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Affaire Ségalat: le généticien français affronte la justice vaudoise en appel

Le Tribunal cantonal vaudois à Lausanne juge ce jeudi Laurent Ségalat en appel. Le généticien français avait été acquitté en juin du meurtre commis à Vaux-sur-Morges de sa belle-mère, Catherine.

29 nov. 2012, 17:38
Alors que le procureur avait requis 16 ans de prison, Laurent Ségalat a été acquitté au bénéfice du doute par le Tribunal criminel de la Côte. Le Ministère public comme les parties civiles ont fait recours contre ce jugement.

Blanchi en première instance, Laurent Ségalat a été rejugé jeudi à Lausanne par la Cour d'appel du Tribunal cantonal. Aucun élément nouveau n'est sorti de l'audience. Le Ministère public a requis 16 ans de prison pour meurtre alors que la défense a plaidé l'acquittement. Verdict vendredi.

"Il n'y a pas d'autre hypothèse possible" que la culpabilité de Laurent Ségalat pour le meurtre de sa belle-mère Catherine le 9 janvier 2010 à Vaux-sur-Morges (VD).
 
Tout le reste n'est "qu'une jolie fable", a affirmé Eric Cottier, procureur général du canton de Vaud, dans une salle bondée où avait pris place le généticien français de 48 ans, dont la venue était restée longtemps incertaine.
 
Colère contre le jugement
 
Mais "la justice ne peut pas se satisfaire d'une fable", a poursuivi le procureur, très remonté contre le jugement du Tribunal de la Côte prononcé le 1er juin. "La vie, c'est la condamnation de Laurent Ségalat", le reste n'est que "brouillards et fumées".
 
Pour le procureur, un acquittement au bénéfice du doute doit être tout autant motivé qu'une condamnation. "Les exigences sont identiques" et la Cour ne peut pas se contenter de "pirouettes".
 
Experts "mercenaires"
 
Laurent Ségalat est un être double qui a su cacher sa véritable nature. Sa volonté d'arrêter son travail de chercheur au CNRS à Lyon pour reprendre la librairie familiale à Lausanne a été dissimulée à son employeur français qui ne savait pas à quoi a servi véritablement son année sabbatique, a affirmé l'avocat général.
 
Eric Cottier a dénoncé aussi les critiques émises par la défense contre le travail de la police et de ses experts. "C'est le plus gros fumigène, l'écran de fumée", a-t-il lancé. Il a dénoncé en revanche les analyses des experts "mercenaires", autrement dit payés par la défense.
 
Pas de mobile
 
"Nous ne saurons jamais le mobile" de Laurent Ségalat, a reconnu le procureur général. Il a demandé l'arrestation immédiate de l'accusé lors de la lecture du verdict, vendredi à 16h00, si une condamnation était prononcée. Le risque de fuite est "tout à fait concret dans cette affaire".
 
Français, Laurent Ségalat vit à Thonon (F) et n'est pas extradable. Il a obtenu un sauf-conduit pour la seule journée de jeudi. En réponse à une question du procureur, il a indiqué qu'il avait "l'intention" de venir vendredi.
 
"Roi de l'intox"
 
Avocat des parties civiles, Jacques Barillon a qualifié Laurent Ségalat de "roi incontestable et incontesté de l'intox". Il a dit tout le mal qu'il pensait du verdict de première instance: "je n'ai jamais vu un jugement d'une telle indigence".
 
Première à prendre la parole pour la défense, Marie-Pomme Moinat a contesté qu'un acquittement doive être aussi motivé qu'une condamnation. A sa suite, Gilles-Jean Portejoie n'a pas parlé du doute comme en première instance mais cette fois de "certitudes absolues".
 
Expertise cruciale
 
Se basant sur le rapport du gastro-entérologue zurichois Michael Fried, Gilles-Jean Portejoie a cherché à démontrer que Laurent Ségalat ne pouvait pas être à Vaux-sur-Morges au moment de la perte de connaissance de Catherine qui a entraîné sa mort. Ce sont des "certitudes d'impossibilité", a déclaré le ténor du barreau français.
 
Le réquisitoire du procureur est "bâti sur le sable". Pas étonnant dès lors que l'on n'y trouve rien: pas d'arme du crime, pas de mobile, pas d'aveu, pas de geste fou, pas d'indices irréfutables, a clamé Gilles-Jean Portejoie.
 
Totalement irréaliste
 
Troisième avocat de la défense, Stefan Disch a comparé le travail de l'accusation à ce que sa petite fille avait fait voyant qu'elle n'arrivait pas à réussir son puzzle. Elle avait pris un ciseau pour découper les pièces de manière à pouvoir les ajuster et les emboîter.
 
Les scénarios du Ministère public sont "totalement irréalistes", ce n'est qu'"une apparence de cohérence" qui ne résiste pas à l'examen. Contestant toutes les prétendues preuves de culpabilité, Stefan Disch a néanmoins reconnu que cette affaire "gardera une part de mystère".
 
Interrogé par la Cour, Laurent Ségalat a simplement dit qu'il n'avait pas pu aller sur la tombe de ses parents et qu'il espérait avoir l'occasion de le faire bientôt.

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