sports@lacote.ch
Voilà un mois déjà que les Pranginois ont retrouvé leur alpiniste de postier! Daniel Perler avait pris l'air à la mi-décembre pour accomplir la première partie de son pari un peu fou: escalader 60 sommets de plus de 6000 mètres dans la Cordillère des Andes. Son retour est accompagné d'une question récurrente: "Alors, combien?" " Cet objectif de gravir 60 sommets n'a de sens que comme le moteur dont tout projet a besoin. Il faut être conscient qu'entre l'organisation du voyage sur le papier, peaufinée depuis deux ans à 11 000 km du lieu de l'expédition et la réalité sur le terrain, il y a justement ces 11 000 km ", précise-t-il d'entrée.
Sur place même le plus aguerri des alpinistes et la mieux préparée des expéditions ne sont pas à l'abri des impondérables. Quelques grains de sable n'ont donc pas manqué de se glisser dans la machine pour que le compteur de Daniel Perler s'arrête à 22 sommets gravis lors de son premier voyage de trois mois.
Météo, politique et mécanique en obstacles
Le premier élément qui est venu perturber les plans du grimpeur pranginois est la météo. Il a fallu faire avec des routes détruites par les pluies et des montagnes parfois recouvertes de neige dès 4500 mètres d'altitude. Le second élément qui a obligé le Vaudois à modifier ses plans est d'ordre plus politique. La Cordillère possède d'importantes ressources minières et les compagnies qui les exploitent interdisent l'accès à certaines montagnes.
A ces aléas se sont ajoutés des problèmes mécaniques. Le rutilant 4X4 piloté par Hernan - le guide chilien trouvé par internet - ne s'est pas avéré aussi fiable que prévu. Une panne récurrente de radiateur obligea l'équipage à s'arrêter tous les cinq kilomètres pour ajouter deux litres d'eau et à se déplacer en permanence avec une réserve de quelque 160 litres du précieux liquide. " Les trajets initialement planifiés à 2 heures ont fini par nous prendre plus d'une journée! Après deux semaines de voyage, je me disais que si je parvenais à accomplir trois sommets sur les 30 prévus, je pourrais m'estimer content ", concède Daniel Perler. Ce n'est qu'après un mois que le postier s'est finalement résolu à demander à son guide un retour à Mendoza, pour effectuer un changement de véhicule. A ce moment du voyage, il avait déjà gravi 13 sommets. Il lui en restait donc 17 pour atteindre son objectif, parmi lesquels l'Aconcagua.
Le plus haut sommet des Amériques n'était pas une première pour l'Helvète. Mais le camp de base quitté pour la dernière fois il y a 15 ans ne ressemblait en rien à ce qu'il y a découvert en 2012. " A l'époque, tu y trouvais 200 alpinistes chevronnés, aujourd'hui il y a en permanence 1500 personnes. C'est devenu une petite ville où tu peux absolument tout trouver...même la galerie d'art la plus haute de la planète! "
Aventure humaine
Au-delà de l'objectif sportif, l'aventure humaine est sans doute celle qui laisse à ce passionné le plus de traces. Il y a Hernan, le guide chilien, compagnon de route durant ces trois mois à sillonner le Chili et l'Argentine. Il y a aussi eu des retrouvailles. Daniel Perler avait ainsi rendez-vous avec ses compagnons de cordée de 1982: Eric Christinet et Roland Wolf. Trente ans après le Mont McKinley, les trois hommes se sont offert une nouvelle occasion de prendre ensemble le chemin des sommets. Séquence émotion. Et il y a encore, la venue de Pascal Bourquin, journaliste à la RTS, qui l'accompagnera sur les pentes de l'Aconcagua et au sommet de trois autres 6000. Lui donnant l'occasion unique de pouvoir offrir à ceux restés au pays quelques magnifiques images de son périple. " L'aventure n'a de sens que si elle peut être partagée. J'étais à peine parti que je me réjouissais déjà du retour et des mille et un souvenirs que j'aurai à raconter ."
Reste une dernière question: "Et la suite?" A peine rentré, Daniel Perler planche d'ores et déjà sur son prochain départ. Sur les 102 sommets de plus de 6000 mètres de la Cordillère des Andes, 22 ont déjà reçu sa visite. Il lui faudra en choisir 38 sur les 80 restants pour mener à bien son projet.