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"The Boat Race", un mythe vieux de 183 ans

La traditionnelle épreuve qui met aux prises les bateaux des universités d'Oxford et de Cambridge est l'une des plus vieilles compétitions sportives au monde. Des rameurs de la région l'ont vécue de près. Décryptage.

28 mars 2012, 00:01
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sports@lacote.ch

Outre-manche, l'importance des traditions n'est plus à démontrer. D'autant plus, lorsqu'on parle de sport. Sur une île où le football, le rugby ou même le cricket sont rois, "The Boat Race" s'est fait une place au soleil depuis bien longtemps. En effet, la traditionnelle épreuve d'aviron qui oppose un huit barré - soit une embarcation de huit rameurs et d'un barreur - de l'université d'Oxford à celle de Cambridge va se dérouler pour la 158 e fois samedi 7 avril, sur un bras de la Tamise, au coeur de Londres.

Depuis plusieurs décennies, la popularité de l'épreuve a largement dépassé les frontières britanniques. Aujourd'hui, les 6,779 kilomètres entre Putney et Mortlake représentent un rêve pour tous les passionnés d'aviron. "C'est la référence pour tout rameur, comme le Lauberhorn pour un skieur, confirme Neville Tanzer, président du Forward Rowing Club de Morges. En plus la course se déroule en "huit", les bateaux amiraux. Mais ça n'est pas un rêve accessible pour tous car la course est réservée aux étudiants des universités en question."

 

Un entraînement hors norme

 

Habitant de Crans, Conan de Wilde (31 ans) s'est entraîné avec l'équipe d'Oxford en 2001. "J'étais revenu à l'université six ou huit semaines avant le début des cours pour m'entraîner, raconte le professeur à l'école internationale de Genève. Mais les autres étaient tellement forts, ils ont tous ensuite été sélectionnés pour les Jeux olympiques ou les Mondiaux. Je faisais partie du troisième "huit", j'étais remplaçant. Mais je m'entraînais six heures par jour, plus le coaching individuel. Je regrette quelque peu de ne pas avoir pu participer à la fameuse course, mais techniquement, je n'étais pas assez bon. Il faut un don, physique, mais surtout technique. On disait d'ailleurs que les ingénieurs et les mathématiciens étaient les mieux placés pour prétendre à une place."

Le Corbeau, ancien rameur du club de l'aviron de Nyon et Américain d'origine, signale également qu'il faut une hygiène de vie hors du commun pour prétendre faire partie des meilleurs: "C'est très professionnel. On a des prises de sang régulières pour connaître notre taux d'acide lactique. On mange cinq fois par jour, les statistiques caloriques sont incroyables! Par ailleurs, les outils de mesure et les technologies sont très perfectionnés. Physiquement, mais aussi mentalement, c'est très dur. Certains s'entraînent des années juste pour ça et ne sont finalement pas choisis. Avant la compétition, on effectue beaucoup de courses de 1 à 2 kilomètres, mais la particularité de "The Boat Race", c'est sa longueur. Et le rythme reste autant soutenu que pour les autres courses!"

 

La pression, quasiment insurmontable

 

Originaire de Saint-Sulpice, Edouard Blanc était entraîneur assistant de l'équipe gagnante de Cambridge en 2010. "Après plus de six mois vraiment intenses, j'ai décidé de partir car la pression était trop forte, révèle-t-il. On vit aviron 24 heures sur 24, avec la pression des médias, de la publicité, des oeuvres de charité. J'ai perdu jusqu'à 7 kilos. La rivalité est incroyable. On pouvait parfois sentir la foudre dans les regards des adversaires. Alors que les deux équipes fournissent les mêmes efforts, les gagnants sont élevés au rang de superhéros et les perdants sont mal accueillis. Dans le monde anglo-saxon, le culte du vainqueur est impressionnant."

Quant aux capacités académiques des rameurs, Conan de Wilde, qui a étudié durant quatre ans l'anglais et l'histoire à Cambridge veut les croire suffisantes: "Il y a eu des critiques, mais tous les gens que j'ai connus avaient aussi le mérite académique. Ils se focalisent sur deux choses: ramer et étudier. Certains ont peut-être été pris à l'université plus facilement, mais cela reste correct."

 

Plusieurs centaines de milliers de spectateurs

 

Et même si les Jeux olympiques se dérouleront dans la cité du Big Ben cet été, la ferveur qui existe autour de l'événement reste sans pareille. Plusieurs centaines de milliers de spectateurs, venus des universités mais aussi de Londres et des alentours s'amassent sur les rives de la Tamise et dans les pubs alentour. "L'ambiance est juste phénoménale, s'exclame Neville Tanzer, qui a assisté à la course en tant qu'étudiant londonien. C'est rempli de monde partout, et notamment sur les ponts qui jalonnent le parcours." Bières, Pimm's sandwiches et thermos de thés tiennent la vedette.

"Cette grande tradition anglaise est surtout un lieu de rencontre, explique Conan de Wilde. A l'époque, les Anglais en profitaient pour boire des Guinness et fumer des cigares. Il y a toujours des fêtes dans les quartiers chics. C'est aussi l'occasion de montrer l'Angleterre au monde entier." Edouard Blanc, qui a pu suivre la course de l'intérieur dans un traditionnel long canot à moteur, se souvient: "C'était monstrueux, les parcs étaient complètement pleins! C'est réellement un événement social. Sur l'eau, on ne peut plus rien influencer, mais on tremble."

Selon les estimations, plus de 100 millions de téléspectateurs assistent chaque année à la course dans le monde. La BBC attire près de 10 millions de personnes. En France, Eurosport retransmet l'événement.

 

Des Morgiens sur le même parcours

 

En Suisse, la course est évidemment suivie par les athlètes qui pratiquent l'aviron. "Connaître cette course, c'est la base pour tout jeune rameur" , avertit Neville Tanzer. "Bien sûr qu'on en parle entre nous, poursuit Steve Paquier, qui rame pour Morges. C'est un mythe. D'ailleurs, nous avons eu la chance de participer à une course sur le même parcours, en sens inverse. Nous étions très impressionnés par le monde au bord du parcours." Morges s'est rendu à plusieurs reprises à Londres pour disputer "The Head of the River Race". Il s'agit d'une course contre-la-montre à laquelle prennent part pas moins de 400 bateaux.

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