Les mammifères ont la capacité de délivrer du lait à leurs jeunes. Cette adaptation leur a permis un succès remarquable car le lait offre la possibilité de ne pas être totalement dépendant de la nourriture disponible. Les femelles de mammifères stockent des réserves sous forme de graisse qu’elles mobilisent le moment venu sous forme de lait.
La plupart des oiseaux sont en revanche dépendants de la nourriture disponible en temps réel autour d’eux dans la nature. Les adultes doivent aller chercher de la nourriture fraîche, comme des insectes pour les poussins d’hirondelles, des petits rongeurs pour ceux de la chouette. Chez certaines espèces comme les canards, les poussins suivent leurs parents et parviennent à se nourrir seuls, de plantes ou de graines. Quelques espèces, les manchots empereurs, les flamants, et les pigeons sont cependant parvenus à développer une adaptation proche des mammifères.
Leur tube digestif dispose au niveau de l’œsophage de couches de cellules qui sécrètent un liquide équivalent à un lait. Donné au poussin, ce lait œsophagien est très riche en lipides et protéines. Chez les manchots empereurs et les pigeons, les poussins doublent ainsi de masse en quelques jours grâce à cet apport. Chez les pigeons, les deux parents peuvent le produire, contrairement aux mammifères. Les premiers jours, les petits sont nourris exclusivement de lait, puis durant les deux semaines suivantes le lait est mélangé à des graines. Des découvertes récentes ont montré que, même si les laits des pigeons et des mammifères ont évolué de façon complètement indépendante, leurs fonctions sont devenues quasi analogues.
Au-delà du simple apport de nourriture, ce lait permet aussi chez le poussin le développement de son système immunitaire et du microbiote, c’est-à-dire de sa flore intestinale.
Michel Gauthier-Clerc, directeur de La Garenne