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«Sur ma moto, je vis ma vie à fond»

Champion suisse 2016 de course de côte, le Saint-Preyard Alex Ruggieri vit au rythme de son deux-roues.

19 janv. 2017, 00:22
Saint-Prex, jeudi 12 janvier 2016, portrait d'Alex Ruggieri, motard, champion suisse de courses de côte en moto, photos Cédric Sandoz

arnaud david

arnaud.david@lacote.ch

En décrochant le titre de champion suisse de la montagne dans la catégorie 600 cm3 en septembre dernier, Alex Ruggieri a réalisé un de ses rêves. «C’était magique. Ces dernières saisons, j’ai fait 8e, 6e.... En 2015, je jouais un podium. J’ai pris des risques, ça n’a pas passé. Mais cette année, j’ai enchaîné les coupes à toutes les courses avec le titre au bout. J’ai aussi eu de la chance, le champion suisse 2015 était passé en 1000 cm3. Et un autre pilote, plus rapide que moi, s’est gravement blessé en début de saison. Heureusement, il s’est bien remis et il va reprendre la compétition», raconte le Saint-Preyard de 33 ans, par ailleurs quatrième du championnat d’Europe.

A l’évocation de cette saison pratiquement idéale, qu’elle semble loin cette moto reçue en cadeau à l’âge de 8 ans. La première d’une longue série de deux-roues qui ont emmené le motard de La Côte sur le chemin de sa passion. «Depuis mes 7 ans, je pense à la moto tous les jours. C’est une raison de vivre, une mentalité, une psychologie.» Jusqu’à 20 ans, le Morgien d’origine lime le bitume. Le temps passant, les routes ouvertes et leurs contraintes n’étanchent plus sa soif de vitesse. La compétition sera son salut.

Du cross à la course en peloton

La route a sa préférence, mais c’est en motocross que l’apprentissage s’effectue. Budget oblige. Il fait ses classes au MCC, le club de la Chaux, à Cossonay, avant d’écumer les championnats régionaux vaudois et fribourgeois jusqu’en 2013 où l’appel de la route retentit à nouveau. Le premier contact avec la course de côte a lieu à Châtel-Saint-Denis (FR). «Tous les pilotes chevronnés étaient là. Il pleuvait des trombes. Ils avaient des pneus pluie, je n’en avais pas. Je suis arrivé en haut avec 19’’ de retard... Le «problème», c’est que ça m’a plu! Pourtant, ma moto a bougé comme jamais et j’ai failli sortir vingt fois. Les pires conditions possibles.»

Au prix d’un travail acharné, les échelons sont gravis rapidement, jusqu’au titre suprême. Une performance qu’Alex souhaiterait rééditer à l’issue d’une saison 2017 qui s’annonce pour le moins chargée. Car outre les courses de côte, le coureur lémanique a décidé de consacrer une bonne partie de son temps au championnat international IRRC – où les courses se déroulent en peloton – avec pour objectif de faire le calendrier complet et de marquer des points. Au programme de chaque épreuve: 50 km et 40 pilotes qui en décousent en ville, forêt et dans la campagne. Le tout à 200 km/h de moyenne!

Des larmes dans le casque

«Ça dépasse l’entendement. Ma première expérience, en 2015 à Horice (ndlr: en République tchèque) est un souvenir exceptionnel. Il y avait les meilleurs pilotes dont ceux qui font le Tourist Trophy. C’était la première fois que je roulais avec eux, et dans chaque bout droit je pleurais dans le casque à 260km/h. Je me disais «T’y es, nom de Dieu!»

Lorsqu’il évoque le légendaire Tourist Trophy, le pilote de Saint-Prex a les yeux qui s’illuminent. «Tous les motards en rêvent. Mais pour y participer, il faut avoir un certain palmarès. Peu ont la chance d’y aller. L’année prochaine, en théorie, si j’accomplis mon championnat en IRRC, je devrais avoir le palmarès pour faire le Manx GP en 2018 ou 2019. Et une fois fait, peut-être le «TT»... Mais c’est beaucoup de travail.»

Sacrifiant tout à son amour de la moto, ce décorateur métallique de profession peut compter sur la compréhension de Benjamin Karlen, son patron, sur l’aide de quelques sponsors et surtout sur le soutien indéfectible de Noémie, sa compagne. Chauffeur, assistante, l’aide apportée par cette dernière est essentielle. «On forme un vrai team. Entre les compétitions nationales et internationales, on fait facile 30 000 km par année. Sans elle, ce serait vraiment dur.»

Ce soutien, Noémie l’apporte également durant les courses. Des instants pas évidents à gérer pour la jeune femme, compte tenu du danger inhérent à ce genre de compétition. «Sur les premières courses, la «pompe» allait à plus de 200!, confie-t-elle. Maintenant ça va mieux, même si à chaque départ y a un pincement. Mais on en a déjà parlé tous les deux. Je suis consciente des risques. Et puis avec les copines des autres pilotes, on se soutient. C’est vraiment une famille.»

«Le danger, on y pense tous les jours, précise Alex. Il faut vivre avec. Un pilote qui n’y pense pas n’est pas un bon pilote. Il faut en tenir compte pour travailler et avoir confiance en soi, en sa machine. Quand on l’a, si on roule avec la tête, on met toutes les chances de son côté, même si l’accident peut toujours arriver. Ça fait partie du jeu. La moto m’a tout apporté. Elle me permet de vivre ma vie à fond. Et si la vie ne le permet plus, on s’arrêtera là. Mais tant qu’on peut se relever et qu’il y a la passion, on continue.»

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