Dans son regard vide, une détresse infinie. Marvin Owens reste prostré sur le banc, pendant que la soigneuse strappe son pied. A deux mètres, Meyrin célèbre sa victoire. Cedric Bonga, meneur au grand cœur, vient s’asseoir à côté de l’Américain du BBC Nyon; lui glisse un petit mot sympa. Cela n’atténue pas son désarroi.
Marvin Owens, MVP du championnat, a quitté le linoléum de Champs-Fréchets en pleurs, porté par Gino Lanisse. Il restait 4’50 à la pendule, et le club du Rocher s’époumonait à revenir dans la partie (64-60). Il ne s’est fallu d’un rien, d’un appui qui lâche sur un rebond, au moment de repartir en contre-attaque. Peu de doute sur le diagnostic. «A mon avis, c’est pareil que moi... On a vraiment la poisse cette année», glisse Xavier Paredes, les yeux humides, à la fin du match.
Confirmation en fin de soirée, après un détour en urgence à l’hôpital: rupture du tendon d’Achille, opération, fin de saison. «Je suis un peu down, partage alors Marvin Owens. Mais le plus important, c’est qu’on joue mercredi pour aller en finale. J’ai toute confiance en l’équipe pour décrocher cette victoire!»
A y repenser, le BBC Nyon n’a pas été épargné par les blessures cette saison: William Van Rooij, Xavier Paredes, Mitar Trivunovic, Jules Stalder et désormais Marvin «MVP» Owens. «Cela fait partie du quotidien de toutes les équipes, souffle le coach Fabrice Rey. On a su se relever à chaque fois.»
Le quart d’erreurs vaudois
Le coup est, pourtant, infiniment rude. Samedi soir dans une salle chauffée comme un sauna - Meyrin venait de s’imposer en demi-finale du Final Four féminin -, le BBC Nyon a transpiré comme jamais. Le leader de la saison régulière a joué à l’envers. Que dire de ce quart d’erreurs vaudois? Dix premières minutes au cours desquelles les protégés de Fabrice Rey ont accusé 20 points de retard... Puis il a fallu réagir, grignoter unité par unité, revenir (53-53 après 27’) pour... ne jamais passer devant! «Il nous a manqué la tête, on était hors consignes, on se fait punir, j’espère que cela nous serve de leçon et que l’on imposera notre jeu mercredi», commente un Fabrice Rey, autant remonté que sonné par ce scénario cauchemardesque.