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Senda Vogt défend son frère Skander et dénonce l'internement

Devant le tribunal à Renens (VD), Senda Vogt a défendu mardi la mémoire de son frère Skander, mort asphyxié dans sa cellule de Bochuz en mars 2010.

19 nov. 2013, 13:45
Senda Vogt, la soeur de Skander Vogt, sort pour la pause de midi lors du premier jour du proces de l'affaire Skander Vogt, devant le Tribunal correctionnel de la Broye et du Nord vaudois ce lundi 4 novembre 2013 a Renens pres de Lausanne. Neuf prevenus vont comparaitre des lundi devant la justice vaudoise pour leur role dans le deces de Skander Vogt, ce detenu mort a Bochuz en mars 2010 dans sa cellule apres avoir mis le feu a son matelas. Le proces, prevu sur pres d'un mois, va devoir etablir les responsabilites du personnel penitentiaire et des secours. La defense plaidera l'acquittement. (KEYSTONE/Jean-Christophe Bott)

Senda Vogt a défendu mardi la mémoire de son frère Skander, mort asphyxié dans sa cellule de Bochuz en mars 2010. Devant le tribunal à Renens (VD), elle a dénoncé les conditions de détention dans le pénitencier et le régime de l'internement qui l'a poussé à se révolter.

C'était un être humain, "il avait droit au bonheur", a déclaré Senda Vogt à l'issue de son audition. Quand Skander est monté sur le toit de Bochuz en 2008, il avait lancé un message: "Je ne suis pas fou, laissez-moi vivre", a-t-elle rappelé, émue à l'évocation du parcours de son frère.

"Pire qu'un terroriste"

"Ce n'était pas un enfant de choeur", mais "on a poussé sa dangerosité à l'extrême", on l'a traité "pire qu'un terroriste", a poursuivi Senda Vogt. "Personne n'a cité quelque chose de bien à propos de Skander Vogt", a-t-elle déploré en référence aux longues heures d'audience de ce procès commencé le 4 novembre.

Pour elle, la descente aux enfers de son frère est clairement due au régime de l'internement. "Cette colère noire est liée à ces 10 ans d'incarcération", a-t-elle affirmé.

Statut infernal

Skander Vogt avait été condamné en 2001 à 20 mois de prison notamment pour voies de fait, mais sa peine avait été transformée en internement. Pour Senda Vogt, il faut que chacun s'imagine vivre une telle situation: "10 ans de prison, on en parlera après", a-t-elle lancé à la cour et aux neuf prévenus.

"J'ai des cauchemars, je suis devant la porte de la cellule de Skander et je n'arrive pas à l'ouvrir", a raconté Senda Vogt. Après avoir mis le feu à son matelas durant la nuit du 10 au 11 mars 2010, Skander Vogt est resté enfermé dans sa cellule de haute sécurité, le personnel refusant d'entrer et de le sortir des fumées mortelles en raison de sa dangerosité et dans l'attente des forces spéciales (DARD).

Détestation incompréhensible

Senda Vogt s'est dit "dégoûtée" lorsqu'elle a découvert dans la presse la retranscription des dialogues durant la nuit fatale, en particulier les propos insultants des policiers. "Est-ce que l'on détestait mon frère à ce point, alors qu'il était en train de mourir. C'était quelque chose de très dur à comprendre, ça l'est toujours aujourd'hui".

Le décès de Skander Vogt était d'autant plus cruel qu'"une lueur d'espoir" était enfin apparue, selon Senda Vogt. Son frère pensait qu'une nouvelle expertise psychiatrique allait avoir lieu et que cela améliorerait son sort. "On faisait des projets", Skander Vogt pensait écrire un livre sur son histoire et voulait réaliser une ligne de vêtements à son nom.

Que des problèmes

"L'espoir était de nouveau là", a souligné Senda Vogt, malgré l'univers "très militaire, sans humanité" de Bochuz. Il avait "une peur bleue" de retourner dans ce pénitencier lorsqu'il a dû quitter celui de Lenzbourg. "Il était très inquiet" et peu après son retour, "il m'a dit: les problèmes commencent".

Senda Vogt a décrit le durcissement des conditions de détention de son frère. Il était dans un état "dégradé, je ne le reconnaissais plus". Tout semblait se transformer en problème à Bochuz, comme d'obtenir par exemple des soins dentaires, a-t-elle raconté. Le procès s'achève la semaine prochaine avec le réquisitoire et les plaidoiries.

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