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Suisses et pourtant mal aimés

Des Yéniches se sont installés sur un terrain, avec l'accord des autorités.

02 août 2012, 07:30
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jlaurent@lacote.ch

"On n'est pas comme ceux du Valais" , lance Gilda, faisant allusion aux Gitans qui se sont installés dans un champ à Muraz, le restituant souillé par des déchets et autres déjections humaines. Depuis un peu plus d'une semaine, six familles de Yéniches - des gens du voyage de nationalité suisse - se sont installées à Aubonne avec leurs caravanes. "La famille Ostertag nous a contactés par téléphone en disant qu'elle venait à Aubonne régulièrement, relève le syndic Luc-Etienne Rossier. Elle cherchait un emplacement pour ses sept caravanes. On en a discuté en Municipalité, certains municipaux se souviennent d'eux, et on a décidé de les accueillir pour quinze jours. On attend d'eux par contre qu'ils respectent les conditions qu'on leur a fixées."

Les familles de Yéniches sont installées sur un terrain communal, entre vignes et cimetière, moyennant une indemnité. A disposition: de l'eau potable, des w-c et la possibilité de s'alimenter en électricité. "Mais cela fait longtemps que l'on est équipé de toilettes chimiques et de douche dans nos caravanes" , précise François Ostertag père.

"Parce que nous aussi nous avons des caravanes, on nous prend pour des Roms français. On n'a rien à voir avec eux, on aimerait que les gens fassent la différence" , tempête Gilda . "On n'a pas le même mode de vie, les mêmes traditions, la même culture, on a un autre respect des gens", précise François fils, un jeune homme blond roux. "On est propres, lorsque nous aurons quitté l'emplacement, vous n'y trouverez pas toute la Coop par terre" , renchérit Gilda. "On souffre de la mauvaise réputation des Gitans" , regrette François père.

Difficile dès lors de trouver des emplacements après le passage de certains Roms français. "Pour les gens du voyage suisses, il n'y a aucune place officielle. Par contre on fait de la place pour les gens du voyage étrangers ", lancent-ils d'une même voix. Dans les faits, il n'y a effectivement pas assez de place pour tous les gens du voyage dans le canton - il y a une septantaine de terrains de transit officiels pour le double de caravanes. Et lorsque les Yéniches s'adressent aux communes pour s'installer sur des terrains non-officiels, ils essuient de nombreux refus, par amalgame.

En outre les Yéniches l'admettent, ils ne souhaitent pas cohabiter avec les Roms. "On ne s'entend pas avec eux et on ne souhaite pas se mélanger avec eux" , relève François père. Léonard Ostertag, le patriarche, arrivé en cours de conversation, ne mâche pas ses mots: " Ç a fait vingt ans que ça dure... On n'est pas racistes, mais on le devient. Les gens du voyage étrangers n'ont de respect ni pour la nature ni pour les personnes; en plus ils nous mangent notre travail, ils sont sans foi ni loi." Gilda ajoute: "Si la police nous dit de partir, on respecte ses ordres, les étrangers, ils ne font pas ça." Les Yéniches disent n'avoir qu'une revendication: que des emplacements leur soient réservés. "Cela fait vingt ans qu'on les demande et cela ne bouge pas, déplore Léonard Ostertag. On est des citoyens suisses, j'ai fait l'armée moi, Madame!" Le patriarche de la famille conclut tout de même sur une note positive: "On est heureux quand les gens font la différence entre les Gitans et nous. Un grand merci à ceux qui nous acceptent, comme ici à Aubonne ou avant à Nyon."

 

Le voyage dans la peau

 

Les Yéniches exercent les activités qu'ils ont héritées de leur tradition nomade, en faisant du porte-à-porte et en offrant leurs services en tant qu'aiguiseur, ferrailleur, réparateur de vieux meubles, de tondeuses... Le virus du nomadisme coule dans leur veine, sans qu'ils ne puissent l'expliquer. "On a toujours voyagé. Les Yéniches, c'est une culture de gens du voyage" , relève François père. "On me donnerait n'importe quelle autre vie que celle-là que je ne la prendrais pas, elle est tellement belle: on est libres, on change sans cesse de paysage, d'horizon, de canton" , précise Cindy, une jeune fille blonde de 17 ans. "C'est quelque chose qu'on a dans le sang. On est né, on a été élevé ainsi et on mourra dans une caravane" , renchérit Gilda.

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