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Affaire Skander Vogt: les défenseurs des gardiens plaident l'acquittement

Dans le procès de l'affaire Skander Vogt, les avocats des gardiens du pénitencier de Bochuz ont demandé mardi l'acquittement de leurs clients.

26 nov. 2013, 17:20
Antonella Cereghetti, avocate de l'un des surveillants du penitencier de Bochuz, parle aux journalistes pendant la pause de midi lors du premier jour du proces de l'affaire Skander Vogt, devant le Tribunal correctionnel de la Broye et du Nord vaudois ce lundi 4 novembre 2013 a Renens pres de Lausanne. Neuf prevenus vont comparaitre des lundi devant la justice vaudoise pour leur role dans le deces de Skander Vogt, ce detenu mort a Bochuz en mars 2010 dans sa cellule apres avoir mis le feu a son matelas. Le proces, prevu sur pres d'un mois, va devoir etablir les responsabilites du personnel penitentiaire et des secours. La defense plaidera l'acquittement. (KEYSTONE/Jean-Christophe Bott)

Les défenseurs des gardiens de Bochuz ont plaidé mardi l'acquittement dans le procès de l'affaire Skander Vogt. Rien ne peut être reproché à ces employés mal formés et plongés soudainement dans le pire scénario imaginable dans un quartier de haute sécurité.

Première à prendre la parole, Antonella Cereghetti a tenu à remettre dans son contexte la nuit fatale du 10 au 11 mars 2010 durant laquelle Skander Vogt est mort asphyxié après avoir mis le feu à son matelas. Ces cellules de haute sécurité sont appelées "les oubliettes" par les détenus.

Un autre monde

Le monde pénitentiaire est "un autre monde" et "nous n'avons aucune idée" de ce que représente un quartier de haute sécurité. "C'est la violence brute", a raconté l'avocate. Elle a reproché au procureur d'avoir "minimisé" la violence de Skander Vogt, ses quatre condamnations, ses insultes, ses menaces et son agressivité.

Me Cereghetti a reconnu toutefois "les ravages" produits par le régime de l'internement qui ont aggravé l'état de Skander Vogt, condamné à 20 mois de prison en 2001. Dans cet univers, les gardiens "improvisent, ils bricolent", a déploré l'avocate. Leur formation est dérisoire et les moyens mis à leur disposition sont insuffisants.

Accusation incompréhensible

L'accusation du procureur de tentative d'exposition par dol éventuel contre les gardiens est "tirée par les cheveux, incompréhensible pour les prévenus". C'est au contraire la présomption d'innocence qui doit s'appliquer. Il n'y a eu ni intention de mettre en danger ni conscience des risques de décès de Skander Vogt.

"Quel misérable gâchis", a poursuivi Me Nicolas Gillard, avocat du gardien centraliste, en parlant de la nuit fatale. Pour lui, le lien de causalité entre les actes des gardiens et le décès du détenu ne peut pas être établi parce qu'il est impossible de déterminer à quel moment les lésions dues aux émanations de cyanure du matelas ont été irréversibles.

Défenseur du troisième gardien, Charles Munoz a salué "le combat" de Senda Vogt, soeur du détenu. Ce combat pour la mémoire de son frère est "juste et admirable", a-t-il lancé en relevant que son client ne passe "pas une nuit" sans revivre le film des événements. Les conséquences ont été dures aussi pour lui et sa famille. Son fils a dû être pris en charge psychologiquement après le drame.

Des héros ordinaires

Pour l'avocat, les gardiens ont été "de véritables héros ordinaires dans une situation extraordinaire". Ils auraient pu ne rien faire et attendre les pompiers. Aucune critique n'aurait pu leur être adressée. Ils ont au contraire mis en danger leur santé en essayant de sauver Skander Vogt. Ils ont respiré eux aussi les fumées en agissant.

En début d'après-midi, Mathias Keller, défenseur du surveillant sous-chef, a pris la parole. Sa tâche était la plus difficile tant son client a concentré les critiques et les accusations.

Bouc émissaire facile

"Tout le monde s'est déchargé" sur mon client, a déclaré l'avocat. En fait, il a été mal informé. Il croyait que le début d'incendie était maîtrisé et que le problème numéro un était le détenu en crise.

Dans un pénitencier où régnait une discipline militaire et un esprit "dictatorial", le cadre a lui aussi obéi aux ordres. Selon l'avocat, il a bien reçu l'ordre de ne pas entrer dans la cellule avant l'arrivée du groupe d'intervention de la police cantonale (DARD).

Pas conscient de la gravité

Le surveillant sous-chef n'était "pas conscient de la gravité de la situation". Il n'a jamais voulu ou même imaginé la mort de Skander Vogt.

Commencé le 4 novembre, le procès doit se terminer mercredi. Sur neuf prévenus, le procureur a finalement requis des jours-amendes contre deux gardiens et le sous-chef. La partie civile a plaidé l'homicide par négligence contre les trois gardiens et le cadre. Le verdict est attendu au début de l'année prochaine.

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