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Meurtre aux TPG: une peine de 17 ans de prison requise par le procureur

L'ancien employé des TPG qui avait abattu son chef en 2011 pourrait écoper d'une peine de 17 ans de prison, selon le procureur.

24 sept. 2014, 18:25
Le procureur general de Geneve Olivier Jornot, gauche, et l'avocat Robert Assael, droite, defenseur de l'employe des Transports Publics Genevois, TPG, accuse d'avoir abattu son responsable hierarchique, arrive au palais de justice pour de l'ouverture du proces au Tribunal criminel, ce lundi 22 septembre 2014 a Geneve. (KEYSTONE/Salvatore Di Nolfi)

Le procureur général du canton de Genève Olivier Jornot a requis mercredi une peine de 17 ans de prison pour assassinat à l'encontre de l'ancien employé des Transports publics genevois (TPG) de 50 ans qui avait abattu son chef de deux balles en août 2011. Robert Assaël, l'avocat de l'accusé, a pour sa part plaidé le meurtre, insistant sur le rôle joué dans ce drame par le mauvais climat de travail.

Le prévenu a commencé sa dégringolade en 2008, une année noire pour lui, au cours de laquelle il perd son père et un fils, né grand prématuré, a expliqué M.Assaël. L'employé des TPG se met à boire et devient un être "fatigué, fragilisé et vulnérable". A ces épreuves s'ajoutent des difficultés professionnelles.

L'accusé, qui était à l'époque responsable du service des lignes aériennes au sein de la régie semi-publique, est rabaissé, ne sent plus la confiance de sa hiérarchie et est traité de mauvais chef. On lui reproche son alcoolisme et on le met à l'épreuve pendant toute l'année 2010.

Lors de sa plaidoirie, M.Assaël a mis en avant la gestion du personnel déficiente dont ont fait preuve le supérieur hiérarchique et les TPG à l'égard du prévenu. Selon des témoignages recueillis lors de la procédure, la victime avait un management fondé "sur la délation" et divisait les gens pour mieux régner.

Aucun antécédent

"Ces carences de management ont cassé mon client", a ajouté M.Assaël. Pour l'avocat, ce meurtre n'est pas tombé du ciel. L'ancien employé des TPG n'avait aucun antécédent judiciaire. C'était jusqu'au drame "un citoyen modèle, un ouvrier travailleur, un homme de chantier".

Lors de son réquisitoire, mercredi matin, le procureur général du canton de Genève Olivier Jornot a donné une lecture totalement différente de l'affaire. Le représentant du Ministère public a parlé "d'une exécution froide et professionnelle" commise pour un motif "d'une futilité absolue".

L'accusé cultivait une haine contre son supérieur français, car celui-ci menaçait ses privilèges, a relevé M. Jornot. Sa haine l'a fait vivre et il a tué pour exister, a poursuivi le magistrat. En préparant son projet, le prévenu "a fait quelque chose d'exaltant" qui a comblé le vide de sa vie.

Pour le procureur général, l'accusé n'a nullement été la cible d'un harcèlement de la part de son chef et de sa hiérarchie en général. L'entreprise pour laquelle il travaillait a tout fait pour lui garder une place. Le prévenu avait pourtant abandonné son poste sans donner de nouvelles plusieurs mois avant le drame.

Un crime minutieusement préparé

"Ce n'est pas le geste désespéré d'un homme humilié par ses tortionnaires", a estimé M.Jornot. L'accusé a soigneusement mûri et planifié son acte. Il s'est renseigné auprès d'un armurier sur les modalités pour acquérir une arme, a ensuite acheté un pistolet, puis une moto, pour pouvoir s'enfuir rapidement après son crime.

Aux TPG, le prévenu évoluait par ailleurs dans une unité où les frontaliers étaient mal vus. "Sa haine est née dans un contexte de haine, dans une culture de la haine", a noté M. Jornot. Cette haine a été dirigée contre son supérieur hiérarchique qui avait été nommé "pour remettre de l'ordre dans un service à la dérive".

Le service des lignes aériennes dont l'accusé était responsable "était un Etat dans l'Etat", selon les mots du procureur. Si quelqu'un ne voulait pas travailler, il ne travaillait pas, et allait au fitness ou jouait aux cartes. Les apéros commençaient régulièrement à 10h30, au retour des interventions.

La victime a été engagée pour nettoyer les écuries d'Augias, a insisté le procureur général. Ce père de famille a fait son travail et il en est mort. L'accusé, qui est décrit comme colérique et impulsif, a voulu tuer le chef qu'il n'arrivait pas à être, a ajouté le magistrat.

M.Jornot a aussi demandé au Tribunal criminel de Genève de reconnaître l'accusé coupable de tentative d'assassinat. Le jour du drame, le prévenu a fait le tour des chantiers pour retrouver deux collègues qu'il considérait de mèche avec son chef. La défense demande aux juges d'acquitter le prévenu sur ce volet du dossier.

Le Tribunal criminel de Genève rendra son jugement vendredi.

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