Le Tour est donc totalement relancé au terme d'une étape de plat qui, sur le papier, n'aurait rien dû changer. Mais le vent en a décidé autrement. Et les circonstances de course, également. D'abord, c'est le travail des Omega qui a mis le feu au peloton à 110 km de l'arrivée. Celui-ci s'est scindé en deux. Marcel Kittel, triple vainqueur, a été le premier piégé. Puis Alejandro Valverde, qui était tranquillement dans le peloton de tête, a crevé. Attendu par quatre coéquipiers, il n'est pas parvenu à rentrer sur le groupe de tête. La faute à l'équipe Belkin de Mollema et de Ten Dam qui, en dépit de toutes les règles tacites du cyclisme - on n'attaque pas les coureurs après un incident de course -, se sont mis à rouler pour éliminer un adversaire direct.
Dans un premier temps, Valverde est revenu à moins d'une minute des leaders avant de craquer complètement, ses équipiers n'étant plus capables de mener la chasse. Au final, Valverde et Rui Costa lâchent de très grosses minutes aux favoris. L'Espagnol se retrouve éjecté de la lutte pour le podium alors même qu'il occupait le deuxième rang au départ de cette étape un peu folle.
Les Saxo provoquent une bordure
A 31 km de l'arrivée, ce sont les Saxo, très discrets jusque-là, qui se sont mis à accélérer subitement afin de créer une bordure. Bien vu puisque plusieurs favoris, à l'instar de... Froome, Evans, Rodriguez et Quintana, ont cédé rapidement. Alberto Contador était alors accompagné par quatre coéquipiers. Il emmenait avec lui les deux Hollandais, Mollema et Ten Dam. "C'est la preuve qu'il peut tous les jours se passer quelque chose sur le Tour de France", rappelle l'Espagnol. "C'est le message que nous transmettons à nos adversaires. Je me rapproche de Froome mais ce n'est qu'une minute de repris." De son côté, Laurens Ten Dam explique que son équipe avait bien préparé cette étape. "Aux Pays-Bas, nous avons l'habitude de courir avec le vent. Nous avons essayé quelque chose sur le plat. Chris Froome est tellement fort en montagne..."
Sur la ligne, la note est lourde pour Froome et les autres: 1'08. "Je fais partie de ceux qui ont perdu du temps mais je peux quand même être satisfait de posséder toujours deux minutes et plus d'avance sur mes poursuivants", témoigne le leader. "Aujourd'hui, Kiryienka et Boasson-Hagen, mes deux équipiers qui ont quitté le Tour, ont beaucoup manqué. Ils m'auraient peut-être permis d'éviter de me faire piéger. Mais les Saxo ont bien manoeuvré. Ils ont été justement récompensés. Maintenant, j'attends avec impatience le retour dans la montagne."
Alejandro Valverde a perdu le Tour
Alejandro Valverde a terminé à près de dix minutes. "J'étais attentif, à l'avant du peloton quand j'ai crevé. C'est la poisse. Mes équipiers m'ont aidé à revenir mais les Belkin roulaient trop fort à l'avant. Je ne leur en veux pas, c'est la course. Par contre, je ne comprends pas le comportement des Europcar qui n'avaient personne au général. Maintenant, il nous reste Nairo Quintana pour le général. La dernière semaine dans les Alpes promet beaucoup."
Sur la ligne, c'est Mark Cavendish qui a remporté le petit sprint devant Peter Sagan. Les deux sprinters ont été les seuls à ne s'être pas fait piéger durant toute la journée. "J'ai été le dernier à prendre le train de la Saxo quand le groupe de tête s'est scindé", précise le Britannique. "Les circonstances ont fait qu'aujourd'hui, ce n'était pas un sprint massif comme prévu mais un final à deux, quasiment."
La 25e victoire de Cavendish
Mark Cavendish signe sa deuxième victoire sur ce Tour, la 25e depuis le début de sa carrière sur les routes du Tour de France. Il rejoint André Leducq à la troisième place des coureurs les plus souvent victorieux. Eddy Merckx mène toujours le palmarès avec 34 succès.