L'emploi dans le canton de Vaud n'a jusqu'ici pas souffert de la transition numérique. De nombreux enjeux restent toutefois à relever pour limiter son impact dans les années à venir, selon le nouveau numéro de la collection "Prospectif" de Statistique Vaud.
Entre 2001 et 2018, années marquées par l'apparition des nouvelles technologies numériques, l'emploi a progressé de 30% dans le canton de Vaud, a indiqué lundi devant la presse Carole Martin, cheffe de projet à Statistique Vaud. L'organe ne donne pas de prévision chiffrée pour le canton, mais souligne que, selon des études menées pour toute la Suisse, l'effet sur l'emploi se situera entre -5% et +5% entre 2014 et 2030.
Infographies: Statistique Vaud.
Cela dépendra notamment des entreprises actives dans chaque canton, entre branches qui vont perdre des postes de travail (commerce, industrie, finance et assurance) et celles qui vont en gagner (informatique, ingénierie, santé). Sur ce plan, le canton de Vaud est "bien positionné" et subira "un impact négatif plus faible" que la moyenne suisse, a estimé Mme Martin.
Même s'il faut "rester humble", Pascal Broulis, le ministre de tutelle des statistiques cantonales, a affirmé que Vaud pouvait s'appuyer sur "un socle fort" pour affronter les défis liés à la transition numérique. Il a notamment cité la qualité de la formation avec la présence de plusieurs hautes écoles en terre vaudoise.
Carole Martin a renchéri en soulignant l'importance de favoriser la reconversion professionnelle pour minimiser les "poches de chômage" qui pourraient apparaître dans certaines branches. De même, la formation continue doit être accessible à tous, pas uniquement aux personnes déjà bien formées, afin de ne pas creuser les inégalités. Chaque travailleur devra avoir "un bagage généraliste" en matière d'outils numériques, a ajouté Pascal Broulis.
Risque
Outre la formation, il s'agira de trouver des solutions à un marché du travail bouleversé par une flexibilisation des horaires et des lieux de travail. "Il faudra permettre aux entreprises de bénéficier des avantages de la numérisation tout en assurant une protection aux employés", a dit Mme Martin, citant le droit à la déconnexion comme éventuelle nouvelle forme de protection.
Les questions de fiscalité, de compétitivité des entreprises ou de soutien à l'innovation ont aussi été relevées parmi les clefs à cette transition numérique. "Le canton de Vaud n'a pas de lacune particulière. Nous avons toutes les bonnes pièces à disposition, mais il faut encore assembler le puzzle", a affirmé Mme Martin. Elle a toutefois prévenu qu'il existait "toujours un risque que ça se passe mal".
Ce risque pourrait être la pandémie de coronavirus, a estimé Pascal Broulis. Si la crise devait devenir structurelle (et non plus conjoncturelle), plusieurs dérives pourraient se présenter, comme le recours au numérique en tant qu'outil de contrôle ou la fermeture des frontières, a-t-il indiqué.
Le passage au tout numérique engendré par la crise pourrait aussi plomber des secteurs entiers. "Cela pourrait par exemple être le cas de l'hôtellerie de plaine qui dépend de l'organisation de séminaires", a remarqué M. Broulis.
Huitième numéro
L'étude publiée lundi par Statistique Vaud doit justement permettre d'anticiper les enjeux de demain et d'accompagner les décisions politiques d'aujourd'hui, a commenté le conseiller d'Etat. Ce numéro consacré à l'emploi et la transition numérique était le 8e de la série Prospectif, après notamment des volets consacrés aux logements des séniors et aux nouvelles formes de démocratie.