La ville de Lausanne a réussi à équilibrer ses comptes. Après des années dans le rouge, son projet de budget 2016 présente un excédent de recettes de 300'000 francs. La municipalité ne crie cependant pas victoire et avertit que la situation s'annonce très compliquée à l'avenir.
"Ce budget équilibré est le reflet d'un important effort de la Municipalité sur la maîtrise des charges", a déclaré mardi la municipale Florence Germond devant la presse. Les recettes se sont améliorées de 20,1 millions par rapport au budget précédent.
Les charges communales présentent une hausse de 0,4% hors effets particuliers. La ville maintient ses priorités en consacrant 2,5 millions à la création de 156 nouvelles places d'accueil dans le secteur de la petite enfance, et 400'000 francs à la prise en charge des personnes vulnérables.
Augmentation des revenus
Lausanne compte sur une augmentation des revenus d'environ 23 millions. Celle-ci serait le fruit d'une augmentation de l'impôt sur les personnes physiques, d'une diminution de la charge péréquative et des charges d'intérêts, ainsi que d'une progression du résultat des services industriels.
A l'inverse, plusieurs facteurs devraient tirer le résultat vers le bas, à hauteur de 18 millions. Il s'agit notamment de l'amoindrissement du dividende d'EOS, de la diminution de l'impôt sur les personnes morales et du financement des projets prioritaires.
Les investissements restent élevés et se chiffrent à 153,2 millions, soit 9,1 millions de plus que l'an passé. Les principales dépenses concernent le renouvellement et la modernisation des réseaux (voirie, eau, électricité, etc.) avec 59,9 millions, et la construction du stade et du centre de football de la Tuilière pour 25, 9 millions.
Important endettement
La marge d'autofinancement se situe à 78,8 millions. Cela implique que l'endettement de Lausanne devrait augmenter de 74,4 millions, à près de 2,7 milliards de francs (2,2 milliards net). "La marge d'autofinancement est stable par rapport au budget 2015 mais demeure ténue", note la directrice des finances et du patrimoine vert.
Interrogé sur un éventuel remboursement de la dette communale, le syndic Daniel Brélaz a répondu que cela ne serait certainement pas possible avant une dizaine d'années. "On ne peut pas tout faire en même temps: moderniser la ville avec le M2, le M3 et des quartiers écologiques, et simultanément baisser la dette", a-t-il déclaré.
Incertitudes
Malgré son projet de budget équilibré, la municipalité lausannoise reste prudente. "Il faut bien voir que nous nous trouvons au sommet d'un pic conjoncturel favorable. Nous nous dirigeons vers une situation très compliquée à l'avenir", a estimé Florence Germond.
La conjoncture fragile, notamment liée au franc fort, ainsi que la réforme de l'imposition des entreprises (RIE III) font planer des ombres sur les finances communales. La ville regroupe en effet 20% de la population cantonale, et concentre 40% des revenus des personnes morales.
Une baisse de l'imposition des entreprises pourrait avoir d'importantes conséquences sur ses recettes. La municipalité insiste donc sur l'importance d'une révision des mécanismes de la péréquation afin de mieux répartir les effets de cette réforme entre les communes.