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"Paris me montre le chemin qu'il me reste à faire"

Depuis octobre, Ellen Sprunger s'entraîne à l'INSEP. Pour franchir une étape en vue des championnats d'Europe à Zurich, en août.

12 févr. 2014, 00:01
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Tout s'est enchaîné " super- vite " l'automne passé. Ellen Sprunger a décidé de quitter la Suisse pour Paris, sa nouvelle base d'entraînement. Dans la Ville Lumière, elle a intégré le groupe de Sébastien Levicq et partage son quotidien avec la championne d'Europe d'heptathlon, la Française Antoinette Nana Djimou.

S'entraîner avec Nana Djimou, ça pousse en avant, non?

Oui! Ces deux dernières sai sons, j'ai été élue athlète suisse de l'année, mais au fond de moi je savais qu'il y avait encore du bou lot. A Paris, je me retrouve dans un milieu où je ne suis plus la première à l'entraînement mais la dernière du groupe. Je voulais rechercher la difficulté et voir le chemin qu'il me reste à faire pour franchir une nouvelle étape.

Est-ce la principale motivation de ce changement de structure?

Après les Mondiaux de Mos cou, je me suis retrouvée sans solution. Mon ancien entraîneur ne pouvait plus m'accorder le temps voulu, pour des raisons professionnelles et privées. Cela a été l'occasion d'effectuer un grand changement, d'autant qu'il n'y avait pas une solution aussi complète que l'INSEP en Suisse. La fédé ration helvétique m'a encoura gé, soutenu et proposé cette option- là. J'ai rencontré Sébastien Le vicq (ndlr: son nouveau coach) mi-septembre, et en octobre j'étais à Paris. Comme les filles du groupe, Sébastien a de suite été ouvert, et convaincu qu'il pouvait faire quelque chose de bien avec moi.

Comment s'articule le travail?

Il y a de gros changements dans l'approche; de nouveaux mots sur de nouveaux gestes. J'en suis à la phase où je vois beaucoup mieux ce que je suis censée faire dans chaque discipline technique. J'ai une image plus nette, et parfois un ressenti. Mais il y a encore beaucoup d'anciens automatismes à effacer. Je suis donc très présente mentalement à l'en traînement, car c'est encore très réfléchi.

L'accent est-il mis sur une discipline en particulier?

Non, il y a du boulot partout.

Ce gros changement n'est-il pas effrayant à quelques mois des Européens de Zurich?

Honnêtement, il m'a fait moins peur au début que maintenant. Au départ j'étais super excitée, là je me rends compte du chemin qu'il y a encore à faire. Cette décision, c'est quitte ou double. Ce changement va de toute façon, sur la durée, me faire progresser. La question est de savoir si en une année j'arriverai à tout assimi ler? Dans quelle mesure peut- on tout chambouler, ou non? C'était un risque à prendre, encore mainte nant j'en ai conscience, mais je me mets aussi une "deadline" si cela ne fonctionnait pas. Car je ne peux pas me permettre de "m'acharner" et tout casser.

C'est-à-dire?

Tous les changements sont très intéressants et sont, pour moi, la voie à suivre. Mais il faut, dit-on, deux ans pour que tout se mette en place. J'ai des exemples de gens pour qui cela a marché en un an. J'ai vraiment confiance que cela fasse "clic". Parce qu'il y a certaines séances où, d'un coup, un saut passe, je me dis que "OK j'en suis capable". Mais entre mes automatismes et ce que je veux faire, neuf fois sur dix l'ensemble ne donne rien. Je me fais ramas ser là-dessus, en ce mo ment. En même temps, je n'avais pas d'au tres choix; je me suis dit: "C'est une occasion en or et tu n'as pas mieux à la maison, vas-y!"

Cette "deadline", est-elle fixée ou s'agira-t-il d'un ressenti?

Ça sera au ressenti, je suis quand même obligée de laisser le temps au temps. Si je perds tous mes repères parce que je suis trop chamboulée, faudra voir. Pour le relais aussi, je n'ai pas envie de manquer cette occasion. Mais on n'en est pas là du tout! Là je viens tous les jours à l'entraînement en pensant que cela va m'apporter quelque chose pour Zurich.

Partir à l'étranger, est-ce aussi fuir la pression?

Ici, je suis dans ma bulle. Zu rich, j'y pense, mais je ne vois pas les affiches avec nos têtes dans le train tous les jours. Cela reste l'objectif principal de ma carrière et chaque entraînement, chaque pas ou chaque petit moment où ça se passe mal sont directement associés à l'heptathlon de Zurich.

Cette année, la situation est-elle comparable à 2012?

C'est un peu similaire à 2012, avec les JO. A la différence que Londres, c'était un rêve qui n'était pas acquis; on n'avait rien à per dre. Là, on est déjà qualifiées avec l'envie d'être en grande forme le jour J. Il y a une pression supplémentaire. A Zurich, il y aura des gens dans les gradins pour nous; à Londres personne n'avait pris son billet à l'avance (sourire) .

Des moments d'impatience?

Oui, tout le temps! Je suis de nature impatiente et exigeante; je fais un travail sur moi monstrueux. Paris m'apporte la prise de conscience de tout ce que je ne sais pas faire! Il y a des moments de dépit, mais aussi des moments d'espoirs où je me rends compte que des choses passent, il faut que je me raccroche à ces quelques sauts, ces quelques lancers. Je dois patienter, or j'ai l'impression que le temps passe trop vite. Se mettre dans la difficulté est pourtant intéressant, l'avenir me dira si j'ai eu raison ou non. J'avais conscience que j'avais des lacunes techniques, et j'arrivais à un stade où ça me frustrait trop de tout miser sur ma vitesse.

Le travail mental est énorme?

Mentalement, c'est plus dur. Je me réjouis du printemps, sortir bouquiner après l'entraînement. J'aurais aussi mon mémoire à rédiger. A Paris, je combats mes frustrations, à l'entraînement ou pour le shopping, car j'ai peu de moyens. La bonne ambiance dans le groupe me permet de relativiser et lâcher prise. Et quand je vois Antoinette Nana Djimou passer des haies, je me dis "voilà ce qu'il reste à faire".

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