«C’était une super aventure. Je n’ai jamais vécu quelque chose comme ça auparavant.» Le 3 octobre dernier, Elin Larsen Glen, 52 ans, a couru le premier marathon de sa vie. Et pas n’importe lequel: le prestigieux marathon de Londres. Une jolie performance, surtout quand on sait que, depuis près de trois ans, la Glandoise ne vit plus qu’avec un seul rein.

L’autre, elle en a fait don le 31 octobre 2018 à Catherine, sa meilleure amie, qui vit en Nouvelle-Zélande. Un cadeau inestimable, qui a nécessité une lourde opération, suivie d’une longue convalescence.

«Là, ça redevient normal, sourit Elin. Le plus dur, c’est la fatigue. Pendant dix-huit mois, elle me tombait dessus d’un seul coup. A ne plus pouvoir bouger un doigt! J’ai appris à gérer. Et la course à pied a bien contribué à ce que ça aille mieux.»

Tout ça grâce à une montre connectée

La course, elle s’y est mise six mois après l’intervention, à la suite d’un cadeau reçu pour ses 50 ans: une montre de sport connectée. «Comme je n’aime pas le gaspillage, je voulais vraiment l’utiliser, Alors je me suis mise à courir. Mais ce n’est pas cet exercice en soi qui m’a plu. Plutôt la sensation de bien-être qui vous envahit après.»

Elin Larsen Glen (3e depuis la gauche) a fait partie des 42 000 élus qui ont pu obtenir un dossard cette année. Photo: Marathon Photos

Courir sans objectif n’étant pas son truc, elle s’en est fixé un. Et tout de suite, elle a pensé au marathon de Londres, elle qui a vécu pendant des années à 300 m de la ligne de départ. «A l’époque, quand je voyais les participants, je me disais: ils sont fous, ces gens!» rigole-t-elle.

Encore fallait-il obtenir un dossard: chaque année, plus de 400 000 demandes sont faites pour tenter d’obtenir un des 42 000 sésames. Mais après une tentative infructueuse pour 2019, son vœu a été exaucé pour 2021.

«Cette fois, je me suis dit que j’allais le faire pour une œuvre de charité, Kidney Care. J’ai expliqué ce projet et j’ai été prise» raconte Elin Larsen, qui ne pouvait être plus heureuse que la course retrouve son cadre habituel après une édition 2020 tenue virtuellement.

Une ambiance hors du commun

«Ça, je n’aurais jamais pu, confie l’intéressée. Le jour de la course, les spectateurs, l’ambiance, c’est tellement incroyable. Quand tu n’en peux plus, c’est vraiment ça qui te porte. Tu entends des gens qui t’encouragent: «Vas-y Elin!», «Tu peux y arriver, Elin!» C’est extraordinaire. J’ai compris ce que ressentent les sportifs qui prennent part aux Jeux olympiques. En virtuel, toute seule, je n’aurais jamais terminé.»

Jamais je n’ai imaginé renoncer. Même à quatre pattes j’y serais allée!

Elin Larsen participante du marathon de Londres

Pour aller au bout de son défi, elle a osé se lancer dans l’inconnue, elle qui n’avait jusque-là jamais couru plus de 23 km. Elle a également surmonté un obstacle érigé par son propre corps trois mois avant la course. Des problèmes de hanche qui l’ont contrainte à interrompre son entraînement durant plusieurs semaines. «Ma physio a très bien travaillé, glisse Elin. Mais jamais je n’ai imaginé renoncer. Même à quatre pattes j’y serais allée!»

Outre l’ambiance incroyablement festive – «il y a de la musique un peu partout, on court mais on danse aussi en même temps» – ce que la Glandoise retient avant tout, c’est la grande solidarité qui unit les participants. «On ne se connaît pas et d’un seul coup, on se fait des amis pour la vie. J’ai couru les 23 premiers km avec une jeune fille. C’était sa première fois et on a papoté tout le long. Je ne savais même pas que j’étais capable de parler en courant!»

New York et l’Escalade dans un coin de la tête

Physiquement, la deuxième moitié de l’épreuve s’est révélée plus délicate pour la sportive lémanique, avec notamment une crampe au mollet qui l’a amenée à alterner course et marche. «A un moment donné, on a eu dix minutes de pluie, avec du vent. Là, c’était dur… Mais je ne pouvais pas abandonner si près du but. Et à un peu plus de 500 m de l’arrivée, ma fille et mon meilleur ami, qui étaient venus m’encourager à deux autres endroits, étaient là, avec un grand drapeau norvégien que j’ai ensuite porté jusqu’à l’arrivée. C’était trop bien.»

C’est le drapeau norvégien sur le dos qu’Elin a effectué les dernières centaines de mètre du parcours. Photo: Marathon Photos

Elin Larsen Glen a bouclé son périple à la 30 305e place après 5h31 d’effort. Et si le soir même elle ne pouvait plus marcher, deux jours plus tard, elle était tellement ravie de l’expérience qu’elle s’est dit: et maintenant, pourquoi pas New York?

«Ce serait super, même si je préfère quand même les courses plus courtes, sourit-elle. Du coup, j’ai aussi pensé à l’Escalade. J’ai deux personnes dans mon entourage qui courent, je vais essayer de les motiver.»

Gland: 3 ans après avoir donné un rein, elle court le marathon de Londres

Le 31 octobre 2018, Elin Larsen Glen faisait don d’un rein à sa meilleure amie en Nouvelle-Zélande. Presque trois ans plus tard, la Glandoise a marqué le coup en participant au marathon de Londres.