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Football: la FIFA a une lecture du rapport Garcia qui ne plaît pas du tout à son auteur

La FIFA a mandaté Michael Garcia, ancien procureur de New-York, pour enquêter sur la corruption en son sein. Elle a rendu aujourd'hui son interprétation du rapport. Trois heures plus tard, l'auteur crie au scandale, dénonçant une lecture "erronée"!

13 nov. 2014, 19:51
L'un a écrit le rapport, Michael Garcia, l'autre en a présenté sa lecture, Hans-Joachim Eckert. Apparemment, ils n'ont pas lu le même document!

L'attribution des Coupes du monde 2018 et 2022 à la Russie et au Qatar vire à la guerre ouverte à la FIFA. Trois heures à peine après l'exposition par l'instance faîtière de ses conclusions sur l'attribution des tournois - pas de preuve de corruption - découlant du rapport Garcia, l'auteur du rapport lui-même a dénoncé une lecture "erronée" de son enquête.

Des "comportements douteux" certes, mais pas de corruption: selon Hans-Joachim Eckert, président de la chambre de jugement du comité d'éthique de la FIFA, le rapport Garcia n'a pas prouvé d'irrégularités majeures dans l'attribution des Coupes du monde 2018 et 2022. Et particulièrement celle de 2022, concédée à l'émirat gazier à l'issue d'un vote très controversé.

"L'évaluation du processus d'attribution des Mondiaux 2018 et 2022 est donc terminée", affirme M. Eckert, accordant au passage un franc satisfecit à son propre patron, Joseph Blatter, le président de la FIFA: "Il faut dire clairement que le président Blatter n'a pas violé le code d'éthique". Ces conclusions sont rapidement saluées par le Qatar, la Russie et la FIFA. Mais ce bel unanimisme est rompu en début d'après-midi par le communiqué cinglant de Michael Garcia, lui-même président de la chambre d'investigation du même comité d'éthique...

Selon lui, l'interprétation de M. Eckert "contient plusieurs présentations incomplètes et erronées des faits et conclusions détaillés dans (son) rapport". Et l'avocat et ancien procureur fédéral américain d'annoncer son intention de saisir le comité d'appel de la FIFA. Fin septembre, l'enquêteur américain avait d'ailleurs demandé la publication de l'intégralité de son rapport. Mais la FIFA, Blatter et Eckert en tête, s'y étaient opposés, avançant une nécessaire confidentialité des témoignages.

MM. Eckert et Garcia s'entendent cependant au moins sur un point: l'ouverture prochaine "de procédures d'enquête contre certaines personnes" par la Chambre d'enquête du comité d'éthique. Pour le reste, le document rédigé par M. Eckert donne sa lecture des différents écarts de conduite relevés dans le rapport Garcia.

Dans le cas du Qatar, les enquêteurs ont par exemple relevé la "conduite douteuse de deux personnes" dans l'entourage de la candidature de l'émirat. Les enquêteurs ont rappelé également que le Qatar a sponsorisé le congrès de la Confédération africaine de football (CAF) en Angola en janvier 2010, pour environ 1,8 million de dollars. Mais, selon eux, aucun règlement n'interdisait ce genre d'accord.

Ces ordinateurs en location...

L'enquête de Michael Garcia est également revenue sur le cas du Qatariote Mohammed Bin Hammam, ancien membre du Comité exécutif de la FIFA, suspendu à vie en 2012. Mais ses versements d'argent à des hauts responsables de la CAF ne seraient pas liés à la course au Mondial, et seulement à sa candidature au poste de président de la FIFA en juin 2011.

Le rapport mentionne également ses paiements à Reynald Temarii, représentant de la Confédération océanienne au Comité exécutif. Mais les enquêteurs estiment, là encore, qu'ils n'ont pas de lien avec le comité de candidature de Qatar 2022, et selon Eckert, ils "n'ont pas affecté les résultats" au vu des écarts lors du vote.

De même, "aucune irrégularité majeure" ne peut être reprochée à la Russie, l'enquête sur ce point ayant cependant souffert du manque de matériel à analyser. "Le comité (de candidature russe) n'a soumis qu'une quantité limitée de documents et l'a expliqué par le fait que les ordinateurs utilisés à l'époque étaient en location et rendus depuis à leur propriétaire", qui les a "détruits."

Les Anglais visés

De façon paradoxale, la candidature la plus critiquée est celle déposée par Londres pour le Mondial 2018, alors que l'Angleterre a été sans doute le pays le plus virulent contre le Qatar. Le rapport d'enquête pointe ainsi les liens entre le comité de candidature anglais et Jack Warner, ancien vice-président démissionnaire de la FIFA. Il évoque entre autres un emploi trouvé au Royaume-Uni pour un de ses proches et des aides pour son club à Trinité-et-Tobago.

"Les demandes de M. Warner et les réponses d'Angleterre 2018 ont altéré l'intégrité du processus d'attribution, mais seulement de façon limitée", estime M. Eckert. "Nous n'acceptons aucune critique sur l'intégrité de la candidature anglaise", s'est en réponse étranglée la Fédération anglaise dans un communiqué.

Tous les autres dossiers de candidature pour les Mondiaux 2018 et 2022 ont également été passés au crible, à la notable exception de celle, conjointe, de l'Espagne et du Portugal, étrangement absente du document Eckert. Tous auraient quelque chose à se reprocher, de l'Australie aux Etats-Unis en passant par le Japon et la Corée, et seul le dossier belgo-néerlandais s'en tire sans le moindre commentaire négatif.

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