Quand elles ont reçu la lettre de Swiss Basketball, les Suissesses sont tombées des nues. " Cette décision est totalement inattendue, c'est une grosse surprise, une grosse déception aussi ", se révolte Caroline Turin, à la suite de la décision de la fédération de ne pas inscrire l'équipe féminine au tour de qualification pour l'EuroBasket 2015 l'an prochain. Le coup porté par l'organe faîtier du basket helvétique fait mal à la sélection féminine. " On se sent abandonnées par la fédération, c'est un coup bas , ajoute Jalinka Michaux, autre joueuse cadre. On a le sentiment qu'il n'y avait aucune envie de trouver une solution... "
L'incompréhension se mêle à l'indignation. Les arguments présentés par Swiss Basketball dans le courrier adressé jeudi aux joueuses et au staff ne convainquent pas. La raison de la non-inscription de la sélection nationale féminine est motivée par des motifs financiers, engendrés par une période de compétition plus longue. Swiss Basketball écrit avoir évalué plusieurs scénarios. " Quels étaient ces autres scénarios , s'interroge Jalinka Michaux. On se trouve devant le fait accompli, c'est un signe de non-respect ."
Deux pas en avant, six en arrière
Dans son courrier daté du 28 novembre, la fédération helvétique avance les raisons suivantes pour expliquer pourquoi l'équipe féminine trinque: " Malgré votre forte progression ces dernières années ainsi que vos résultats plus que réjouissants, nous avons axé notre décision sur des facteurs pragmatiques qui ne jouent pas en faveur du basket féminin. Il s'agit avant tout de facteurs financiers: affluence aux matches, visibilité dans les médias et possibilités de sponsoring ."
Du côté des principales intéressées, la pilule n'est pas facile à avaler. " Les éléments mis en avant ne sont pas indépendants de Swiss Basketball; ces points-là sont de la responsabilité de la fédération, c'est elle qui doit les prendre en main , rétorque Jalinka Michaux. Nous, nous amenons les résultats sportifs et nous avons fait des pas de géants ces dernières années. Là on recule! " Caroline Turin image: " Dès qu'on réalise deux pas en avant, on en fait six en arrière... "
Pas une première
L'équipe féminine qui en prend pour son grade, ce n'est pas une première. " L'histoire se répète et on a l'impression que la fédération n'apprend rien ", regrette Caroline Turin. La Nyonnaise détaille: " Il y a six ans, on a galéré pour reconstruire l'équipe. Les premiers étés étaient difficiles, on s'est battues pour de la reconnaissance. Depuis, on a prouvé qu'on avait le niveau ."
L'ex-joueuse de Nyon, Neuchâtel et Hélios glisse une anecdote: " Au départ, on payait nos déplacements. Puis, depuis trois ans, on touche 50 francs par jour en sélection. Certes, ça fait une jolie somme. Mais on était prêtes à y renoncer s'il le fallait. Il ne s'agit pas de gagner de l'argent avec l'équipe nationale. Ça va bien au-delà de ça; il y a l'amour du maillot. "
Noyau soudé, l'équipe nationale féminine regrette amèrement le manque de tact de la fédération. " En termes de communication, cette affaire est mal gérée , estime Jalinka Michaux. On reçoit un mail jeudi, alors que le tirage au sort a lieu en fin de semaine. On n'a même pas eu le droit à un coup de fil ." Caroline Turin rajoute: " En avril, lors de l'assemblée générale de la fédération, on louait notre travail et notre état d'esprit. " Reste donc la question du message. Les filles demeurent dans l'expectative: " Quel est le rôle d'une fédération? Sans élite, il n'y a pas de sport de masse. Les équipes nationales masculines ou féminines ne devraient jamais être mises en péril. " Caroline Turin, remontée, va même plus loin: " La fédération se tire une balle dans le pied. C'est une petite mort pour le basket suisse. "