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Un Vaudois fait vrombir le concurrent russe de Google en Europe

Le Suisse Bernard Lukey préside à la destinée européenne du moteur de recherche Yandex, le Google russe, depuis ses bureaux de Lucerne. Portrait d'un entrepreneur vaudois reconnu comme l'un des 100 patrons les plus influents de Russie.

30 juil. 2013, 10:03
Depuis 2011, Bernard Lukey dirige Yandex Europe, un concurrent de Google au niveau mondial.

Une grand-mère russe décédée deux ans avant sa naissance émigrant d'Odessa à Berlin lors de la révolution, une famille qui a fait le tour de l'Europe, fuyant les bombardements de la Deuxième Guerre mondiale à Berlin puis en Autriche et en Suisse: la saga familiale a marqué Bernard Lukey, né en 1969 à Blonay (VD).

Débuts chez Nestlé

Attiré par la langue et l'histoire russe, le licencié en sciences politiques de l'Université de Lausanne prend des cours du soir pour apprendre la langue de Pouchkine. Engagé chez Nestlé, sa passion lui fait franchir la Volga et dès 1996 il se fait engager par le patron moscovite de la multinationale.

L'entrepreneur se frotte rapidement aux écueils du marché russe. "Les deux premières années, la société a connu une expansion faramineuse", se remémore-t-il. "Ensuite, la dévaluation du rouble en 1998 a totalement changé le décor. Le prix des produits importés a grimpé de 200% en une seule nuit, les rendant invendables. Nestlé a fait preuve de courage en décidant de rester: elle s'est adaptée en produisant localement".

La famille d'abord

En 2000, Bernard Lukey est engagé par un des plus grands fonds de "private equity" en Russie, qui détient, entre autres, le géant des moteurs de recherche Yandex. Le commerce en ligne en est alors à ses balbutiements. Le Vaudois participe au premier investissement dans la start-up Ozon à St-Pétersbourg, qui va devenir rien moins que "l'Amazon" russe.

En 2002 cependant, c'est le retour à Blonay et chez Nestlé (dans sa filiale Nespresso) pour voir grandir ses deux enfants nés au début du millénaire. Quatre ans plus tard, l'appel de l'Est se fait à nouveau entendre et la famille repart à Moscou.

Lenteur postale

Bernard Lukey dirige cette fois-ci Ozon.ru, qui devient leader de la vente en ligne et élargit rapidement sa gamme de produits au suivant l’exemple d’Amazon.com. "Il s'agit d'un marché très particulier en Russie en raison de la lenteur de la poste et parce que les Russes ne paient jamais avec des cartes de crédit", explique-t-il. Pour surmonter ces obstacles, l'entreprise monte son propre réseau de distribution. Elle instaure aussi le "cash on delivery", soit le paiement à la livraison.

En 2010, le magazine "Kommersant" distingue Bernard Lukey comme l'un des 100 patrons les plus influents de Russie. Il est le seul étranger à figurer dans ce classement.

Mots-clés

Tout en restant président d'Ozon.ru, le Vaudois rejoint en 2011 le groupe Yandex, dont il ouvre la succursale suisse et devient directeur général pour l'Europe depuis sa base de Lucerne.

Peu connue hors du monde russophone, l'entreprise a été fondée à la fin des années 1990. Quatrième moteur de recherche mondial, le groupe détient aujourd'hui 62% du marché russe. Yandex est coté au Nasdaq, dont elle est l’entreprise européenne à la plus forte capitalisation. L'an dernier, elle a emmagasiné 947,1 millions de dollars, en hausse de 44% par rapport à 2011.

En Russie, douze millions d'internautes consultent chaque jour le moteur, ses cartes, ses dictionnaires, ses services. Ses revenus proviennent uniquement de la publicité en ligne, essentiellement par la vente de mots-clés, note Bernard Lukey.

Marché potentiel

De son siège lucernois, Bernard Lukey s'occupe également de développer la clientèle européenne intéressée par les potentialités du monde russophone: industrie du tourisme, du luxe ou les sites marchands qui exportent.

Outre la Russie, seuls trois pays ne sont pas sous la coupe du tout puissant Google: la Chine avec Baidu, la Corée du Sud avec Naver et la République tchèque avec Cessna. Dans ce cadre, Yandex, qui teste actuellement le marché turc, se profile comme un concurrent sérieux de Google au niveau mondial, estime l'entrepreneur.

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