Solar Impulse a achevé mardi soir son premier vol intercontinental entre l'Europe et l'Afrique. L'avion solaire a atterri à 20h30 sur le tarmac de Payerne (VD) devant un millier de supporters.
Avec cette dernière étape effectuée par Bertrand Piccard de Madrid à Payerne via Toulouse, le premier vol intercontinental jamais réalisé par un avion solaire s'achève sur un succès, s'est réjoui le PDG de Solar Impulse André Borschberg lors d'une conférence.
La mission aller-retour pour le Maroc a comporté huit vols via Madrid, Rabat, Ouarzazate et Toulouse. Au total, l'appareil, dont le cockpit mono-place a été occupé tantôt par Bertrand Piccard, tantôt par André Borschberg a volé pendant treize heures et 29 minutes.
Suspense et froid
"Une équipe, deux continents, quatre pays, 6'000 kilomètres et des dizaines de milliers de Marocains qui ont vibré pour l'énergie solaire, voilà le voyage en résumé", a déclaré Bertrand Piccard. "Il y a eu beaucoup de suspense. Ce vol a été un hymne à l'impossible qui devient possible".
"On se met des limitations dans sa tête, mais on peut aller beaucoup plus loin quand on a la mobilisation et l'énergie", a-t-il ajouté. Le Maroc lui aussi veut essayer l'impossible en créant la plus grande centrale solaire du monde. "On avait d'ailleurs l'impression de demander l'asile énergétique dans ce pays", a-t-il souri.
Parmi les leçons de ce voyage, André Borschberg a souligné avoir eu très froid à 9'000 mètres d'altitude. "Nous avons aussi appris à reculer avec des vents poussant le prototype en arrière", a-t-il relevé.
Avion de voyage
L'avion test, le HB-SIA sera sans doute amené à accomplir d'autres missions, a ajouté André Borschberg. A Dübendorf, la construction du deuxième appareil dit de voyage, subit des retards en raison d'un longeron cassé, une pièce maîtresse de l'avion.
"On doit renforcer une partie de la structure. Cela nous laisse plus de temps à disposition pour préparer l'impossible", a déclaré André Borschberg. Le tour du monde en avion solaire est par ailleurs désormais prévu dans deux ans et demi, en 2015, a annoncé Bertrand Piccard.
Deux mois en route
Pour sa mission au Maroc réalisée à l'invitation de l'Agence marocaine pour l'énergie solaire, l'avion mû uniquement par le soleil s'était envolé le 24 mai, il y a deux mois jours pour jour, de Payerne, a rappelé André Borchberg. Il est ensuite passé par Madrid, avant de gagner Rabat et Ouarzazate au Maroc.
Lors de son retour, le prototype a atterri mardi dernier en France. Mercredi son départ de Toulouse a été reporté à cause d'une augmentation des vents aux abords du Jura. Pour la dernière étape, Bertrand Piccard a décollé mardi à 7 heures de Toulouse avant de regagner la Suisse.
Loyer des hangars
Interrogé sur la polémique concernant le loyer des hangars de Dübendorf et de Payerne que l'équipe de Solar Impulse devrait payer à la Confédération, Bertrand Piccard a répondu par une boutade: "Après deux mois enthousiasmants au Maroc, on nous rappelle tout de suite qu'on est en Suisse".
"Nous n'avons jamais reçu de factures pour des arriérés de loyers", a-t-il affirmé. "Il n'y a rien de vrai là-dedans. Ce sont des bruits qui ont été répandus", a souligné le Vaudois. "Nos relations avec la Confédération sont excellentes et nous allons trouver ensemble une manière de créer une base légale", a-t-il conclu.