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Tir fatal sur l'A1: le policier vaudois et le voleur français devant la justice

Deux des protagonistes du drame qui s'est déroulé il y a quatre ans dans le tunnel de Sévaz (FR) se sont retrouvés devant la justice lundi à Fribourg. Le verdict est attendu pour le 14 octobre.

06 oct. 2014, 19:01
L'incident s'est déroulé dans le tunnel de Sévaz.

L'affaire du tir fatal de l'autoroute A1 dans le tunnel de Sévaz (FR) occupe à nouveau la justice. Sur le banc des accusés: le voleur de voitures dont le passager est mort par balle près d'un barrage routier, et le policier qui a tiré.

Les deux prévenus se sont dits atterrés par les conséquences fatales de cette course-poursuite. Une bande de voleurs répartis dans trois voitures haut de gamme fuyaient les polices fribourgeoise et vaudoise une nuit d'avril 2010.

L'un de ces véhicules est entré à vive allure dans le tunnel fermé à la circulation, et roulait en direction du barrage devant lequel se trouvaient le policier et son collègue. L'agent a tiré avec son arme sept coups, dont l'un a touché le passager, qui est décédé sur place.

"Pour se protéger"

"J'ai l'impression que le véhicule me fonce dessus. Je n'ai pas le choix", a décrit le policier, un Vaudois qui aura bientôt 38 ans. En voyant deux phares et la calandre noire de l'Audi s'approcher à vive allure, il a tiré pour se protéger lui et son collègue, et non pour arrêter le véhicule, a-t-il expliqué.

Il visait le bas de la voiture. Il ne savait pas qu'il y avait un passager. Au moment de sortir les menottes, il aperçoit le passager qui a des spasmes sur le siège maculé de sang, mais ne sait pas que son tir en a été la cause. Il voit l'impact de la balle dans le pare-brise quand il s'approche pour lui porter assistance.

"C'est comme un avion de chasse qui nous arrive dessus", a décrit le collègue du prévenu, au sujet du bruit intense de l'Audi avec ses dix cylindres, amplifié par l'effet de résonance du tunnel. Il s'est senti "en danger de mort", d'autant qu'une transmission radio annonçait des fuyards à 250 km/h et déterminés à ne pas s'arrêter.

"Quelques secondes à peine"

L'adrénaline fait voir un objet en mouvement plus grand qu'il ne l'est en réalité, a détaillé un commissaire qui a supervisé des expertises complémentaires. Il a aussi rappelé l'extrême rapidité de l'événement qui s'est déroulé en quelques secondes à peine.

La voiture continuait de rouler malgré les avertissements: portiques limitant la vitesse à 80 km/h puis à 60 km/h, deux croix rouges à l'entrées du tunnel, et enfin la herse et la voiture de police avec deux gyrophares bleus, quatre feux jaunes clignotants et un panneau lumineux "stop", ainsi que les signes faits par les agents.

"Disproportionné de tirer"

"Nous ne nous attendions pas à nous retrouver devant un barrage. On était perdu, on ne savait pas quoi faire, on avançait par peur", a expliqué de son côté le conducteur, un Français de 23 ans. Il affirme avoir ralenti. "J'ai fait mon maximum pour l'éviter en me déportant sur la gauche, et je pensais qu'il se déporterait sur la droite."

La voiture passe à moins d'un mètre du policier et traverse la herse à 130 km/h. "J'ai pensé qu'il voulait nous abattre. S'il n'avait pas tiré, je me serais arrêté". "Chacun a sa part de responsabilité. A partir du moment où on a volé, on ne peut pas se permettre n'importe quoi. Mais je pense que c'était disproportionné de tirer", a dit le conducteur avant de fondre en larmes.

Vie contre vol

La famille du défunt - dont son frère jumeau qui faisait partie de la bande - était présente dans la salle. "Mon fils a volé une voiture. Lui, il a pris la vie de mon fils", a dit la mère à l'égard du policier. Elle a aussi déploré que, tout en évoquant l'impact du stress, celui-ci ne remette pas en cause sa manière de procéder.

Le Tribunal pénal de la Broye siège exceptionnellement à Fribourg. L'agent comparaît pour meurtre par dol éventuel (pas volontaire mais en connaissant le risque) ou homicide par négligence, et mise en danger de la vie d'autrui.

Le conducteur est accusé de mise en danger de la vie d'autrui, subsidiairement violence ou menace envers les autorités et les fonctionnaires, empêchement d’accomplir un acte officiel et violation grave des règles de la circulation routière. Réquisitoire et plaidoiries ont lieu mardi. Le verdict devrait tomber le 14 octobre.

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