"Un Erythréen né en 1985 est mort et quarante-trois autres personnes logées au centre de requérants des Tattes à Vernier ont été intoxiquées ou blessées dans un incendie qui s'est déclaré cette nuit vers minuit", rapporte le capitaine Marc Feuardent du Service d'incendie et secours (SIS) de Genève.
Le feu a pris dans une pièce d'un appartement du rez-de-chaussée dans l'un des quatre bâtiments du centre d'accueil.
Une rumeur courait qu'une deuxième personne serait décédée. Mais Henri Della Casa, porte-parole du Ministère public de Genève ne confirmait pas cette information. Deux blessés très graves se trouvent aux soins intensifs, a fait savoir l'Hospice général qui gère le centre.
La première alarme a été reçue à 0h31. Les pompiers professionnels de Genève se sont rendus sur les lieux avec 23 hommes et 12 véhicules. En appui, les sapeurs pompiers volontaires de Vernier étaient quant à eux 30 avec 6 véhicules. L'incendie a été rapidement maîtrisé. "A 4h57, le dernier de nos hommes a quitté les lieux, pour laisser la place aux enquêteurs de la police scientifique genevoise", indique l'officier du SIS. "Plusieurs personnes ont été interrogées par les inspecteurs", soulignait le capitaine du SIS.
Les blessés ont été transportés dans les hôpitaux de la région. Dix-neuf ont été acheminés à l'Hôpital cantonal, les autres ont été répartis à la Tour à Meyrin, à Nyon et à Morges. La typologie des blessures est de deux sortes. Des intoxications dues à la fumée. Et des fractures pour des personnes défenestrées.
Un poste avancé de secours a été mis en place par le Service incendie de l'Aéroport sous forme d'une tente médicalisée. Les blessés y ont d'abord été acheminés avant d'être transportés dans les différents hôpitaux par une trentaine d'ambulancier, médecins et samaritains.
Un appartement du rez-de-chaussée a été entièrement détruit par les flammes. Une douzaine d'autres ont été endommagés aux premier et deuxième étages par les chaleurs intenses ou les fumées.
Mouvement de panique
S'il est relativement habituel que les hommes du feu de Genève interviennent pour des incendies d'appartement, le mouvement de panique engendré dans ce cas-ci était en revanche difficile à gérer pour les pompiers. "Nous avons fort heureusement pas dû nous battre pour accéder au sinistre. Mais il y avait quelque 150 à 180 personnes qui sortaient de partout du bâtiment et qui étaient paniquées dans la rue. Les gens voyant leurs copains blessés. Et il fallait protéger le nid de blessés. La police, qui s'était déplacée en nombre et en force avec une quarantaine d'agents, nous a donné un sérieux coup de main pour gérer cette panique. Sans elle notre intervention aurait été bien plus compliquée", souffle le capitaine Feuardent.
Les circonstances de l'incendie ne sont pas encore connues. Une enquête est ouverte, a fait savoir le porte-parole du Pouvoir judiciaire, Henri Della Casa. Le bâtiment était occupé par 189 personnes, tous des hommes seuls, déboutés de l'asile, selon l'Hospice général.
Les trois étages supérieurs du bâtiment seront remis en état d'ici une à deux semaines, a expliqué Bernard Manguin, porte-parole de l'institution. Il faudra davantage de temps pour le rez. Les résidents ont été évacués dans les abris de protection civile des Trois-Chênes, qui compte 100 places, et des Libellules, de 80 places.
D'autres incendies
Fin 2011, un incendie au centre de requérants d'asile des Tattes avait fait onze blessés, dont quatre graves. En avril 2010, un sinistre plus limité avait ravagé cinq chambres du foyer. Le centre a été ouvert en 1996, et des bâtiments ont été rénovés ces dernières années. Il accueille environ 700 personnes. Il s'agit de la plus grande structure d'hébergement des requérants d'asile du pays.