Le Tour est-il déjà joué? La question paraît légitime après la démonstration de Christopher Froome à Ax 3 Domaines. Plus que les écarts - 51'' sur Riche Porte, son coéquipier... -, c'est l'impression de force dont il a fait preuve dans l'ascension finale qui impressionne. En l'espace de cinq kilomètres, seulement, le Britannique a assommé tous ses adversaires. Dès le moment où il a constaté qu'Alberto Contador n'était pas au mieux, dans cette dernière montée, il a simplement accéléré pour distancer, très vite, tous ceux qui pouvaient prétendre au maillot jaune sur ce Tour. "Quand Quintana a attaqué, c'était difficile pour nous de répondre à son offensive. Mais mes équipiers ont fait un gros boulot pour revenir sur lui. Grâce à eux, j'ai pu aborder la dernière montée dans une très bonne position. Maintenant, je suis fatigué, c'est sûr. Aujourd'hui, c'était la première occasion de faire des écarts au général. C'était une arrivée optimale pour moi."
Christopher Froome s'installe déjà en tête du classement général. Il risque bien de ne plus lâcher le maillot jaune. "Je sais que Paris est encore loin. Mais l'objectif, c'est bien de conserver ce maillot jusqu'à Paris."
Richie Porte, le seul à limiter les dégâts
Seul son coéquipier Richie Porte, qui avait pourtant énormément travaillé jusque-là, est parvenu à limiter les dégâts. "L'attaque de Quintana servi nos intérêts", estime l'Australien. "Ensuite, on a vu que Contador n'était pas bien. La faute à la chaleur, probablement. Quand j'ai constaté qu'il ne pouvait pas suivre, j'ai compris que le couperet était tombé pour lui."
Les autres, à commencer par Valverde, Mollem, Ten Dam, Kreuziger et Contador ont concédé plus d'une minute, le tout en l'espace de cinq kilomètres seulement. C'est énorme. Quant à Quinta, le jeune Colombien, il a fait illusion durant l'ascension du Col de Pailhères en attaquant et en passant avec près d'une minute d'avance sur le peloton. Mais le coureur de la Movistar a calé dans la descente avant d'être débordé dans l'ascension sur Ax 3 Domaines. Il est passé sur la ligne plus de deux minutes après Chris Froome.
Parmi les grands battus, signalons la défaillance de Cadel Evans, lâché à 6,8 km de l'arrivée seulement mais qui concède finalement 4.36 au sommet. Quant à Tejay Van Garderen, l'autre atout de la BMC, il a craqué plus vite encore. Il a été attendu par Steve Morabito. Le Valaisan a terminé 55e à 12'12, juste devant son leader américain.
Les Français battus
Les Français ont aussi connu une journée difficile. Pierre Rolland, parti en contre derrière Quintana dans le Col de Pailhères avant de le rejoindre au pied de la dernière difficulté, il a cédé près de quatre minutes. Thibaut Pinot, en difficulté dans la descente, a lâché plus de temps encore. Quant à Thomas Voeckler, à l'attaque dans le Col de Pailhères, il a fini par sombrer. "On savait que Froome était très fort depuis le début de la saison", témoigne Pierre Rolland. "J'ai donc attaqué parce que je préfère perdre en ayant essayer quelque chose. C'était un peu quitte ou double. Voilà, quatre minutes de perdues aujourd'hui, une lors du contre-la-montre par équipes. Le général, pour moi, c'est terminé. Les écarts? C'est la chaleur qui explique cette situation. Il n'a pas fait beau en début de saison. Du coup, les organismes ont souffert."
Plus tôt dans la journée, quatre coureurs, partis très tôt, ont longtemps fait la course en tête: Christophe Riblon, Rudy Molard, Jean-Marc Marino, trois Français et le Hollandais Johnny Hoogerland. Ils ont compté jusqu’à 9’50 d’avance avant d’être repris sous l’impulsion des équipes Orica et Sky dans un premier temps, des Belkin, Movistar et Saxo ensuite.