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Les avocats s'affrontent sur la portée de l'infiltration

Les avocats se sont affrontés mercredi au procès Nestlé-Attac sur la portée réelle de l'infiltration de l'organisation altermondialiste.

25 janv. 2012, 18:05
attac

Atteinte illicite à la personnalité pour les uns, simple observation préventive justifiée par le contexte pour les autres, le tribunal tranchera.

Rien ne justifiait l'espionnage des militants d'Attac par Securitas pour le compte de Nestlé, a plaidé en premier Jean-Michel Dolivo. A ses yeux, les "taupes" qui ont écrit de nombreux rapports sur les rédacteurs du livre "Attac contre l'empire Nestlé", ont effectivement violé de manière illicite leur sphère privée.

Mouvement pacifique

Pour l'avocat, les altermondialistes ne représentaient "aucune menace" pour le groupe Nestlé. L'association s'est toujours bornée à des critiques non violentes et n'a jamais prôné de méthodes musclées contre la multinationale de Vevey (VD), a-t-il affirmé au deuxième et dernier jour du procès civil.

"Le prétendu danger n'existe pas, c'est un rideau de fumée pour cacher une opération de barbouzes qui s'est mal terminée", a lancé Me Dolivo dans sa plaidoirie. Nestlé avait tous les moyens légaux de se défendre contre les accusations "sans porter atteinte à la sphère privée" des neuf membres d'Attac.

Irruption illicite

Attac a réclamé en conséquence la reconnaissance de la collection d'informations confidentielles par Securitas et l'atteinte illicite à la personnalité. L'association a demandé la publication du verdict dans des médias à forte audience et 27'000 francs pour tort moral. L'affaire avait été révélée en juin 2008 par la télévision.

Défenseur de Securitas, Gilles Robert-Nicoud a répliqué avec force à ces arguments. Il a dénoncé "les mensonges" colportés sur la mission des agents de sécurité: il ne s'agissait nullement de surveiller les rédacteurs d'un ouvrage mais bien de prendre des précautions pour protéger Nestlé dans un contexte extrêmement chaud, lié en particulier au Sommet du G8 à Evian de début juin 2003.

Nestlé, symbole de la mondialisation

Nestlé était devenu "un symbole" et a subi alors des attaques violentes et systématiques. Pour preuve, la Confédération paysanne, José Bové en tête, est venue à Vevey en mars 2003 et a commis des déprédations contre le bâtiment du siège, qui a révélé alors sa grande vulnérabilité, a expliqué Me Robert-Nicoud.

Dans ce cadre-là, Attac était devenue une véritable plate-forme des altermondialistes qu'il fallait surveiller. Les mesures prises n'ont cependant jamais donné lieu à "la collecte de données confidentielles. A aucun moment, il n'y a eu de surveillance physique" des militants d'Attac, seules des informations publiques ont été rassemblées.

Opération politique

"Nestlé était en droit de savoir ce qui se tramait", a jugé Gilles Robert-Nicoud. Tout en partageant sur l'essentiel ces analyses, l'avocat de Nestlé, Christian Fischer, s'est surtout beaucoup étendu sur le volet politique de l'affaire et du procès.

"Guerre idéologique contre Nestlé, guerre des médias", vocabulaire militaire utilisé par Attac, Me Fischer s'en est pris à tous ceux qui ont milité dans l'altermondialisme à l'époque et qui, selon lui, continuent leur lutte au tribunal aujourd'hui. L'avocat a rejeté toute illégalité dans l'infiltration du groupe ou la surveillance de conversations publiques comme de courriers électroniques.

"Guerre à Nestlé"

Il ne s'agissait pas de collectes de données personnelles, a-t-il insisté, soulignant à de nombreuses reprises combien les méthodes des adversaires de la multinationale n'avaient "rien de sympathique". "Attac avait déclaré la guerre à Nestlé", a-t-il assuré au terme de sa plaidoirie. Le jugement sera rendu ultérieurement.

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