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Lausanne: un Sri-Lankais jugé pour avoir poignardé l’amant de sa femme

L’homme de 49 ans avait en février 2018 tué celui avec qui sa femme le trompait. Prévenu d’assassinat, il pourrait être condamné à au moins 10 ans de prison.

01 sept. 2020, 15:08
La statue de Guillaume Tell trone devant le palais de justice de Montbenon. Image d'illustration.

Un Sri-Lankais de 49 ans qui a tué un compatriote en février 2018 au foyer de l’EVAM d’Ecublens est jugé depuis mardi au Tribunal criminel d’arrondissement de Lausanne. Ce père de trois enfants avait poignardé à mort de six coups de couteau l’amant de sa femme. Il est prévenu principalement d’assassinat, subsidiairement de meurtre.

L’homme est aussi accusé de lésions corporelles simples qualifiées, voie de fait qualifié, injure, menaces qualifiées et délit manqué de contrainte. Pour le seul chef d’accusation d’assassinat, il encourt théoriquement au moins dix ans de prison. Arrêté peu après les faits, il est aujourd’hui en détention préventive à la prison de la Croisée. Il est arrivé menotté et masqué à l’audience.

«Je suis allé le trouver uniquement pour lui parler. Mon cœur était brisé. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi j’ai agi comme ça. Je regrette ce que j’ai fait. Jusqu’à ma mort, cela va me hanter», a expliqué ce Sri-Lankais devant le tribunal.

Onze mois avant les faits, l’homme et son épouse avaient fait la connaissance d’un compatriote, à l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM) de Crissier. «Il avait 19 ans et était demandeur d’asile comme moi lors de mon arrivée en Suisse dans les années 1990. Ma femme l’a pris en amitié. Nous l’avons même hébergé un mois chez nous où il faisait un peu de jardinage».

Au fil du temps, la relation est devenue amoureuse malgré la différence d’âge entre ses deux protagonistes. L’accusé voit alors son mariage arrangé de 2002, déjà bancal, battre sévèrement de l’aile.

Mises en garde non respectées

«Dans la culture tamoule, l’adultère n’est pas accepté. Pour un homme, c’est humiliant et difficile à vivre. Je me suis senti sali dans mon honneur», a expliqué le mari trompé. Malgré les interdictions à répétition formulées à son jeune rival, celui-ci continue à fréquenter en cachette sa maîtresse.

Pendant ce temps, le prévenu fait preuve à plusieurs reprises de violences verbales et physiques à l’encontre de son épouse. Cette dernière dépose plainte, ce qui débouche sur une décision de justice enjoignant son mari agresseur à quitter leur maison conjugale de Villars-Sainte-Croix.

«Je n’aimerais pas que vous lui donniez une punition sévère, car il est le père de mes enfants», a expliqué l’épouse du prévenu aux juges du Tribunal criminel, quelque peu étonnés. Elle a aussi minimisé les violences subies en arguant que «dans notre culture, les conflits violents dans le couple doivent être acceptés».

La Sri-Lankaise refuse de demander le divorce tant que son mari est en prison. Elle craint notamment que cela ne l’oblige à devoir quitter la maison achetée ensemble avec leurs enfants de 4, 6 et 15 ans.

Une lame de 25 cm

C’est finalement un matin de février 2018 que le mari trompé, animé, entend-on au tribunal, par la haine, la jalousie, la frustration et le désir de laver son honneur, déboule armé d’un couteau de cuisine au centre EVAM d’Ecublens où logeait son rival. Ce dernier est au téléphone avec son amante lorsque le prévenu frappe à la porte de sa chambre.

Une fois à l’intérieur, il le poignarde immédiatement à deux reprises avec une lame de 25 cm de long au flanc gauche puis, une fois tous les deux à terre, à quatre reprises dans le dos. Le malheureux décède peu après d’une hémorragie massive et de plaies viscérales.

«J’ai donné un coup, il est tombé par terre, c’est pourquoi je l’ai poignardé dans le dos encore», a expliqué l’accusé. Il se rappelle avoir été «choqué et paniqué» après les faits et s’être dit: «Pourquoi je suis venu ici, j’aurais dû aller travailler.»

Des témoins, présents sur les lieux immédiatement après le drame, l’ont en revanche décrit tour à tour comme «impassible» ou «fier». L’un d’eux a notamment expliqué que le meurtrier s’était frappé sur la poitrine avec orgueil pour revendiquer son geste.

Menaces de meurtre

Le prévenu, qui s’est exprimé au tribunal en tamoul via une interprète, avait plusieurs fois dit à des tiers qu’il pourrait tuer son rival à coups de couteau. A la barre, l’expert psychiatrique a souligné «l’aspect contrôlant mais l’absence de pathologie psychiatrique» de l’accusé. Il a aussi souligné le «risque de récidive accrue» et la «non-diminution de responsabilité».

Le procès se poursuivait mardi après-midi. Plaidoiries et réquisitoire sont prévus mercredi et le verdict devrait tomber lundi après-midi.

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