Jacques Antenen, le commandant de la police cantonale, s'explique sur le drame de Renens (VD), où un père a poignardé son fils d'un an lors de l'assaut des forces de l'ordre. Il rappelle que ses hommes avaient la conviction que la vie de l'enfant était en danger s'ils n'intervenaient pas.
Le négociateur et l'officier de police sur place ont fait l'appréciation suivante: "si on n'y va pas, il va le tuer". La décision s'est prise de manière concertée, explique vendredi Jacques Antenen dans une interview au "Matin".
La décision était "adaptée", "mais on risquait d'être perdant peu importe l'option. Mes hommes étaient face à un dilemme épouvantable", a-t-il ajouté. "Si vous avez la conviction que l'individu risque de faire usage de son arme et que vous n'intervenez pas ou trop tard, on va vous le reprocher".
Huit à dix secondes
Le commandant explique qu'il s'est écoulé huit à dix secondes entre le moment où le bélier est utilisé pour enfoncer la porte et le moment où ce père de 29 ans a été neutralisé. Après la porte d'entrée de l'appartement, l'unité d'élite, le DARD, s'est retrouvé devant une deuxième porte verrouillée. Au moment où les agents arrivent dans la chambre, le bébé a déjà été poignardé. Il décédera peu après.
Lors de l'assaut, le négociateur était au téléphone avec le père, pour qu'il ne soit pas à portée immédiate de l'enfant. Fallait-il intervenir après seulement quatre heures de négociations: il n'y a pas de règles absolues en la matière, répond M. Antenen.
Point de non-retour
"En fonction des éléments qui résultaient de l'audition de la maman, le père était déterminé à provoquer cet acte fatal. L'auteur était à un point de non-retour, il avait objectivement soustrait l'enfant à sa maman depuis Neuchâtel et émis l'intention de ne jamais le lui rendre. Il y avait de bonnes raisons d'intervenir à ce moment-là".
"Cette affaire est vécue comme un traumatisme à la police. On a un sentiment d'échec, ne pas avoir réussi à obtenir ce qu'on voulait, c'est-à-dire sauver le bébé". Mais il ne faut pas oublier que "ce n'est pas la police qui tenait le couteau". Il ne faut pas se "tromper de cible", a-t-il ajouté.