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Le Bodzéran Sébastien Loeb se confie à l'aube de la reprise du championnat du monde

A l'aube d'une saison qui pourrait être sa dernière, Sébastien Loeb peut viser une neuvième couronne. Simple et très attaché à la région, le Français de Bougy-Villars parle de ses doutes et de ses motivations. Il se livre sans détour.

12 janv. 2012, 06:33
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Résident de Bougy-Villars depuis 2006, Sébastien Loeb (37 ans) se plaît dans la région. L’octuple (!) champion du monde de rallye s’apprête à disputer ce qui pourrait être sa dernière saison en championnat du monde. Si sa communication est habituellement gérée par Citroën, le multi-recordman de sa discipline a accepté de se livrer pour La Côte. Entre deux expressos, «Séb» ne rechigne pas à poser sur la Vespa du White Bar à Rolle pour la photo. Entretien sans détour avec un pilote aimable à quelques jours de l’ouverture de la saison à Monte Carlo.

Vous reprenez prochainement le championnat du monde. Avez-vous tout de même pu profiter de quelques jours de vacances?

Oui, quand-même. Le championnat s’est terminé mi-novembre et j’ai ensuite encore travaillé jusqu’au 18 décembre, pour Citroën, mon écurie ou participer à toutes sortes d’événements. J’ai pu profiter de vacances jusqu’à cette semaine. On est allé dans la famille de ma femme en Lorraine pour Noël et fêter Nouvel-an avec les potes.

En 2011, vous avez remporté votre huitième titre de champion de monde. Gardez-vous la même motivation?

Je ne suis pas spécialement à la recherche motivation. Pour moi, quand je suis dans la voiture, ça va tout seul. C’est pour cela que je continue. Le jour où ça ne sera plus le cas, j’arrêterai. Mais je n’ai pas besoin de motivation particulière. Par contre, il est vrai que je n’ai plus forcément la même envie que lorsque je visais mon premier titre. Désormais, je cherche juste à me faire plaisir. De leur côté, les gens attendent que je perde.

C'est extraordinaire d’avoir été huit fois champion du monde. Je n’aurais jamais imaginé avoir un tel palmarès. Je prévois d’honorer mon contrat avec Citroën, qui est de deux ans avec une clause de sortie après cette année. Je ne pense vraiment pas aller plus loin.

La saison passée, l’acquisition du titre n’a pas été de tout repos (couronnement lors du dernier rallye seulement, avec huit points d’avance sur Hirvonen). Comment expliquez-vous cela?

Ce n’était peut-être pas mon titre le plus difficile. Je pense que la nouvelle réglementation a resserré quelque peu les écarts. Par ailleurs, Latvala et Ogier étaient au top. Il y avait plus de concurrence qu’auparavant. Je me retrouvais habituellement avec un seul adversaire pour les victoires et s’il abandonnait, il me suffisait d’assurer. En 2011, c’était plus compliqué, il fallait se battre en permanence.

Cette saison, vous avez connu des moments difficiles avec votre coéquipier Sébastien Ogier…

Je pense que c’était plus dans la presse que dans la réalité. Le moment où c’était le plus chaud, c’était après le rallye de Grèce, où l’équipe l’avait aidé à me rejoindre. De fait, j’avais marqué moins de points au championnat, ce qui je crois aurait pu avoir des mauvaises conséquences. Mais moi je n’ai pas de problème avec lui. On a d’ailleurs partagé un repas avec nos copilotes en fin de saison et il n’est pas exclu qu’on se voit hors des courses cette l’année. On a vu beaucoup de conneries dans les journaux, mais ce n’était pas bien grave.

Le voyez-vous comme votre successeur?

Oui. Je trouve que lui et Latvala sont les meilleurs en vitesse.

Pour cette saison, vous avez donc un nouveau coéquipier, à savoir Mikko Hirvonen, qui a été votre principal contradicteur ces dernières années. Appréhendez-vous cette collaboration?

Non, je pense vraiment que ça va bien se passer. Pour l’instant, on n’a pas encore vraiment eu l’occasion de se côtoyer car les essais de la voiture s’effectuent séparément. C’est chacun notre tour. Mais je crois qu’il soit chez Ford ou chez Citroën ne change pas grand-chose au final.

Les dirigeants de l’équipe Citroën ont récemment déclaré qu’il n’y avait pas de numéro un pour l’instant. Trouvez-vous cela normal?

Cela avait posé problème l’an passé. Mais je crois qu’en début de saison, il faut qu’on soit sur un pied d’égalité. Chacun doit pouvoir jouer sa carte. C’est seulement qu’à un moment donné, il faut peut-être conforter la place du pilote qui est le plus devant. Après un certain nombre de courses, il faut peut-être définir qui va être le numéro un.

Qui seront vos principaux adversaires en 2012?

Latvala, Hirvonen et peut-être Solberg, qui devrait avoir une voiture compétitive. Mais je suis confiant, d’autant qu’en fin d’année, on avait une «caisse» qui roulait vraiment bien.

Après trois ans d’absence, le rallye du Monte Carlo va à nouveau ouvrir la saison. Êtes-vous content d’y retourner?

Oui, bien sûr. Je crois que c’était une idiotie de le sortir du championnat. Les nouveaux dirigeants ont tout fait pour qu’il revienne au mondial. C’est un rallye qui m’a souvent réussi. En plus, on est devant notre public. C’est aussi un plaisir particulier pour Daniel (ndlr: Elena, son copilote monégasque).

Avez-vous déjà pensé à arrêter votre carrière?

Oui, je me suis posé la question. J’ai notamment eu l’idée de concourir dans d’autres catégories, à l’image du DTM. J’ai eu des contacts de toutes sortes depuis le début de l’an passé. Le fait d’arrêter le rallye n’était de loin pas exclu. Mais je n’avais pas envie de me retrouver sur mon canapé. Donc, après des négociations avec VW, qui se lance dans le rallye et Citroën, j’ai choisi de rester avec la marque aux chevrons. J’ai failli partir, mais Citroën m’a convaincu de rester.

J’ai aussi réfléchi à ma reconversion, c’est notamment pour cela que j’ai créé mon team en endurance. Lorsque j'aurais 45 ans, même si je ne conduis plus, j’ai envie de faire quelque chose dans un univers qui me plaît.

Justement, allez-vous rester dans le monde du rallye?

Pas forcément. Je souhaite plutôt opter pour le circuit, découvrir un nouvel univers. C’est plus facile, lorsque tu es à la retraite de découvrir une nouvelle discipline que de te retrouver dans un monde où tu étais auparavant pilote.

En 2009, vous aviez failli participer à un Grand Prix de Formule 1. Le regrettez-vous?

Non, ce n’est pas un gros regret. Je ne sais pas si j’aurais été compétitif car c’est une toute autre discipline qui nécessite un temps d’adaptation. On a bien vu que Kimi Räikkönen n’a pas réussi à jouer les premiers rôles en rallye même après deux ans. Ce qu’il y a, c’est que j’avais eu l’occasion d’effectuer des essais en formules après l’un de mes titres de champion du monde. J’avais alors réalisé des temps plus qu’honorables en me situant en milieu de classement. C’est à partir de là qu’étais née l’idée de la participation à un Grand Prix. Quoiqu’il arrive, ces essais resteront une expérience très sympathique.

Sinon, que pensez-vous de participer au Dakar?

Pourquoi pas une fois. C’est quelque chose que j’aurais bien fait tranquillement avec un pote. Mais je sais que si j’y vais, on attendra que je fasse un bon résultat.

Vous êtes une nouvelle fois le sportif préféré des Français, selon l’Equipe Magazine. Que vous inspire cette récompense?

(Sourire) Elle me fait très plaisir. Cela fait toujours plaisir d’être apprécié et reconnu, même si ce n’est pas ce que je recherche.

Le rallye n’est pas un sport extrêmement médiatisé, notamment au niveau télévisuel. Trouvez-vous cela dommage?

C’est sûr que pour les constructeurs et une partie de l’entourage, c’est embêtant. Il est clair que cela serait mieux pour le sport s’il était plus souvent mis en avant. Mais pour la télévision, les choses sont compliquées et ne vont pas en s’arrangeant puisqu’actuellement, il n’y a pas de promoteur pour le WRC. Cependant, je pense que par rapport à d’autres sports comme la gymnastique, nous sommes déjà bien médiatisés. Ces sports demandent parfois bien plus d’entraînement, notamment physique et ne sont guère suivi. C’est parfois dommage.

Personnellement par contre, je ne regrette pas cette «sous-médiatisation». Je ne voudrais pas être une star qui ne peut plus sortir tranquillement.

Justement, voyez-vous une différence lorsque vous vous promenez en France ou en Suisse?

Oui, carrément. En France, on m’accoste très souvent. En Suisse, les gens me laissent généralement tranquille.

Est-ce une des raisons qui vous a fait choisir d’habituer à Bougy-Villars?

Oui. Mais La Côte est une région que j’aime vraiment bien. Et j’apprécie beaucoup Bougy-Villars et la vue qu’on y a. Je préfère d’ailleurs même cet endroit à une villa au bord du lac. De plus, toutes les commodités sont proches. Il y a l’aéroport, le lac et les montagnes. Je pratique souvent le ski de fond au Marchairuz. Par ailleurs, nous sommes à seulement une heure des grandes stations de ski. Nous ne sommes également pas loin du sud de la France ou de l’Alsace, d’où je viens. Les écoles sont également meilleures, c’est bien pour notre fille de 4 ans. Et il est clair que l’aspect financier a joué un rôle au début.

Vous avez également un hélicoptère. Vous le pilotez?

Oui, c’est moi. Je le pose à Genève car je n’ai pas le droit de le poser chez moi. C’est d’ailleurs peut-être la seule raison qui pourrait me faire déménager. Je peux toutefois me poser parfois au dessus du Signal de Bougy, chez un agriculteur. C’est très agréable, mais je ne vole pas très souvent. Par contre, il peut être très pratique pour se rendre dans le sud de la France ou en Alsace. Le seul problème est qu’on ne peut pas voler s’il y a trop de nuages.

Profitez-vous de sortir un peu dans les alentours?

Oui, il y a plusieurs restaurants très sympas. Sinon, je vais parfois à Lausanne et notamment au Flon.

Après votre carrière, allez-vous rester dans la région?

C’est tout à fait possible. On s’y sent très bien avec ma femme.

Et vous n’êtes pas le seul dans la région…

Non en effet. Mon copilote monégasque Daniel Elena vit à Bursins, alors qu’il pourrait bénéficier de conditions certainement aussi avantageuses à Monaco. De plus, Sébastien Ogier habite à Aubonne, son copilote à Saint-Livres. Il y en a également plein d’autres.

A propos, comment se passe votre relation avec votre copilote Daniel Elena?

Ça se passe très bien. Il n’y a jamais eu de raison de changer. Nous nous sommes rencontrés sur un rallye en 1997, et sommes finalement partis ensemble en 1998.

Les copilotes sont souvent mis en retrait. Qu’en pensez-vous?

Il est clair qu’ils peuvent parfois être frustrés. Mais c’est tout de même le pilote qui a le rôle principal. C’est moi qui dicte les notes au copilote lors de la reconnaissance. Après, celui-ci doit me les dire au bon moment. Ce que fait très bien Daniel. Il faut une relation de confiance. Mais dans le rallye, d’autres personnes comme les mécaniciens ou les ingénieurs mériteraient plus de connaissance.

Vous avez également disputé quelques petits rallyes avec votre femme comme copilote. Comment cela s’est passé?

Avant le premier rallye, nous avons connu quelques petites embrouilles. Je lui en demandais peut-être trop. Mais tout s’est finalement bien passé. Cependant, avec elle ce n’est pas pareil. Je ne pilote pas vraiment de la même manière.

Et le rallye reste un sport dangereux. N’avez-vous pas peur des accidents?

Je suis conscient qu’il y a des risques. Mais lorsqu’un accident arrive, tu n’as pas le temps d’avoir peur. En fait, tu n’y pense pas.

 

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