologne avec la voiture de la sociothérapeute assassinée. Il a été arrêté après quatre jours de cavale à frontière germano-polonaise, près de la ville de Szczecin. Fabrice A. a ensuite passé plusieurs semaines dans une prison polonaise avant d'être extradé vers Genève.

Des demandes de réponses

L'assassinat d'Adeline a mis les autorités sous pression les incitant à prendre des mesures pour qu'un tel drame ne se reproduise plus. Deux rapports ont été rendus à ce jour. L'un, rédigé par l'ancien conseiller d'Etat Bernard Ziegler, a fait état de graves dysfonctionnements au sein de l'administration.

L'autre, commandé par les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG), s'est penché sur le fonctionnement de La Pâquerette, une unité carcérale de resocialisation des détenus dangereux, qui a été fermée, et pour laquelle travaillait Adeline. La Pâquerette se trouvait sous la responsabilité des HUG.

Ce dernier rapport a subi de vives critiques de la part des proches d'Adeline, qui le jugeait trop clément avec la directrice de La Pâquerette. Une pétition avait été lancée. Récemment, le Grand Conseil genevois a décidé de conduire une nouvelle enquête sur le drame. Celle-ci sera confiée à des experts extérieurs au canton.

Une dernière enquête a été ouverte contre la directrice du Service d'application des peines et des mesures (SAPEM). "Nous venons de commencer les auditions", a fait savoir Robert Assaël, l'avocat de la directrice visée. Au total, cette affaire va faire l'objet d'au moins cinq enquêtes.

Remise en question du secret médical

Après le meurtre d'Adeline, les critiques ont plu sur la psychiatrie carcérale en Suisse romande. Un an après, les cantons de Genève, Vaud, du Valais et du Jura veulent assouplir le secret médical. Les fédérations de médecins protestent énergiquement.

La proposition du ministre genevois de la santé Mauro Poggia va le plus loin dans ce domaine. Il veut obliger les médecins travaillant en milieu carcéral à communiquer aux autorités d'exécution des peines les informations importantes qui permettent d'évaluer la dangerosité des détenus.

Le canton du Valais semble également emprunter le même chemin. Une proposition devrait bientôt être soumise aux députés du Grand Conseil. Le canton de Vaud milite aussi pour faciliter les échanges d'information entre les médecins et les autorités en modifiant la loi pénale suisse.

Dans le journal des médecins suisses, la présidente de la Société médicale du Valais Monique Lehky Hagen jugent ces mesures disproportionnées et contreproductives. Elles conduisent à un allègement du secret médical et empêchent l'établissement d'un lien de confiance avec les détenus concernés.

Le médecin n'obtiendrait de la part des détenus plus aucune information intéressante, de sorte qu'aucun traitement ne pourra être mené. La perte d'informations pourrait également avoir pour conséquence que le médecin passera à côté d'une possible situation dangereuse.

La Fédération des médecins suisses (FMH) et l'Académie suisse des sciences médicales (ASSM) avaient aussi en leur temps critiqué fortement une érosion du secret professionnel.

L'assouplissement du secret médical pourrait être dangereux. Si un criminel ne s'ouvre pas à ses thérapeutes, le médecin ne peut ni lui prescrire une thérapie, ni évaluer sa dangerosité. Aujourd'hui, les médecins peuvent déjà dans des cas exceptionnels demander à être libérés de leur secret de fonction.

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