La justice vaudoise confirme le recours de l'ancien patron de Neuchâtel Xamax Bulat Chagaev contre son renvoi de Suisse et de sa commune de résidence de St-Sulpice (VD). La Cour cantonale de droit administratif et public a reçu jeudi le document correspondant.
Impossible de se prononcer sur le délai de traitement d'un recours au moment de sa réception, a indiqué Liliane Beuggert, porte- parole de la Cour. Cela dépend du contenu du document et des points dont il requiert l'examen.
L'ancien dirigeant de Xamax disposait de cinq jours pour s'opposer à la décision de renvoi prise le 19 avril par le Service de la population du canton de Vaud. Bulat Chagaev a été prié de quitter la Suisse alors qu'il fait l'objet d'une enquête depuis la faillite du club de foot neuchâtelois, prononcée en janvier 2012.
Interview
L'enquête du procureur Pierre Aubert porte sur le délit présumé de gestion fautive de la part de l'ancien propriétaire tchétchène du club de Xamax. Dans une interview accordée aux quotidiens «La Tribune de Genève» et «24 Heures», ce dernier déclare qu'il souhaite rester en Suisse afin de prouver son innocence.
Selon ses déclarations à la presse, Bulat Chagaev rejette toute responsabilité dans le découvert de 24 millions de francs lié à la faillite du club. Tout au plus reconnaît-il un défaut de paiement de 3 millions correspondant à «trois mois de salaire aux joueurs et au personnel, ainsi qu'à diverses primes d'assurance».
Griefs
L'ancien dirigeant de Xamax affirme qu'il a été trompé. «On m'a vendu un club prétendument sans dettes», déclare-t-il. Il accuse aussi le Crédit Suisse, la banque Raiffeisen et PostFinance de lui avoir bloqué ses comptes en Suisse, alors que personne ne trouvait à redire à leur existence depuis 18 ans.
Bulat Chagaev nie qu'il souhaite rester en Suisse parce que sa sécurité serait menacée dans son pays d'origine. «J'ai peut-être des contentieux en Tchétchénie, mais ne me sens pas en danger ni à Grozny ni à Moscou», déclare-t-il.
A Neuchâtel
La semaine dernière, le Ministère public neuchâtelois avait indiqué que la date du procès de l'ancien dirigeant de Xamax n'était pas encore fixée. Il a rappelé à ce sujet la longueur des procédures d'enquête liées à des délits économiques présumés.
Le procureur Pierre Aubert avait estimé aussi que l'intention de l'homme d'affaires tchétchène de recourir contre son renvoi de Suisse était compréhensible. Il est normal que ce dernier puisse se déterminer sur les résultats de l'enquête à mesure de la progression de celle-ci.
Paroles contre documents
Un prévenu n'est pas tenu de collaborer avec la justice, avait rappelé le procureur. S'agissant de l'enquête relative à Neuchâtel Xamax, Pierre Aubert avait souligné que «les documents saisis au moment de la faillite permettent une meilleure appréciation de la situation que les déclarations de M. Chagaev».